Bureaux de vote : le défi des maires pour recruter des assesseurs

Publié le 4 mai 2017 à 15h01 - par

Le duel inédit entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron pour le second tour de l’élection présidentielle n’est pas sans causer quelques soucis pour les mairies qui craignent une pénurie d’assesseurs dans les bureaux de vote et s’organisent en conséquence.

Bureaux de vote : le défi des maires pour recruter des assesseurs

En raison de l’absence des candidats du Parti Socialiste et des Républicains, deux partis qui ont fourni un nombre important d’assesseurs au 1er tour, les présidents des bureaux de vote pourraient avoir des difficultés à en recruter en nombre suffisant pour le second tour. Des maires seraient même contraints de mobiliser des agents municipaux rémunérés.

Selon André Laignel, vice-président PS de l’Association des Maires de France, les deux formations finalistes (En Marche ! et FN) sont « incapables de fournir le nombre d’assesseurs nécessaires », alors que le Code électoral exige que les bureaux de vote soient constitués, « au minimum, d’un président, d’un secrétaire et de deux assesseurs ».

Si leur nombre est inférieur à deux, les assesseurs manquants sont mobilisés parmi les conseillers municipaux ou parmi les électeurs présents à l’ouverture des bureaux de vote à 8h00.

« Les militants FN avancent masqués et sont peu mobilisés tandis que ceux d’En Marche !, ils n’existent pas sur le terrain », relève M. Laignel.

Des agents indemnisés

Pour y remédier, plusieurs villes de France ont lancé des appels à candidature ces derniers jours.

À Lille, « peu de partis s’étaient mobilisés au premier tour, et c’est encore plus difficile pour le second tour », confie Marie-Christine Staniec-Wavrant, adjointe à la maire de Lille. L’élue confirme devoir mobiliser « 300 agents municipaux pour compléter le nombre d’assesseurs dans les 96 bureaux » de la ville.

À Marseille, la mairie a lancé un appel à désignation de « 100 présidents et 300 assesseurs pour les 480 bureaux de vote marseillais », a indiqué l’attachée de presse de la municipalité, Aurore Vincent. Une formation des présidents des bureaux de vote a été organisée cette semaine.

La ville a par ailleurs mis en place le versement d’une indemnité pour les agents municipaux mobilisés, de 200 euros pour les présidents et de 160 euros pour les assesseurs.

Au prix d’une interprétation souple de la règle rappelée par le ministère de l’Intérieur : « Ceux qui participent à l’organisation du scrutin le font bénévolement ».

À Auxerre, la ville a « l’ensemble des postes d’assesseurs pourvus pour le second tour », selon un responsable de la communication de la mairie. « On s’y est pris très en amont car on a vu arriver le problème ». La ville a notamment « envoyé un courrier à tous les nouveaux inscrits » pour leur proposer d’être assesseur.

Pas de problème non plus à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), où les assesseurs « se sont engagés pour les deux tours », selon une porte-parole de la mairie, ni à Grenoble, qui a sollicité ses résidents inscrits sur les listes électorales.

À Paris, « il n’y aura aucun problème », assure Bruno Julliard, premier adjoint au maire : « Nous avons déjà 1 725 noms » sur les 1 792 nécessaires, le restant sera trouvé chez les candidats, parmi les électeurs ou les personnels de la ville.

Les partis se mobilisent également

Envois de mails, appels téléphoniques, le PS des Bouches-du-Rhône « participe, et pas à la légère » à la recherche d’assesseurs et de présidents de bureaux de vote pour le second tour, rapporte l’un de ses responsables, Michaël Bruel.

M. Bruel estime que le PS bouchera les trous dans environ un quart des bureaux de vote du département. « On est encore en train de travailler et il y a des communes entières » où le Parti Socialiste fournit les assesseurs, ajoute-t-il, notamment dans de petites communes rurales.

Selon le porte-parole du FN en région PACA, Franck Allisio, le Front National compte envoyer des assesseurs dans « environ 90 % des bureaux de vote, comme au premier tour ». « Ce sont nos adhérents, nos militants », et « nous avons également reçu des appels » de sympathisants de Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, explique-t-il.

Côté En Marche !, la référente départementale du mouvement, Corinne Versini tente « de mettre deux adhérents partout » mais doit composer avec des troupes parfois « jeunes et inexpérimentées ».

Selon Mme Versini, parmi les responsables politiques locaux, « tout le monde ne joue pas le jeu » dans les Bouches-du-Rhône. « Certains disent soutenir Emmanuel Macron mais n’envoient pas d’assesseurs… Mais ça nous permet de faire le tri entre ceux qui apportent un vrai soutien, qui sont motivés, et ceux chez qui ce n’est que de la poudre aux yeux. »

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