Covid-19 et élections régionales et départementales: les élus mettent le Conseil scientifique sous pression

Publié le 22 mars 2021 à 16h33 - par

Les associations d’élus ont mis la pression lundi 22 mars 2021 sur le Conseil scientifique en contestant sa légitimité de remettre en cause la tenue des élections régionales et départementales en juin, dix jours avant qu’il ne remette son avis sur le déroulement des scrutins.

Covid/régionales : les élus mettent le Conseil scientifique sous pression

Le débat sur un nouveau report des élections, relancé après les restrictions annoncées jeudi 18 mars par le Premier ministre Jean Castex dans 16 départements face à l’épidémie du Covid-19, ont provoqué une véritable levée de boucliers de la part des élus qui ont multiplié depuis communiqués et déclarations.

La cible de leurs attaques : le Conseil scientifique qui doit rendre un avis d’ici le 1er avril sur le déroulement de ces élections les 13 et 20 juin, dans le cadre d’une « clause de revoyure » prévue dans la loi qui a entériné en février le report de trois mois des élections initialement prévues en mars.

« Si le Conseil scientifique dicte le calendrier des élections, alors nous avons changé de régime politique sans l’avouer », s’insurgent François Baroin, président de l’Association des Maires de France (AMF), Dominique Bussereau, de l’Assemblée des départements de France (AdF), et Renaud Muselier, de Régions de France, dans un communiqué commun diffusé lundi sous l’étiquette « Territoires unis ».

« Toutes les élections sont essentielles. Ce n’est pas au Conseil scientifique de confiner la démocratie ! », renchérissent dix présidents de région de droite comme de gauche dans une tribune conjointe dimanche au Figaro.

Pour Territoires unis, les échéances électorales doivent donc « être respectées pour que les Françaises et les Français choisissent leurs élus locaux, et expriment ainsi leurs aspirations à plus d’écoute et de proximité. C’est une évidence démocratique qui doit faire consensus », ajoutent-ils.

Rappelant que Néerlandais, Américains et Portugais se sont rendus aux urnes au cours des derniers mois malgré l’épidémie, les associations d’élus nient à cet organisme la capacité de remettre en cause le déroulement des élections. L’avis du Conseil scientifique a été présenté comme une « boussole » mercredi dernier par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, n’écartant pas un report ce qui nécessiterait alors une nouvelle loi.

« Notre cible n’est pas du tout le gouvernement, mais bien le Conseil scientifique », explique à l’AFP une source territoriale qui reconnaît s’attendre « à un avis négatif » compte tenu de la progression de l’épidémie.

Arrières-pensées ?

Chez LR, les incertitudes sur les élections ravivent les critiques déjà formulées à l’automne contre la majorité et Emmanuel Macron, accusés de vouloir renvoyer à plus tard des scrutins qui pourraient leur être défavorables avant la présidentielle de 2022.

« L’intérêt d’Emmanuel Macron est d’essayer d’éviter les élections territoriales, qui pourraient être une nouvelle défaite avant la présidentielle », assure dans L’Opinion le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

À droite, les régionales pourraient servir de tremplin pour lancer son candidat à l’Élysée, en départageant Xavier Bertrand (Hauts-de-France), Valérie Pécresse (Île-de-France) ou encore Laurent Wauquiez (Rhône-Alpes-Auvergne).

Du côté de la majorité, le délégué général de La République en marche Stanislas Guerini a nié tout calcul politique. « Il n’y a pas d’intention cachée, tout le monde est d’accord, ces élections doivent avoir lieu en juin », a-t-il affirmé sur FranceInfo.

« Le président n’a jamais eu peur de se confronter aux électeurs et il ne faut jamais avoir peur de la démocratie, en tout cas c’est jamais le cas du président », a-t-il ajouté.

Dans l’opposition, à l’exception de Nicolas Dupont-Aignan qui n’est pas défavorable à la tenue des scrutins en septembre, les voix s’élèvent pour s’opposer à un report, à l’image de Marine Le Pen.

« Ne pas les maintenir, cela voudrait dire les repousser à un moment où nous serons déjà dans le cadre d’une élection présidentielle, ce serait très néfaste pour notre démocratie. On ne peut pas confiner la démocratie », a fait valoir la présidente du Rassemblement national lundi 22 mars.

Du côté des Verts, l’écologiste et ex-député LREM Matthieu Orphelin, tête de liste dans la région Pays de la Loire, rejette également un report : ce « serait une grave erreur démocratique », alors qu’« il est possible d’organiser le vote dans le cadre d’un protocole sanitaire très sûr », estime-t-il.

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