Régionales : la polémique enfle autour du maintien ou pas des élections

Publié le 12 avril 2021 à 14h12 - par

« Essentielles » ou pas ? La polémique enfle après la décision de l’exécutif de consulter directement les maires sur le maintien en juin des élections régionales et départementales, l’opposition et les associations d’élus accusant la majorité de craindre « le verdict des urnes ».

Régionales : la polémique enfle autour du maintien ou pas des élections

À la veille du débat attendu mardi 13 avril 2021 à l’Assemblée nationale et mercredi au Sénat sur le maintien de ces scrutins déjà repoussés de mars à juin en raison de la crise sanitaire, le ministère de l’Intérieur recueillait lundi 12 avril les réponses à sa consultation controversée des maires menée au courant du week-end via les préfets.

Les élus avaient jusqu’à lundi midi pour simplement répondre « oui » ou « non » à la question de savoir si les conditions préconisées par le Comité scientifique leur semblaient réunies pour tenir les deux scrutins les 13 et 20 juin. Il n’y aura « pas de communication avant demain » mardi 13 avril sur les résultats de la consultation, a-t-on expliqué Place Beauvau.

Cette initiative a provoqué un véritable tollé, l’opposition et les élus accusant l’exécutif de vouloir à nouveau repousser des élections qui s’annoncent défavorables pour la majorité. Et ce même si Jean Castex avait indiqué la semaine dernière qu’il privilégiait « à ce stade » le maintien du scrutin aux dates prévues.

Dans un communiqué commun et virulent diffusé sous le nom de « Territoires unis », l’Association des Maires de France (AMF), l’Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France ont accusé le gouvernement « d’avoir peur du verdict des urnes ».

« Ce qui se joue, en réalité, sur le dos des maires et sous le prétexte de la situation sanitaire, c’est le report des élections locales après les présidentielles et législatives car elles seraient des élections non essentielles », ont déploré les trois principales associations d’élus.

À leurs yeux, l’exécutif « n’a pas confiance en la capacité du peuple à renouveler démocratiquement les assemblées des régions et des départements qui conduisent des politiques essentielles pour le quotidien et l’avenir de nos concitoyens », lançant un appel au Premier ministre Jean Castex « à ne pas fracturer encore un peu plus notre démocratie ».

Ces incertitudes découlent de la clause de revoyure prévue dans la loi approuvée cet hiver, qui devait se baser sur un avis du Conseil scientifique. Celui-ci ne s’est finalement pas prononcé sur un éventuel report, en laissant début avril la responsabilité à l’exécutif.

« Avec la consultation des maires, ils se sont tiré une balle dans le pied », affirme à l’AFP une source territoriale qui doute que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin « ait pris cette initiative sans en référer à l’Élysée ».

Des « petits calculs politiques ? »

D’autres sources considèrent comme « un aveu » la lettre adressée la semaine dernière à Jean Castex par le président (LREM) de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, dans laquelle il craignait que « l’absence d’une campagne électorale (…) accroisse encore ce qu’il est convenu d’appeler la prime au sortant ».

Du côté de l’opposition, les critiques fusent, principalement chez les Républicains qui président plusieurs régions et comptent se servir du scrutin comme tremplin pour l’Élysée.

« C’est comme si on envoyait au maire une sorte de sondage pour leur demander si les Français devaient payer leurs impôts », a ironisé l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy sur Sud Radio.

« On ne va pas nous faire la différence entre les élections essentielles et celles qui ne le sont pas », a martelé sur BFM-TV et RMC, Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, candidat pour 2022 qui a dit quitter la vie politique s’il était battu aux régionales.

« Le président de la République, c’est la clé de voûte des institutions, c’est le garant de la vie démocratique, il doit s’assurer (…) que personne ne se livre à de misérables petits calculs politiques », a-t-il prévenu.

Pour sa part, la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa, a justifié sur BFM la consultation des maires : « Écouter, c’est toujours très sain », a-t-elle assuré, tout en assurant qu’elle souhaitait « à titre personnel que les élections « puissent se maintenir au mois de juin ».

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