Numérique et participatif, Arvieu, le village qui rend le rural attractif

Publié le 24 janvier 2020 à 9h50 - par

Au cœur de l’Aveyron, la petite commune rurale d’Arvieu défie le déclin démographique avec un projet numérique et participatif innovant, en passe de devenir un modèle.

Numérique et participatif, Arvieu, le village qui rend le rural attractif
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« J’ai fait ce dont j’avais rêvé, faire venir des jeunes à la campagne », lance le maire Gilles Bounhol (LREM). Après un mandat à la tête de la commune, le sexagénaire va passer la main avec le sentiment du devoir accompli.

Lorsqu’il prend les rênes en 2014, il y avait 787 habitants, ils sont 822 aujourd’hui : une vingtaine de famille ont fait le choix de s’installer dans ce « far west » aveyronnais.

En l’espace d’une mandature, cette petite commune à 30 km de Rodez, au bout d’une route qui serpente dans les collines, s’est dotée d’une infrastructure qui détonne dans le monde rural : « Le Jardin ».

« Le Jardin » est né d’un partenariat public-privé entre l’intercommunalité et Laëtis, une coopérative qui crée des sites web, principalement pour le secteur touristique.

Le château d’Arvieu, un ancien couvent, est devenu le cœur de cette Zone d’activités numériques, doté d’un réseau à très haut débit et d’une salle de 115 places.

Locataire des lieux, Laëtis en assure la gestion, l’animation de l’espace de co-working, de la pépinière numérique et l’organisation de séminaires.

Inauguré en septembre, « Le Jardin » a déjà accueilli une quinzaine de séminaires, soit quelque 500 personnes. Il héberge une quinzaine de co-workers aux côtés des 17 coopérateurs.

Conseils villageois

Le pas de deux entre Laëtis et Arvieu remonte à 1998, quand Vincent Benoit, un des co-gérants de la coopérative, alors jeune ingénieur, décide de créer une start up à la campagne.

« On avait passé une annonce, on cherchait 40 m2 et deux ans de loyers gratis. Arvieu est la seule commune à avoir répondu », raconte ce quadra. Il rallie en 2014 la liste de M. Bounhol, au nom de la promotion de la démocratie participative.

« Lorsque je me suis présenté, après trois mandats de conseiller municipal, on s’est dit la politique municipale, on ne va pas la faire à 15 élus, on va la faire à 800 », rapporte le maire.

Les deux hommes partagent le même constat : le déclin démographique est un fléau pour les communes rurales. Une fois aux commandes, la nouvelle équipe mandate une consultante pour dresser un bilan « des atouts et faiblesses du territoire ».

« Fin 2014, à la salle des fêtes, 80 personnes étaient venues pour la restitution de l’étude », se souvient le maire. Quelques mois plus tard, ces habitants vont constituer « 10 conseils villageois » thématiques qui deviennent des forces de propositions, sur lesquelles s’appuient le conseil municipal.

« Projet de vie »

Aujourd’hui, le village s’enorgueillit d’une école de trois classes, d’une vingtaine d’associations et de commerces de proximité couvrant l’essentiel des besoins : station-service municipale, boucherie municipale louée à un artisan, boulangerie, supérette, restaurants et même une fleuriste.

Après Paris et Toulouse, Marjolaine et Vincent, qui exercent une activité de scénographe et graphiste ont voulu s’établir à la campagne avec leurs deux enfants. Ils ont installé leur entreprise, « La maison fourmille », dans l’un des espaces « du Jardin ».

« On n’a même pas encore eu le temps de faire du démarchage », confie le quadra qui croule sous les commandes. Leur structure s’engage aussi dans les activités bénévoles de la commune, ils ont créé par exemple l’affiche du festival Latino lancé en 2019 par un autre des co-worker.

Dernière recrue de Laëtis, Vincent Lefoulon, 24 ans, un développeur qui a tourné le dos à une carrière dans le trading à Londres pour son désir « de vie à la campagne » : « J’avais plus envie d’un projet de vie que d’un projet de carrière ».

Lui participe aux « locomotivés », une association qui commercialise sur internet les productions des paysans locaux.

Mais ce qui a emporté son adhésion est la suite du projet que devra porter la nouvelle équipe municipale, soit « améliorer l’offre au niveau logement ». Il compte s’investir dans un projet de création de « logements passerelles » écologiques dans un petit château.

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