JO 2024 : du télétravail au programme des salariés franciliens

Publié le 2 février 2024 à 11h30 - par

Pendant les Jeux olympiques, « l’important, c’est de télétravailler » : le slogan s’affiche depuis lundi 29 janvier 2024 dans diverses gares et stations de métro d’Île-France, une incitation de plus alors que les transports franciliens sont souvent présentés comme le talon d’Achille de l’événement sportif.

JO-2024 : du télétravail au programme des salariés franciliens
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Promouvoir le télétravail en Île-de-France pendant les JO 2024

Avec cette nouvelle campagne gouvernementale, les travailleurs franciliens sont prévenus, mais pas forcément surpris. Depuis plusieurs mois, pour éviter l’embolie des RER, bus et métro cet été, l’ex-ministre des Transports Clément Beaune et la présidente de la région Valérie Pécresse enjoignent « tous ceux qui le peuvent à télétravailler » pendant les Jeux olympiques, du 26 juillet au 11 août 2024.

Car le risque est réel : dans une lettre révélée par le Canard Enchaîné, le préfet de la région Marc Guillaume prévient que « les seuils de saturation seront régulièrement dépassés » pendant les Jeux pour 11 lignes de métro, cinq lignes de RER et cinq Transiliens.

Il y a douze ans déjà, bien avant que le monde se convertisse à marche forcée au télétravail pendant la pandémie de Covid, un tiers des travailleurs londoniens avait dû rester chez eux pour soulager les transports publics.

Pour les fonctionnaires (ils sont plus d’un million en Île-de-France), une circulaire d’Élisabeth Borne en novembre 2023 donnait déjà la couleur.

Alors que les accords dans la fonction publique prévoient au maximum trois jours télétravaillés par semaine, l’ex-Première ministre préconisait d’aller au-delà, en s’appuyant sur un article l’autorisant dans le cadre de « circonstances exceptionnelles ».

Certains syndicats s’en offusquent. « Pour nous, les circonstances exceptionnelles, ce sont les catastrophes naturelles, les épidémies, des choses imprévisibles qu’on ne contrôle pas », juge la cosecrétaire générale de la CGT des agents de l’État, Céline Verzeletti.

« Il ne faudrait pas que cela fasse jurisprudence et que ce qui était exceptionnel et dérogatoire devienne la règle. »

Outre le télétravail, les ministères pourront décider des aménagements d’horaires et imposer des congés. Les agents publics seront également autorisés à placer plus de jours de congés que d’ordinaire sur leur compte épargne temps (CET) en 2024.

Horaires décalés pendant les JO 2024

Du côté des entreprises, beaucoup de celles interrogées par l’AFP n’ont pas encore de plan arrêté. Mais toutes disent plancher sérieusement sur le sujet.

« Nous réfléchissons bien en amont car on ne veut pas que le télétravail soit subi par défaut, à l’instar de ce que l’on a vécu pendant le Covid », explique le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) parisienne, Bernard Cohen-Hadad.

Pour lui, les bonnes pratiques sont désormais bien intégrées : « Nous savons qu’il ne faut pas qu’il y ait de surtravail, qu’il faut faire en sorte de ne pas se faire isoler, que les collaborateurs ne restent pas chez eux et se revoient au bout d’un moment. »

En cas d’impossibilité de télétravail, d’autres solutions sont envisagées. « L’idée n’est pas de dire que toutes les entreprises de France vont être en télétravail, ce ne sera pas possible », juge Clotilde Yeatman, responsable développement durable et mobilité de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) Île-de-France.

Elle recommande par exemple le recours aux horaires décalés, afin de lisser les flux. Mais, prudence : « Nous avons l’habitude des heures de pointe le matin et le soir, mais avec les JO, certains réseaux seront saturés à des périodes pas forcément instinctives, comme en pleine après-midi autour du Stade de France », avertit Clotilde Yeatman.

Des inquiétudes

L’incitation au télétravail formulée par le gouvernement ne fait pas consensus, en particulier du côté des hôteliers et les restaurateurs. « Pour nous, c’est grave d’appeler au télétravail. Ce sont des clients en moins », regrette Franck Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) Paris Île-de-France.

« Nous avons vu ce que cela donnait pendant le Covid. Des restaurants, cafés et bars se sont retrouvés sans clientèle dans certains quartiers », continue-t-il.

Et il n’est pas certain que les touristes étrangers viendront combler ce manque à gagner. « On nous annonce seulement 1,1 million de touristes étrangers, or à Paris, un été normal, il y en a plus de trois millions », rappelle-t-il.

Au Royaume-Uni, le nombre de touristes étrangers a été 5 % plus faible en août 2012 qu’en 2011, lors des Jeux olympiques de Londres, selon l’Office national des statistiques (ONS) britannique.

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