Des éoliennes en Méditerranée ? Le débat public est ouvert

Publié le 5 juillet 2021 à 13h25 - par

Les Français, des régions méridionales mais pas seulement, sont invités à se prononcer sur un projet inédit qui intéresse tout le pays : l’installation d’éoliennes flottantes en Méditerranée.

Des éoliennes en Méditerranée ? Le débat public est ouvert

Consultation en ligne, réunions publiques mais aussi échanges sur les plages pour impliquer les estivants, la commission du débat public veut ouvrir au maximum la concertation prévue du 12 juillet au 31 octobre 2021 et qui porte sur l’édification de deux parcs.

Il s’agit de deux sites de 750 mégawatts (MW) chacun, soit une cinquantaine d’éoliennes par champ. De quoi alimenter annuellement près de trois millions d’habitants, selon les pouvoirs publics.

Pour lutter contre le réchauffement climatique et diversifier sa production électrique, la France vise 40 % d’énergie renouvelable en 2030 (20 % en 2019), via notamment 1 000 MW d’éolien offshore en plus par an. Les sites restent cependant à déterminer.

Discuter maintenant !

En Méditerranée française, ils ne pourront trouver leur place que dans le Golfe du Lion, entre Fos-sur-Mer et Perpignan, du fait des régimes de vents.

Au débat public de contribuer à préciser leur localisation, mais la question posée va bien au-delà : faut-il développer d’importants parcs éoliens en mer Méditerranée ?

« Ce sera LE débat d’opportunité sur le développement de l’éolien en Méditerranée », explique le président de la Commission particulière du débat (CPDP), le sociologue et urbaniste Étienne Ballan.

Car « 1,5 GW ce n’est que le début. On est à un moment de bascule : fait-on de la Méditerranée un lieu de production électrique forte ? C’est maintenant qu’il faut en discuter, après il sera trop tard. Faut-il y aller ? Si oui, où et à quelles conditions ? À-t-on d’autres moyens de produire ou de consommer ? On va sortir du dialogue micro-local », dit cet enseignant à l’École nationale supérieure de paysage, qui avait déjà présidé au débat sur les éoliennes de Dieppe.

La Manche n’est pas la Méditerranée : « la question environnementale est majeure ici, le milieu marin n’y est pas très en forme… », dit-il.

Quid aussi du partage des lieux avec la navigation commerciale, les plaisanciers, les pêcheurs (moins nombreux qu’en Atlantique) ? Quelles perspectives économiques (secteur du flottant en pointe, modernisation des ports de Fos et Port-La-Nouvelle…) ?

Le débat promet d’être nourri, a fortiori dans un contexte de regain de contestation des éoliennes, sujet récurrent de la campagne des régionales.

Inconnues

« Nous en sommes à 14 débats publics sur l’éolien en mer. Dès le premier en 2010, on avait dit qu’il en fallait un par façade. Là on y vient », se félicite Chantal Jouanno, qui préside la Commission nationale du débat public (CNDP).

C’est « assez génial », dit-elle : « le sujet est posé dans sa globalité. On va parler de l’opportunité de l’éolien en mer, de la planification, des enjeux environnementaux. Surtout en Méditerranée : c’est la mer la plus fragile. Ce débat va probablement cristalliser tous les autres ».

Depuis dix ans, les questions sont souvent les mêmes, constate-t-elle : interrogations sur le bilan carbone, impacts paysagers et environnementaux. Et les études, toujours, manquent.

« Depuis 2010 on a le problème du manque d’études. Il n’y a pas d’études versées dans les dossiers, on les demande et on n’a rien ! », déplore-t-elle, ajoutant qu’en fin de parcours aussi, le critère environnemental – et pas juste le prix – doit contribuer à différencier les constructeurs.

Pour ce débat méditerranéen, le dossier comprendra une synthèse bibliographique des connaissances, avec des cartes sur la présence du grand dauphin, les oiseaux… Mais « cela ne couvre pas tous les sujets. Comment le dauphin va-t-il réagir ? On n’a pas la réponse », relève M. Ballan.

« Il faut donner la parole aux scientifiques, » dit-il. « Il faut aussi aller au bout de la question du paysage. Nous aurons des visites de lieux, nous irons marcher à Fos. »

Enfin, « il est important que l’État nous explique sa logique : il nous dit que si l’on prend du retard, tout s’écroule. A-t-il un plan B ? Peut-on décaler, et si non, pourquoi ? ».

Autre inconnue, les impacts d’une technologie flottante récente. En Méditerranée, on attend trois parcs pilotes de trois éoliennes d’ici 2022-23, au large de Gruissan, Leucate et Fos.

Les organisateurs du débat doivent publier une synthèse pour décembre. L’État devra y répondre d’ici mars 2022 – peu avant l’élection présidentielle.

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