La santé mentale des jeunes de 3 à 17 ans en berne durant la crise sanitaire

Publié le 27 juillet 2023 à 9h00 - par

Près d’un enfant sur six a eu besoin de soins pour un motif psychologique entre mars 2020 et juillet 2021, rapporte la Drees.

Près d’un enfant sur six a eu besoin de soins pour un motif psychologique entre mars 2020 et juillet 2021, rapporte la DREES.
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« La détresse psychologique dont souffrent une minorité grandissante d’enfants et d’adolescents a été aggravée par la crise sanitaire. Ce phénomène, observé dans d’autres pays, semble concerner tout particulièrement les adolescentes et les jeunes femmes », selon une récente étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) – (Études et Résultats n° 1271, juin 2023). Certes, il apparaît difficile d’évaluer précisément la santé mentale d’un enfant à partir de ce que rapporte l’un de ses parents. Toutefois, le questionnaire utilisé dans l’enquête EpiCov permet d’estimer que 10 % des garçons et 7 % des filles âgés de 3 à 17 ans présentent des difficultés psychosociales. Celles-ci touchent différentes dimensions et montrent surtout d’importantes disparités, observées très tôt dans l’enfance, entre filles et garçons. Ces derniers ont davantage de problématiques externalisées (comportement, hyperactivité, inattention), qui tendent à décroître avec l’âge, quand les filles présentent plus de problématiques émotionnelles (anxiété, tristesse), qui, à l’inverse, ont tendance à augmenter avec l’âge.

Entre le début de l’épidémie de Covid-19, en mars 2020, et l’enquête EpiCov réalisée en juillet 2021, 12 % des 3-17 ans ont consulté un professionnel de santé pour un motif d’ordre psychologique, observe l’auteur de l’étude. Cette proportion varie selon l’âge et le sexe. Chez les 3-17 ans, le principal professionnel consulté pour cette raison est le psychologue (ou le psychothérapeute) – pour 7 % des garçons et 8 % des filles –, tandis que les adultes privilégient le médecin généraliste. De fait, seuls 3 % des 3-17 ans ont consulté un généraliste ou un pédiatre pour raisons psychologiques. Les psychiatres ou pédopsychiatres sont, quant à eux, consultés par 3 % des garçons et 2 % des filles. Enfin, 2 % des garçons et des filles font appel à un « autre professionnel de santé », sans pouvoir préciser à quel type de professionnel cela renvoie (infirmière scolaire, médecin spécialiste, professionnel de médecine alternative…). Enfin, à difficultés psychosociales égales, l’étude de la Drees note que le recours aux soins s’avère plus fréquent chez les plus aisés.

« En prenant en compte les enfants qui n’ont pas consulté, mais dont les parents estiment qu’ils avaient besoin d’être aidés pour des difficultés psychologiques et que cette aide relevait d’un professionnel de santé, ce sont 15 % des enfants qui auraient eu besoin de soins pour ces raisons, soit près d’un enfant sur six », indique l’auteur de l’étude. Selon la Drees, le principal facteur associé aux difficultés psychosociales de l’enfant est la santé mentale du parent répondant. Par ailleurs, un temps élevé d’exposition aux écrans et un temps faible consacré à la lecture et aux activités physiques constituent des éléments associés à ces difficultés.

En effet, un travail longitudinal mené à partir des données d’EpiCov montre que l’exposition prolongée à des temps d’écran élevés au cours de l’année suivant le premier confinement est associée, en juillet 2021, à des scores de difficultés relationnelles dégradés chez les 3-14 ans et des problématiques comportementales et attentionnelles chez les 11-14 ans. Cela incite l’auteur de l’étude à penser que « l’association entre temps d’écran quotidien supérieur à quatre heures et difficultés psychosociales s’explique par une causalité du temps d’écran élevé sur les difficultés psychosociales chez l’enfant. » À l’opposé, la lecture et l’activité physique apparaissent donc comme des facteurs protecteurs des difficultés psychosociales. « La causalité est vraisemblablement bidirectionnelle : les difficultés psychosociales peuvent empêcher de telles activités et, inversement, ces activités peuvent préserver de certaines difficultés », explique la Drees.

Sur ces derniers déterminants, comme sur la plupart de ceux disponibles dans l’enquête, des travaux sur les chemins de causalité et les effets de médiation entre les facteurs (par exemple, les liens entre pauvreté, santé mentale du parent et difficultés psychosociales de l’enfant) devront être conduits pour permettre d’identifier les actions de prévention les plus pertinentes, estime la Drees. Mais, d’ores et déjà, d’importantes inégalités sociales ont été observées. Celles-ci concernent autant les difficultés psychosociales, en la défaveur des niveaux de vie les plus bas, que le recours aux soins, plus fréquent parmi les niveaux d’études les plus élevés.


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