Le Secours Catholique dénonce les difficultés de mobilité des plus précaires en zones rurales

Publié le 17 mai 2024 à 10h00 - par

Le Secours Catholique veut faire de la mobilité inclusive et durable une réalité dans les territoires ruraux.

Le Secours Catholique dénonce les difficultés de mobilité des plus précaires en zones rurales
© Par Jovo - stock.adobe.com

« Si personne ne vient me chercher en voiture, je ne peux rien faire », résume Christine, habitante d’un village rural et habituée du Secours Catholique. Ce témoignage est extrait du rapport sur la mobilité en milieu rural publié mi-avril 2024 par le Secours Catholique-Caritas France. L’association y dresse ses constats en partant du vécu des personnes accompagnées et des actions menées à leurs côtés. Ce rapport est également le fruit d’un groupe de travail réuni par le Secours Catholique, avec huit associations partenaires.

Ce front commun associatif formule onze propositions en matière de politiques publiques « pour faire de la mobilité inclusive et durable une réalité dans les territoires ruraux. » L’enjeu est aussi de lancer un appel à la responsabilité des pouvoirs publics. « On ne peut se satisfaire ni de la précarité dans laquelle la dépendance à la voiture et l’éloignement des services enferment trop d’habitants des territoires ruraux, ni des conséquences environnementales et sanitaires de la dépendance à la voiture », explique le Secours Catholique. L’association pointe qu’environ 85 % des microcrédits accordés avec son soutien à des ménages en situation de précarité sont en lien avec la mobilité. À savoir : financement d’un permis de conduire, achat ou réparation d’un véhicule pour permettre à la personne de débloquer sa situation. Les délégations du Secours Catholique mettent ainsi en œuvre plus de 80 projets soutenant la mobilité. « Les personnes sans permis, sans véhicule ou sans moyens pour payer les réparations ou le carburant de leur véhicule se retrouvent dans des situations intenables », martèle le Secours Catholique.

Dans les territoires les plus isolés, les associations servent « trop souvent de pansement d’un système défaillant. » Pourtant, les solutions pour rendre accessible la mobilité durable en milieu rural sont, pour la plupart, déjà connues, mais restent sous-développées, assure le Secours Catholique. Et l’association d’énumérer : les territoires ruraux souffrent d’une gouvernance complexe sur le sujet de la mobilité avec un manque de coordination et de collaboration entre les acteurs concernés, un manque d’expertise et d’ingénierie territoriale pour des solutions de mobilité durable et un manque d’investissement pérenne pour la mobilité du quotidien.

Le rapport préconise donc d’activer « quatre leviers déclinés en onze propositions pour une mobilité inclusive et durable en milieu rural ».

Une planification territoriale juste et équilibrée avec une offre minimale de transports et de services essentiels

  • rendre obligatoires les Plans de mobilité simplifiés (PdMS) dans les territoires ruraux pour renforcer la planification de proximité et valoriser la participation citoyenne dans leur élaboration ;
  • assurer un socle minimum de services de proximité dans chaque bassin de vie ;
  • définir un niveau minimum de services de mobilité dans chaque bassin de mobilité ;
  • rouvrir la possibilité pour les communautés de communes de devenir une autorité organisatrice de la mobilité (AOM).

Développer une offre de mobilité adaptée aux territoires ruraux

  • développer des infrastructures et solutions de mobilité structurante et intermodale au service des territoires ruraux ;
  • offrir un panel de solutions permettant un maillage plus fin des territoires et habitants les plus éloignés des réseaux structurants (problématique du dernier kilomètre) ;
  • garantir l’accessibilité de ces services via un système unique de billetterie utilisable sur l’ensemble de l’offre de transports à l’échelle des régions, avec une tarification unifiée et solidaire.

Accompagner le changement de culture vers une mobilité plus inclusive et plus durable

  • mieux accompagner les personnes pour leur permettre de connaître les solutions de mobilité disponibles et de pouvoir les utiliser ;
  • renforcer les capacités des acteurs territoriaux à diversifier l’offre de services de mobilité ;
  • développer la culture d’une autre mobilité sur les territoires à travers une communication grand public et une optimisation du mobilier urbain.

Mettre en place un système de financement pérenne adapté aux besoins des territoires ruraux

  • sortir d’une logique d’appels à projets au profit d’un soutien financier régulier via un programme de financement décennal.

Il faut en finir avec la « double peine » infligée aux habitants des territoires ruraux, conclut le Secours Catholique. Les habitants les plus modestes des territoires ruraux n’ont guère le choix de leur mode de transport. Pour nombre d’entre eux, la voiture, « pourtant associée à une promesse de liberté, se referme comme un piège et devient un facteur de précarité. Ces ménages se retrouvent tiraillés entre l’éloignement des services qui allonge les distances, l’augmentation du budget voiture et l’impératif de décarboner les modes de transport. » De telles contradictions appellent des réponses que ni les ménages, ni les associations seules ne peuvent apporter, plaide l’association : « l’enjeu est bien politique. Ne pas avoir une voiture renforce l’isolement des personnes en situation de précarité dans ces territoires où les transports en commun sont quasi inexistants et où les services et commerces sont de moins en moins accessibles ».


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Action sociale »

Voir toutes les ressources numériques Action sociale