La Croix-Rouge française plaide « pour une société de la longévité »

Publié le 29 octobre 2019 à 8h00 - par

Selon la Croix-Rouge française, il convient de changer l’image et la place des personnes âgées dans notre société.

La Croix-Rouge française plaide « pour une société de la longévité »

À la veille de la remise de son rapport sur l’attractivité des métiers du grand âge, Myriam El Khomri accompagnait, ce lundi 28 octobre 2019, la ministre des Solidarités et de la Santé à Romainville (Seine-Saint-Denis) pour visiter l’Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale Île-de-France de la Croix-Rouge française.

Fin septembre 2019, l’association a remis à l’ancienne ministre du Travail son plaidoyer « Pour une société de la longévité ». Elle y appelle à une reconsidération de la personne fragile et à repenser les modes d’accompagnement des seniors selon une dynamique de parcours de vie. « Il faut considérer la personne fragile comme source de potentialité pour notre société : l’aider dans son parcours de vie, la valoriser dans une dynamique inclusive, s’assurer du respect de ses droits et libertés. En somme, accompagner plutôt que compenser, en donnant toute leur place aux métiers du grand âge et aux aidants qui agissent auprès des personnes fragilisées par leur vieillissement », défend Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française.

Aujourd’hui, l’organisation de l’accompagnement de la perte d’autonomie liée au vieillissement s’articule autour de l’âge, déplore l’association. « Et, en reprenant strictement la définition de la « dépendance », la personne âgée n’est plus reconnue dans ses droits, sa liberté et dans les modalités de structuration de son parcours de vie, limitant ainsi sa capacité d’agir et de penser », estime la Croix-Rouge française.

C’est cette image et cette place des personnes âgées dans notre société que l’association veut changer. Dans son plaidoyer remis à Myriam El Khomri, elle livre son expertise assortie de 14 propositions concrètes. La Croix-Rouge française y priorise un retour à la liberté et à la citoyenneté des personnes âgées, « un statut qui malheureusement s’efface au fil de la vie des seniors provoquant un isolement social et un sentiment d’inutilité », constate-t-elle avec regret.

C’est tout l’objet du projet C&Oelig;UR (Comité d’Expression des Usagers en Région) Croix-Rouge, dont l’ambition est de renforcer la place des personnes en situation de fragilité dans l’expression de leurs souhaits et de leurs attentes.

L’association se donne également comme priorité de passer d’une culture de la dépendance à celle de la capacité d’agir. « Inclusion, participation, prévention, cohésion, personnalisation, décloisonnement, autonomie, autant de mots qui doivent guider et structurer l’accueil, l’accompagnement, la prise en soins des seniors, non plus sur leurs déficiences ou dépendances mais en fonction de leurs “ capabilités ”, même pour ceux en perte d’autonomie », insiste-t-elle.

Pour ce faire, elle juge indispensable de passer d’une logique de lits ou de chambres à une logique d’habitat en adaptant l’approche et la conception des architectures, des organisations, des rythmes, pour que chaque personne se sente « chez elle », mais aussi en soutenant notamment l’encadrement à domicile comme en établissement et en offrant une meilleure reconnaissance de la place des aidants.

Il faut renforcer la formation, l’attractivité et l’accompagnement des professionnels des métiers du grand âge, notamment via la revalorisation salariale, la construction de parcours de carrière, le renforcement des perspectives d’évolution professionnelle, grâce à l’activité de coordination pour les aides à domicile et les aides-soignants, complète l’association.

La Croix-Rouge française « s’engage à accompagner ces changements de paradigme et c’est un défi qu’elle relève déjà, mais sur lesquels des efforts restent à faire, grâce notamment à la pleine implication des pouvoirs publics ».