Une cartographie de la perte d’autonomie des personnes âgées par départements

Publié le 4 février 2022 à 8h30 - par

L’Institut des politiques publiques (IPP) présente une cartographie des besoins de prise en charge des personnes âgées dans chaque département de France.

Une cartographie de la perte d'autonomie des personnes âgées par départements

L’Institut des politiques publiques (IPP) a publié, fin janvier 2022, une note qui, « pour la première fois », propose une cartographie des besoins de prise en charge des personnes âgées dans chaque département de France. « Cette étude permet d’éclairer les différences de prise en charge que l’on observe entre départements au prisme des besoins de leurs administrés et peut les aider à orienter leur politique locale pour y répondre », explique son auteure, Amélie Carrère. Contrairement à de précédentes études, celle-ci ne se restreint pas à la population recevant des prestations liées à la perte d’autonomie, elle inclut, à la fois, la population vivant à domicile et celle résidant en établissement et elle compare plusieurs mesures de la perte d’autonomie. Par ailleurs, elle permet de questionner les implications de la politique départementale via deux canaux, ajoute l’auteure :

  • La façon dont les départements mobilisent les critères d’évaluation de la perte d’autonomie ;
  • L’offre de places en établissement et les mobilités résidentielles qu’elle peut induire.

Des différences selon l’évaluateur de la perte d’autonomie

L’analyse de plusieurs mesures de la perte d’autonomie met en évidence des différences entre départements, à la fois dans la prévalence, le type de perte d’autonomie et son apparition à des âges précoces. La perte d’autonomie estimée par enquêtes ne concorde pas avec celle évaluée par les conseils départementaux dans le cadre de l’attribution de l’APA, ce qui pose la question de l’accès aux aides permettant aux personnes âgées de payer une partie du coût de leur perte d’autonomie, observe l’étude.

Quand les départements évaluent eux-mêmes la perte d’autonomie, celle-ci se révèle la plus élevée en Haute-Corse, la plus faible en Guyane. Mais, pour tous les départements, la perte d’autonomie estimée par enquêtes s’avère toujours supérieure à celle évaluée par les départements ! Et c’est en Guadeloupe que l’écart relatif est le plus important.

Les différences entre les besoins attribués par les conseils départementaux et ceux estimés par enquêtes peuvent provenir d’effets individuels, comme le non-recours à l’APA, mais aussi de différences dans la mise en œuvre de la politique gérontologique départementale, avance Amélie Carrère. « Le double rôle d’évaluateur et de financeur de la perte d’autonomie du département, qui attribue l’APA sous budget contraint, peut l’inciter à minimiser les besoins mesurés pour tenter de contenir la dépense », explique-t-elle.

Type de perte d’autonomie et âge : des différences dans les différences

Les départements du Centre et de l’Occitanie sont davantage confrontés à des troubles cognitifs, le nord de la France à des difficultés physiques (24 % des personnes âgées de 60 ans ou plus sont touchées par des troubles physiques dans le Pas-de-Calais !). L’Île-de-France, la Haute-Savoie, la Normandie et le Morbihan sont relativement épargnés par la perte d’autonomie. En outre, ces différences masquent, en partie, des différences dans les âges d’exposition au risque de perte d’autonomie selon les départements. Ainsi, ceux les plus touchés par les troubles cognitifs ont des prévalences élevées surtout après 75 ans. Les départements les plus affectés par les troubles physiques ont des prévalences élevées surtout avant 75 ans. À noter : la région parisienne (excepté la Seine-Saint-Denis) affiche toujours les prévalences les plus faibles, mais surtout chez les plus de 75 ans. Enfin, l’étude suggère que le manque d’offres en établissements dans certains départements, ou son coût élevé, induit des mobilités résidentielles qui modifient les inégalités territoriales de perte d’autonomie. De fait, la prévalence de la perte d’autonomie augmente en Lozère, dans l’Yonne, l’Ain et le Territoire-de-Belfort en raison d’une forte migration de personnes âgées dépendantes vers les établissements de ces départements. À l’inverse, Paris et la vallée du Rhône « bénéficient » le plus d’un exode de personnes âgées.