Comment les hôpitaux tentent de faire face à l’agressivité et la violence

Publié le 26 mai 2023 à 9h40 - par

Caméras, badges d’accès, parking spéciaux pour le personnel, équipes d’intervention, médiateurs, formations en « déconfliction » : les hôpitaux font feu de tout bois pour contrer l’agressivité croissante des patients et de leurs proches, et tenter de protéger leurs soignants.

Comment les hôpitaux tentent de faire face à l'agressivité et la violence
© Par Courtney Haas/peopleimages.com - stock.adobe.com

Rappel tragique d’une montée des violences, le meurtre d’une infirmière au CHU de Reims a conduit le ministre de la Santé à organiser jeudi 25 mai 2023 une table ronde avec les organisations de soignants.

Dans la pratique, ceux-ci expérimentent déjà une kyrielle de mesures diverses et variées pour essayer de trouver la parade à une agressivité croissante.

À l’hôpital de Belfort-Montbéliard, « on a mis des caméras vidéo partout et des badges ont été installés « dans tous les services » pour « limiter les zones d’accès libre », explique Éric Garcia, cadre supérieur de l’hôpital.

« Les parkings sont éclairés la nuit », et « il y a un parking souterrain protégé par des caméras vidéo pour le personnel », en particulier ceux qui doivent venir ou partir la nuit, explique-t-il.

Mais l’hôpital compte pour l’instant sur le personnel de sécurité incendie pour surveiller les écrans et intervenir dans les services, une solution jugée encore insuffisante. « Il faudrait des équipes dédiées, des gens qui sont formés et qui ont un statut », car sinon « au final, ce sont souvent les soignants qui se débrouillent », explique Éric Garcia.

Le pas a été franchi au CHU de Nantes, qui a « mis en place des équipes de sécurité » avec notamment d’anciens policiers qui peuvent intervenir en cas de situations menaçantes, explique le docteur Vincent Delaunay, le chef du pôle psychiatrie et santé mentale du CHU.

« On peut les appeler pour contenir un patient, faire partir une personne indésirable de l’hôpital, cela sécurise énormément les soignants », indique-t-il. D’une manière générale, « il ne faut jamais banaliser les insultes, les menaces les attitudes menaçantes, il faut toujours en tenir compte », recommande-t-il.

Repérer les « signaux faibles » de la violence

Pour Pascal Forcioli, directeur de l’établissement public de santé mentale (EPSM) de Vendée, la formation et les ressources humaines sont capitales pour parvenir à sécuriser soignants et malades.

Côté formation, il faut notamment que les soignants puissent « apprendre à repérer les signaux faibles de la montée de la violence », explique-t-il.

« La Haute autorité de santé pourrait élaborer des grilles de repérage des risques de violence », suggère-t-il.

Pour maintenir une présence humaine forte, même lorsque le recrutement d’infirmiers est difficile faute de candidats, l’EPSM de Vendée diversifie les profils recherchés.

Recruter des ergothérapeutes ou des éducateurs physiques adaptés par exemple peut aider à maintenir un accompagnement humain qui reste primordial, explique-t-il.

« Le risque zéro n’existe pas, mais on peut améliorer la sécurité des personnes et faire en sorte que les soignants se sentent soutenus par l’institution », souligne-t-il.

À Belfort-Montbéliard, comme au centre hospitalier sud-francilien de Corbeil-Essonne et Arpajon, on tente aussi la carte de la médiation pour désamorcer les tensions, en particulier aux urgences.

Les deux établissements cherchent à convaincre des soignants qui ne peuvent plus physiquement exercer leur métier d’origine – aides-soignantes par exemple – d’endosser un rôle d’information et de dialogue avec les patients et leur proches.

« Mais on a du mal à trouver des volontaires des agents volontaires à cause de cette agressivité », explique Catherine Tissot, cadre supérieur de l’hôpital.

À l’hôpital sud-francilien, des étudiants en santé mobilisés par l’Agence régionale de santé sont venus en renfort entre Noël et le jour de l’An, pour aider à « faire le lien » entre les soignants surchargés et les patients, raconte Marie-Paule Soli, coordinatrice générale des soins au centre hospitalier.

« Ils ne pouvaient pas donner d’informations cliniques, mais ils pouvaient par exemple expliquer aux patients et à leurs proches où ils en étaient dans le processus d’examen, ce qui les attendaient encore… Ça a été un soulagement pour les équipes », a-t-elle souligné.

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