Santé sécurité au travail : « Pour conserver son emploi, un salarié, un agent va accepter une prise de risques plus importante »

Publié le 23 juillet 2012 à 0h00 - par

Entretien avec Loïc Royer, animateur de la formation Outils pour changer les comportements en santé et sécurité au travail et directeur adjoint de Preventicom*.

Weka : Loïc Royer, à qui s’adresse la formation Outils pour changer les comportements en santé et sécurité au travail ?

Loïc Royer : Aux animateurs HSE, DRH, médecins de prévention en recherche de nouveaux outils, qui se sentent dans une impasse, et se rendent compte que leur discours n’empêche pas une hausse des accidents et maladies professionnels. Managers, chefs d’équipes et cadres supérieurs confrontés à des situations à problèmes que les outils « classiques » ne permettent pas de résoudre. Qu’ils viennent du monde industriel ou de l’administration territoriale.

Weka : Quelles sont les données à prendre en compte pour réduire les risques professionnels ?

Loïc Royer : Il faut que le manager, le préventeur, prenne en compte cinq piliers fondamentaux. Les aspects techniques et juridiques, qui constituent la sécurité pure, mais aussi l’aspect psychologique, l’importance du facteur humain dans le processus de décision, et l’aspect sociologique : un individu aura toujours tort face à un groupe, sa décision sera de se conformer aux règles du groupe même si cela va à l’encontre de ses valeurs.

Ainsi que l’analyse du travail réel par l’approche ergonomique qui est le pilier fondamental de la démarche d’évaluation des risques.

Enfin, le contexte économique ne doit pas être négligé. Pour conserver son emploi, un salarié, un agent va accepter une prise de risques plus importante pour réaliser ses tâches. C’est ainsi qu’en 2011 en Espagne, le nombre d’accidents du travail déclarés a baissé de 10 %, alors que le nombre d’accidents mortels au travail a cru de 15 %. Il y a donc bien une hausse des prises de risques liée au contexte économique.

Weka : Quelles sont les clefs pour réduire ces risques ?

Loïc Royer : La première étape consiste à analyser le travail réel, en opposition au travail prescrit. Prendre conscience de l’écart entre ces deux dimensions dans la démarche de l’évaluation des risques.

La seconde étape concerne la communication sur la sécurité. Elle est bien souvent infantilisante, et peut susciter deux types de réactions : celle de l’ « enfant soumis », qui suivra la règle jusqu’à ce qu’elle devienne caduque. Il sera alors perdu, et sera donc en danger car sa faculté d’adaptation ne lui permettra pas de réagir en maîtrisant ce risque. L’autre réaction est celle de « l’enfant rebelle », qui par principe va refuser le message et donc se mettre en danger. En sachant cela, l’émetteur du message comprend déjà mieux pourquoi ce dernier est accepté ou non.

La troisième étape consiste à articuler ces deux constats pour proposer une communication mieux adaptée à la réalité du travail, et moins infantilisante.

C’est ce programme que suit la formation Outils pour changer les comportements en santé et sécurité au travail, en confrontant les participants à leur propre profil de communiquant, en les faisant répondre via des ateliers collectifs aux problématiques des uns et des autres et travailler sur la conception de supports de communication optimaux pour transmettre leurs messages.

Prochaine session de la formation Outils pour changer les comportements en santé et sécurité au travail les 26 et 27 novembre 2012 à Paris. Renseignements et inscriptions : [email protected] ou au 01 53 35 20 25.

*Preventicom est une société de conseil, d’accompagnement et de formation en santé et sécurité au travail, fondée par Davis Pesme, co-animateur de la formation ici présentée.


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