Déserts médicaux : dans la Nièvre, des communes « interdisent » de tomber malade

Publié le 15 octobre 2024 à 8h15 - par

Plusieurs communes de la Nièvre ont pris des arrêtés symboliques « interdisant » à leurs habitants de tomber malade, afin de dénoncer la situation « catastrophique » des urgences dans ce département réputé pour être un des pires déserts médicaux de France.

Déserts médicaux : dans la Nièvre, des communes "interdisent" de tomber malade
© Par Fox_Dsign - stock.adobe.com

« Il est formellement interdit à tout habitant de tomber malade, sous peine de ne recevoir aucune prise en charge médicale en raison de la fermeture répétée des services d’urgences » : l’arrêté pris par la commune de Decize ne manque pas d’humour.

Pourtant, le sujet est « très grave », explique, lundi 14 octobre 2024 à l’AFP, Justine Guyot, la maire PS de cette commune d’environ 5 600 habitants.

Les urgences de l’hôpital du gros bourg « ont été placées en mode dégradé voire complètement fermées à 24 reprises depuis mars », souligne-t-elle, dont une fois où les urgences de l’hôpital de Nevers, à 40 minutes de voiture, étaient elles aussi fermées.

« Il n’y avait alors aucun service d’urgences dans toute la Nièvre », qui compte environ 200 000 habitants, explique la maire.

« Je voulais donc interpeller » en prenant cet arrêté « ironique » le 8 octobre 2024, et en l’envoyant à l’ensemble des communes de la Nièvre.

Depuis, « une vingtaine » de maires l’ont copié, comme celui de Montigny-aux-Amognes.

« La Nièvre, c’est une catastrophe », résume pour l’AFP Christian Perceau, maire de ce village de moins de 600 habitants.

« On a des énormes soucis avec les urgences à Nevers. C’est géré par le 15 à Dijon », la capitale régionale à environ 2h30 de route, « mais il y a des erreurs… », souligne le maire, évoquant le cas de sa tante dirigée, en raison d’un mal de ventre, vers un médecin d’une commune alentour.

« Quand elle y est arrivée, elle a trouvé porte close : la généraliste avait déménagé… »

La Nièvre ne compte que 68 médecins pour 100 000 habitants contre une moyenne de 121 en France. Il n’y a pas de dermatologue, un seul rhumatologue, un allergologue… et 20 % des patients n’ont pas de médecin traitant.

La situation est telle qu’un « pont aérien » a été mis en place en janvier 2023 afin d’amener depuis Dijon, une fois par semaine au moins, un maximum de huit médecins à l’hôpital de Nevers.

En mars, un collectif d’urgentistes de Nevers a averti que la sécurité des patients n’était « plus assurée », les urgences tournant avec six praticiens, alors que 27 seraient nécessaires.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2024


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Santé »

Voir toutes les ressources numériques Santé