Hôpital : l’IA en plein développement

Publié le 6 janvier 2025 à 10h00 - par

Le 16 décembre 2024, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) a fait le point sur les usages numériques pouvant améliorer le système de santé à l’occasion de la publication de sa première cartographie sur ce sujet. Une cartographie qui montre comment l’intelligence artificielle (IA) impacte sur l’offre de soins mais aussi sur la gestion de l’hôpital.

Hôpital : l'IA en plein développement
© Par Tom - stock.adobe.com

Le numérique en santé est largement devenu une réalité. Ainsi, en 2021 on recensait plus de 350 000 applications de santé et déjà en 2020, 73 % des établissement publics et privés affirmaient qu’ils étaient fortement engagés dans l’amélioration du parcours patient via le numérique. « Tous les 75 jours, la quantité de données de santé dans le monde double », a également rappelé le Dr Yann-Maël Le Douarin, chef du département transformation numérique de la DGOS, lors du webinaire du 16 décembre 2024. Le déploiement du numérique permet de disposer maintenant d’études et d’expériences montrant les effets positifs de l’utilisation des outils en santé. Par exemple, le délai d’attente des patients a été réduit de 30 % aux urgences du CHU de Rennes grâce à l’installation d’un logiciel de lecture automatique des radios en cas de suspicion de fracture. Selon une étude de l’OCDE de 2024, l’IA permettrait d’automatiser jusqu’à 36 % de l’activité des services de santé et des services sociaux et donc de dégager du temps pour les soignants. Une étude réalisée avec l’Institut Curie en 2021 a aussi démontré que la préparation chirurgicale est quatre fois plus rapide avec l’utilisation d’un outil de visualisation d’images médicales basé sur la réalité virtuelle (RV), intitulé DIVA.

Des leviers par offreur de soins

D’où l’objectif de la DGOS de dresser une carte des usages actuels et à venir du numérique dont l’IA. « Nous avions besoin de cette mise à plat initiale pour pouvoir savoir sur quoi il faut se focaliser ou sur quoi il faut accélérer ou bien encore se préparer et anticiper, a expliqué Yann-Maël Le Douarin. Nous avons donc co-construit cette cartographie avec les différents acteurs : institutionnels, professionnels, fédérations, associations de patients, représentants des industriels. » Ce travail a abouti à lister les offreurs de soins (établissements de santé et établissements ou services médico-sociaux, soins de ville, pharmacies d’officine, laboratoires de biologie médicale, plateaux techniques…) – les patients et la recherche sont également intégrées à la cartographie – et les leviers numériques. Cette cartographie répertorie également les différentes composantes de l’action publique mise en œuvre : stratégies (par exemple la feuille de route du numérique en santé), dispositifs (Mon espace santé, ordonnance numérique, etc.) et financements (Hopen 2, Ségur du numérique, France 2030…).
Concernant l’IA, la cartographie montre qu’elle est ou sera utilisée dans tous les secteurs de l’hôpital et lors de toutes les étapes du parcours de soins : accueil, activités de soins (aide au diagnostic et à la décision, thérapeutique, parcours de soins, information au patient, sécurisation), services de soins et hébergement, plateaux techniques (interprétation et diffusion d’images médicales, amélioration du circuit / automatisation des processus…), services logistiques, pharmacie hospitalière, direction de l’hôpital.

Un impact sur l’ensemble du système de santé

Pour la DGOS, l’utilisation de l’IA peut véritablement être un atout en termes de gain de temps et de gestion des ressources humaines. Par exemple, l’IA peut prendre en charge le pré-codage des actes mais également le rappel des patients et leur suivi, la gestion des plannings des services. Les soignants auront alors la possibilité de disposer de davantage de temps pour leurs patients mais auront également une meilleure qualité de vie au travail. L’IA va en fait couvrir tous les domaines : partie administrative, gestion des ressources humaines et activités de soins y compris les soins non programmés. L’ensemble du système de soins sera donc impacté par le numérique et l’intelligence artificielle. Autre exemple : les épidémies. Selon Yann-Maël Le Douarin, le numérique permet de pouvoir prédire les épidémies et, par conséquent, d’anticiper les pics et les ressources humaines et matérielles nécessaires pour y faire face.
De nombreuses applications et usages sont en cours de déploiement. D’où l’utilité de la cartographie pour faire le point sachant qu’elle sera actualisée au fur et à mesure. Des usages d’IA se développent actuellement dans les établissements sans que la DGOS ou les Agences régionales de santé ne soient forcément au courant. D’où l’importance de la co-construction de la cartographie. Autre problématique : celle de l’interopérabilité des différents systèmes d’information des hôpitaux. Une IA utilisée dans tel CHU pourra-t-elle être déployée dans un autre CHU ? « L’objectif de la cartographie c’est aussi d’avoir un peu plus de visibilité sur ce qui existe aujourd’hui et de pouvoir se poser collectivement les bonnes questions », répond Yann-Maël Le Douarin.

Magali Clausener


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