Près de la moitié de la flotte aérienne mobilisée
La France dispose de 19 avions bombardiers d’eau, 12 Canadair et sept Dash (dont six sont opérationnels, le dernier ayant été livré en juillet 2022), ainsi que de deux hélicoptères bombardiers d’eau, selon la direction générale de la Sécurité civile et de la gestion de crises. Près de la moitié de cette flotte aérienne est mobilisée en Gironde : six Canadair et trois Dash sont engagés, ainsi que 1 700 pompiers. Et « entre vendredi 15 et dimanche 17 juillet, deux Canadair grecs étaient présents en renfort », indique Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile pour qui « le fait de faire appel à eux n’est pas un aveu de faiblesse. » « La flotte française fait partie des mieux dotées en Europe mais elle a forcément des capacités limitées, et l’UE est une solution pour y remédier » ajoute-t-il.
Aucune base aérienne dans le Sud-Ouest
L’ensemble de ces moyens aériens est basé à l’année à Nîmes, « où sont les services de maintenance », précise le commandant Jouassard. La base de Nîmes est renforcée pendant la période estivale par une base arrière à Ajaccio alors que 23 aires de stationnement sont réparties sur tout le territoire. Mais, sur ces « pélicandromes », les appareils peuvent seulement recharger en eau et retardant de feu et non faire l’objet des nécessaires opérations de maintenance. « La base gardoise est-elle à elle seule suffisante pour faire face à l’augmentation des feux de forêt sur l’ensemble du territoire ? Cela nous paraît juste » considère Anthony Chauveau, président du syndicat de pompiers SPASDIS-CFTC.
Pour Olivier Richefou, président de la Conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS) et du conseil départemental de la Mayenne, « sans doute que le Sud-Ouest de la France n’a pas suffisamment été intégré, puisque depuis de nombreuses années les feux sont plutôt concentrés dans le Sud-Est ». Si le dispositif en flux tendu a fonctionné jusqu’à présent, Jean-Luc Gleyze, président PS du conseil départemental de la Gironde et président du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS 33) redoute d’en voir rapidement les limites à long terme. « Nous sommes le premier massif de résineux d’Europe, s’il y a aujourd’hui deux Canadair préposés en Corse, je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas des Canadairs sur le massif des Landes de Gascogne », a dit à l’AFP l’élu, appelant à une « stratégie nationale en matière de sécurité civile, voire européenne ».
Moyens aériens supplémentaires
Le commandant Jouassard reconnaissait dimanche 17 juillet 2022 un « dispositif opérationnel tendu ». « Un peu plus de marge à l’avenir est souhaitable car on sait qu’on va vers une augmentation du nombre d’interventions », ajoutait-il, sous l’effet du réchauffement climatique, de la multiplication des épisodes caniculaires et des périodes de sécheresse. « Désormais l’ensemble du territoire métropolitain est concerné par les feux, du 1er janvier au 31 décembre », insistait auprès de l’AFP la semaine dernière Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers.
Olivier Richefou juge que « des moyens aériens supplémentaires doivent être mis en œuvre. Le plus efficace, c’est le Canadair » qui, à la différence du Dash, peut se recharger sur n’importe quel plan d’eau et pas forcément un « pélicandrome ». Il est rejoint par Anthony Chauveau, pour qui il est « urgent de renouveler et d’augmenter la flotte de Canadair, vétuste ».
Future « cause nationale » ?
Au-delà de la question des moyens aériens, les pompiers appellent depuis plusieurs années à une augmentation des moyens humains : « l’objectif est de 250 000 pompiers volontaires à la fin du quinquennat, contre 198 000 aujourd’hui », selon M. Allione. Alors que 80 % des pompiers sont volontaires, « il faut également recruter davantage de pompiers professionnels » abonde M. Chauveau. Problème : les SDIS sont essentiellement financés par les départements et communes, collectivités peu riches et qui ont d’autres priorités.
Aussi, les pompiers plaident pour la création d’un ministère de la Sécurité civile, secrétariat d’État ou délégation interministérielle qui puisse impulser une politique commune et mobiliser des moyens conséquents.
Olivier Richefou propose de prendre exemple sur la politique en matière de sécurité routière : depuis la création de la délégation interministérielle en 1972, le nombre de morts sur les routes a été divisé par cinq. « Il faut faire de même avec la sécurité civile, investir massivement sur les moyens nécessaires mais aussi la pédagogie, la prévention, etc. On voit bien que la forêt bordelaise n’était pas entretenue et une forêt qui n’est pas entretenue, c’est une forêt où le risque est terrible » développe-t-il.
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