Un décret assouplit la surveillance des piscines

Publié le 3 juillet 2023 à 9h30 - par

Face aux difficultés pour recruter des maîtres-nageurs sauveteurs (MNS), un décret autorise les titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) à surveiller en autonomie les baignades d’accès payant.

Un décret assouplit la surveillance des piscines
© Par minicel73 - stock.adobe.com

Depuis le 3 juin 2023, les titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) peuvent surveiller de façon autonome les baignades d’accès payant : piscines municipales, parcs aquatiques… Ils devaient jusqu’alors être encadrés par des maîtres-nageurs sauveteurs diplômés (MNS) et ne pouvaient assurer seuls des fonctions de surveillance que sur dérogation préfectorale, pour quatre mois maximum, si l’exploitant ne parvenait pas à recruter de MNS en cas de fréquentation saisonnière accrue. Une mesure importante, quand on connaît les difficultés des collectivités à recruter du personnel de surveillance des piscines, qui peuvent entraîner leur fermeture. Or, cette pénurie de personnel s’ajoute aux lourdes charges de fonctionnement et de chauffage des bassins, dues à l’augmentation des frais de chauffage et à l’inflation, qui mettent aussi en péril l’ouverture des piscines.

Une nouvelle norme Afnor (NF S52-014) « d’application volontaire », initiée par le ministère des Sports, a été homologuée le 15 mars 2023. Son objectif : aider les exploitants à organiser un dispositif de sécurité adapté. Le texte fixe les bonnes pratiques de surveillance, en rappelant par exemple les paramètres physiologiques pour bien balayer du regard et éviter tout angle mort lors d’une surveillance de baignade, dans différentes positions (assise, debout, en hauteur). Il donne aussi des méthodes de comptage, utiles pour encadrer un groupe scolaire notamment. La norme prend en compte l’évolution des bassins qui modifie les contraintes de surveillance : piscines à vagues, rivières pour nager à contre-courant…

Le texte aborde également la formation et les compétences que doivent acquérir les titulaires du BNSSA, mettant l’accent sur la réduction du nombre de noyades. Toutefois, le Syndicat national professionnel des MNS dénonce « l’énormité et le ridicule » de cette norme Afnor qui « reprend les généralités de la surveillance maîtrisées par la profession de MNS depuis des décennies ». On se noie plutôt là où il n’y a pas de surveillance, et seules 2 % des noyades sont enregistrées dans les établissements de bain d’accès payant, qui accueillent plus de 70 millions de personnes par an. « Il ne nous manque pas des surveillants, mais bien des MNS, qui savent enseigner, surveiller et sauver », précise le syndicat. Et il met en garde les « exploitants, chefs d’établissements aquatiques, collectivités et territoires », ciblés par des organismes qui proposent des formations (payantes) à la nouvelle norme, arguant que cette nouvelle norme est obligatoire, ce qui est faux.

Lors des États généraux de l’encadrement et de la surveillance dans la filière aquatique (Egesfa), à Paris le 10 février 2023, Pascal Lebihain, maître de conférences à l’université de Poitiers, a mis l’accent sur une évolution de la surveillance des bassins. Elle doit aujourd’hui être constante et assurée par du personnel qualifié titulaire. Selon lui, soit on conserve la règle de surveillance constante, et il faut être « plus exigeant » : créer un métier de « surveillant sauveteur aquatique », avec une « vraie formation » (douze heures suffiraient) et s’appuyer sur les technologies intelligentes pour les cas les plus complexes (profondeurs, fréquentation, bassins nordiques, grands bassins…). Soit, il faudrait préciser et assouplir les règles et accepter que la surveillance puisse être suspendue, momentanément, par une autre tâche légitime, mais là aussi, former et encourager les aides technologiques intelligentes de surveillance.

En tout état de cause, il conviendrait de revaloriser le métier de MNS (accueil, enseignement, animation, événementiel, conseil, prévention… en plus de la surveillance) et renforcer et professionnaliser le diplôme de BNSSA.

Marie Gasnier


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