Innover pour densifier la ville

Publié le 19 mars 2018 à 9h12 - par

Les communes peuvent modifier les formes urbaines pour limiter l’étalement urbain. Un guide de l’Ademe présente les leviers réglementaires et illustre les opportunités par de nombreux projets locaux.

Innover pour densifier la ville

Ambiance sonore, mobilité adaptée aux milieux urbains denses, espaces de logistique innovants, reconquête de friches industrielles, végétalisation, éclairage, espaces publics multifonctionnels : de nombreuses clés permettent de maîtriser la densité urbaine et l’étalement de la ville. C’est ce que montre le guide « Faire la ville dense, durable et désirable » publié par l’Ademe en février. En effet, « il est possible de lier qualité de vie et limitation d’une expansion urbaine coûteuse, tant pour les collectivités que pour l’environnement », explique Marie-Christine Prémartin, directrice exécutive des programmes de l’Ademe. L’approche doit associer étroitement des territoires au-delà des limites de la ville, eux aussi urbanisés et artificialisés. Le guide offre de multiples exemples concrets, pour agir sur les formes urbaines et réduire l’étalement urbain. Il faut noter qu’il n’existe pas une mais plusieurs formes de densité urbaine acceptables par les habitants, dont la perception de la densité est parfois sans rapport avec la mesure.

À Boulogne-Billancourt, sur l’ancien terrain des usines Renault, la Zac du trapèze accueille un parc de 7 hectares dans lequel deux jardins contemporains de 50 000 m2 sont conçus pour être inondables : déversoir des eaux de la Seine en cas de crues, stockage des eaux pluviales de la Zac et réception en continu des eaux d’exhaure d’un parking souterrain. Composé d’îles de bassins en eau permanente et de fossés plus ou moins inondables selon l’intensité des pluies et des crues, le parc fait office de réservoir. Les eaux de pluies stockées sont récupérées pour l’entretien et l’arrosage.

Dans la Zac Clichy-Batignolles à Paris, la résidence Saussure Pont-Cardinet s’inspire de l’habitat haussmannien : structure claire, rez-de-chaussée ouvert sur la rue et extensible à l’entresol, hauteurs d’étages variables, rythme et richesse d’ouverture (la façade alterne un module plein pour deux vides) et forte compacité. L’immeuble (R+7 en îlot de 3 700 m2) accueille près de quarante logements et un rez-de-chaussée commercial au premier étage. Son emprise au sol épouse la parcelle triangulaire, exploitant ainsi toutes les possibilités foncières. Pour anticiper les besoins, le bâtiment peut accueillir, de façon réversible, des logements ou des plateaux de bureaux. La hauteur de dalle à dalle a été agrandie à 3,20 m et la façade tramée sur près de 1,35 m : les vitrages atteignent ainsi 2,70 m de large, soit les dimensions d’un module de bureau. Les hauteurs entre les planchers atteignent 3,2 m – médiane entre le standard des immeubles de logements (2,8 m) et celui des immeubles de bureaux (3,5 m). Tous les logements sont organisés autour d’une loggia et gagnent ainsi en espace et en luminosité.

À Dinan, un terrain qui abritait deux casernes sur 14 hectares comprend aujourd’hui logements, activités, commerces et équipements publics. La commune a organisé des liaisons douces vers le centre-ville, accessible à pied en cinq minutes. La circulation automobile est gérée en périphérie et le stationnement limité aux entrées du quartier. L’enjeu consistait à créer de nouvelles circulations et reconstituer une ambiance urbaine, en tissant un lien urbain et paysager entre le quartier et la ville. Des liaisons piétonnières et des pistes cyclables ont été aménagées sur une trame végétale très fournie de 1 500 arbres et 10 000 arbustes, et différents espaces publics accueillent des événements locaux : marchés, festival et concerts…

À l’entrée de Besançon, à proximité du centre ancien, l’ancienne friche industrielle des Prés-de-Vaux a laissé place à un quartier dédié à la culture. Un grand parc urbain habité offre un triple parcours culturel, scientifique, et de loisir le long du Doubs, au pied de la citadelle Vauban. Festivals et concerts sont organisés au sein de cette friche qui devient un espace festif et de loisir privilégié. Sur l’emprise de l’ancienne usine chimique, la commune aménagera une grande esplanade avec des espaces de promenade submersibles. Des liaisons naturelles et piétonnes relieront le centre-ville, en utilisant notamment le cheminement entre la cité des Arts et la salle de musique actuelle.

Marie Gasnier


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