Des élus circonspects devant le vaste ministère de la Transition écologique

Publié le 25 mai 2022 à 7h15 - par

Avec comme objectif suprême la neutralité carbone en 2050 et comme devise la « mise en œuvre », le nouveau ministère regroupant Transition écologique et Cohésion des territoires affiche un cap national déclinable selon les spécificités locales, ce qui laisse des élus circonspects.

Des élus circonspects devant le vaste ministère de la Transition écologique

« La transition écologique concerne tout le monde » et « si on ne veut laisser aucun français sur le bord du chemin, il faut que l’ensemble des acteurs et en particulier des élus locaux puissent contribuer », a expliqué Amélie de Montchalin le 20 mai 2022 en marge de son arrivée au ministère.

Son ministère est placé sous le signe du « bien vivre », du « mieux vivre, en bonne santé, partout en France ».

Il y aura « dans le quotidien des Français des mises en œuvre extrêmement concrètes et adaptées localement » d’objectifs fixés ces cinq dernières années, abonde son cabinet.

Le nouveau super ministère conjugue Transition écologique avec Cohésion des territoires, un redécoupage « extrêmement important » selon la porte-parole du Gouvernement Olivia Grégoire, et qui entend associer plus étroitement les élus locaux aux efforts pour le climat et la biodiversité.

À ce titre, la nomination de Christophe Béchu, maire d’Angers, comme ministre délégué chargé des Collectivités territoriales, se veut un gage supplémentaire.

L’argument ne fait guère mouche auprès des élus interrogés, qui voient dans ce nouveau ministère au mieux une « impulsion possible » pour mieux sensibiliser la population à l’urgence climatique, au pire une simple « architecture politique ».

Dans tous les cas, « les collectivités devront être aidées » et l’une des conditions de réussite sera que « l’État ne décide pas tout tout seul et ne s’englue pas dans une hypercentralisation comme on l’a vu pendant la crise sanitaire », prévient André Robert, délégué général de l’Association des petites villes de France (APVF).

Selon lui, « le Gouvernement doit « coller au plus près des réalités du terrain » et « vraiment tirer les conclusions de la dichotomie entre la France qui va bien, celle des métropoles, et la France des oubliés, la France rurale : la fracture est extrêmement forte ».

« Tout le monde veut faire de la transition écologique, des maires sont engagés sur ce terrain depuis longtemps et sont exemplaires en la matière. Mais il faut nous expliquer comment faire sans moyens financiers ni outils », commente pour sa part Cédric Szabo, directeur de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) étonné par ailleurs de l’absence de portefeuille dédié à la ruralité, qui « représente pourtant « 88 % du territoire et 33 % de la population ». De nouvelles nominations sont attendues après les législatives, rappelle le Gouvernement.

Poids de Bercy

Les associations d’élus soulignent que la feuille de route écologique affichée par le Gouvernement se heurte sur le terrain à des considérations budgétaires, sur fond de baisse des dotations aux collectivités et de flambée des prix de l’énergie lourde de conséquences pour certaines communes.

La semaine dernière encore, le dossier de l’érosion côtière est venu illustrer ces points de tensions. D’un côté le Gouvernement veut appliquer la loi Climat et Résilience de 2021. De l’autre, deux associations d’élus, dont l’Association Nationale des Élus du Littoral (Anel), ont contesté les outils mis à disposition par l’État et saisi le Conseil d’État afin d’obtenir des garanties juridiques et financières pour les communes devant s’adapter à l’érosion du littoral.

« Peu importe donc l’architecture du ministère » des transitions, « le défi financier reste important » et « Bercy aura un rôle fondamental », estime par conséquent M. Robert.

L’autre inquiétude des élus porte sur la dimension du ministère. Il contient dans son escarcelle l’urbanisme et l’aménagement du territoire, mais également le transport et le logement, deux leviers majeurs pour influer sur les changements climatiques.

Il s’agit de « dossiers lourds », fait valoir M. Szabo. Dans ce contexte, alors même que la priorité est le développement écologique, « quelle place va-t-il rester à la cohésion des territoires ? », s’interroge-t-il.

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