Territoires ruraux : associations et élus sur le pont

Publié le 10 juillet 2020 à 9h00 - par

Focus sur les territoires ruraux. Cédric Szabo, Directeur de l’Association des Maires Ruraux de France, explique les spécificités de la gestion de la crise sanitaire et les perspectives positives qui s’en dégagent.

Territoires ruraux : associations et élus sur le pont
Cédric Szabo, Directeur de l’Association des Maires Ruraux de France

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Les acteurs publics face à la crise sanitaire
Les acteurs publics face à la crise sanitaire
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Les territoires ruraux sont des espaces sous administrés dans lesquels les relations interpersonnelles sont essentielles.

La continuité incarnée

Comme partout en France les agents publics ont fait leur maximum pendant la crise. Dans le monde rural, leur absence sur le terrain, qu’elle soit dû à la maladie, à leur réquisition, au télétravail, etc. a une conséquence simple dans certaines communes : la fermeture de service et parfois la disparition d’opérateurs publics.

La continuité du service public s’est très rapidement opérée par un report sur les bénévoles, qu’ils soient élus ou issus du monde associatif. Le besoin est concret et les interventions ne peuvent être distancielles.

Les bénévoles et les élus ont été « sur le pont » chaque jour auprès des habitants dans un contact opérationnel direct. La posture des élus est celle de l’action et de l’incarnation du service public. Ils interviennent auprès des habitants pour s’assurer de la distribution de repas, faire respecter les gestes barrières, etc. La pédagogie fait partie de leur rôle.

La proximité source de créativité

Les acteurs locaux ont fait preuve d’une grande inventivité. Cela a été flagrant dans le domaine de l’alimentation. Les ruraux se sont rappelés avec la crise que les producteurs étaient proches de chez eux. Et des stratégies de ventes directes se sont mises en place autour d’une réinvention du drive-in et de points de vente informels. Ces initiatives empiriques ont été très efficaces.

La coopération avec les autres échelons institutionnels s’est concrétisée autour de la connaissance des besoins très locaux. Aussi, par-delà la diversité des situations, le constat est une coopération relative avec le niveau intercommunal mais une réelle coopération avec les conseils départementaux autour de la question sociale.

Nous avons pu également constater une réinvention des formes du service classique à chaque étape clef de la crise. Une sorte de métamorphose de l’action publique avec le souci de réinventer l’offre de service en fonction de l’évolution des contraintes liées à la crise. Au début c’est la solidarité liée à l’urgence qui prime, le système D, puis l’organisation plus rationnelle des capacités, on recrée des marchés, puis on tente de restaurer de l’animation gratuite par exemple sur le plan culturel.

La résilience locale source de rééquilibrage entre les territoires

La crise sanitaire a mis en évidence que la résilience repose essentiellement sur le lien humain. Or dans les communes rurales il est assez vite matérialisable et les interactions humaines sont simples.

Cela implique deux choses pour l’avenir :

  • ces territoires ont potentiellement les ressources pour s’en sortir.
  • La répulsion des territoires urbains dans ces périodes de crises (sanitaires, canicule, etc.) génère mécaniquement un transfert temporaire de population dans le monde rural. Avec la crise sanitaire, sa durée et la généralisation du télétravail, ce phénomène qui existe depuis plus de 20 ans, s’est accentué. Cela donne une perspective que les élus locaux doivent se réapproprier. Il y a une réelle carte à jouer pour accélérer, accroître et pérenniser ces tendances. Le développement des territoires ruraux doit être pensé à partir de ces nouveaux principes.

Dans cette perspective, la sortie de crise pour les territoires ruraux est pleine d’espoir. Des axes d’actions clairs se dessinent :

  • La mise en œuvre des actions prévues dans l’Agenda rural ;
  • Accélérer significativement le déploiement des outils numériques ;
  • Traiter la question des personnes âgées en créant des structures d’accueil plus petites dans le cadre d’un maillage territorial fort ;
  • Se saisir de la transition énergétique et parier, en termes d’attractivité des villages et de stratégies résidentielles, sur la restauration réhabilitation du parc immobilier existant (relance activité des PME, contribution à la lutte contre l’artificialisation, etc.).

La crise a rendu visible cette évolution de la société. Les territoires qui seront prêts seront gagnants dans 20 ou 30 ans.

Séverine Bellina et Hugues Perinel, Réseau service public


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