Pour améliorer les connaissances sur la mobilité du quotidien, Transdev et Villes de France ont initié, en 2021, une étude sur les pratiques et les usages du vélo dans les villes moyennes. Celle-ci a été portée par un collectif de partenaires rassemblant également l’Ademe et La Banque des Territoires. Elle a été réalisée par le bureau d’études Transamo et les instituts Nova 7 (en lien avec Copenhagenize) et Ipsos. Avec un triple objectif :

• mettre en relief les dynamiques enclenchées autour du vélo dans les villes moyennes ;
• appréhender sa place dans ce type de villes ;
• déterminer et de comprendre le profil des usagers et des non-usagers.

Il s’agit « d’appréhender la place du vélo dans la chaîne de mobilité des villes intermédiaires, en tant que mode de déplacement du quotidien », expliquent les promoteurs de l’étude. Des approches de terrain ont ainsi été réalisées auprès d’un panel de douze villes, pendant une durée de 18 mois. L’étude intègre également une enquête en ligne auprès de 2 000 personnes représentatives de la population de ces villes.

L’étude a été pensée pour aider les collectivités dans la définition, puis le suivi, de leur politique cyclable, en leur offrant un référentiel sur lequel s’appuyer, ainsi que des grilles de lecture pour l’analyse de leur territoire. Celle-ci vient de déboucher sur la publication, mi-juin, d’un cahier des solutions locales intitulé « Pratiques et usagers du vélo dans les villes moyennes », fruit d’une synthèse des analyses qualitatives et quantitatives réalisées. Cette publication préconise 12 recommandations. Au programme :

• Recommandation 1 : Concentrer les actions de court et moyen terme sur les déplacements utilitaires courts, en cherchant à faire du vélo un mode attractif aux côtés des autres modes de déplacement, non seulement pour les déplacements domicile-travail de moins de 5 km, mais aussi pour les déplacements liés aux achats de proximité, à la scolarité des enfants ou aux trajets vers les lieux de loisirs. Attendre d’avoir atteint un certain seuil de visibilité du vélo et de développement du réseau cyclable avant de concentrer des efforts sur les déplacements domicile-travail de plus longue portée.
• Recommandation 2 : Orienter la communication vers les bénéfices personnels tirés de l’utisation du vélo en s’appuyant sur les moments de vie propices aux changements de comportements, tout particulièrement au moment des études. Valoriser les principaux facteurs de déclics (santé, économies), puis compléter sa communication avec des messages visant à atténuer les freins psychosociaux (sécurité, facteurs pratiques), en lien avec l’élargissement du public cible.
• Recommandation 3 : Mener des actions pédagogiques à l’école, au collège et au lycée, en cherchant à aller progressivement vers une généralisation des formations au fil de l’avancement de la politique cyclable.
• Recommandation 4 : Développer des formations d’accompagnement des usagers de la bicyclette (se déplacer en ville, entretien et réparation des vélos) pour les maintenir en selle et faciliter l’intensification de leur pratique, avant de proposer, dans un second temps, des formations de (re)mise en selle destinées aux publics les plus éloignés du vélo.
• Recommandation 5 : Concentrer ses moyens sur quelques aménagements qualitatifs et attrayants dessinant un itinéraire complet et les compléter par des aménagements « légers » (panneaux M12 et contresens cyclable), avant de chercher à développer un réseau lourd.
• Recommandation 6 : Apporter un soin tout particulier aux aménagements situés à proximité des axes structurants, ainsi qu’au traitement des intersections, qui sont particulièrement anxiogènes pour les publics inexpérimentés.
• Recommandation 7 : Déployer minutieusement les services de location longue durée et d’aide à l’achat en identifiant précisément les publics cibles.
• Recommandation 8 : Articuler les dispositifs de location avec les dispositifs d’aide à l’achat et les dispositifs de formations, en proposant un parcours d’accompagnement serviciel visant à (re)mettre en selle, à accompagner le changement de mode, à pérenniser la pratique du vélo, puis à l’intensifier.
• Recommandation 9 : Développer massivement les services de stationnement, en privilégiant, dans un premier temps, les stationnements de courte durée sur l’espace public à proximité des principaux lieux de destination (commerces, services publics…).
• Recommandation 10 : Engager un dialogue avec les acteurs de l’habitat et les acteurs économiques pour développer progressivement une offre de stationnement longue durée à domicile (pour les habitats verticaux) et au travail.
• Recommandation 11 : Accompagner le développement de l’intermodalité vélo/transport en commun pour les déplacements qui dépassent le périmètre de l’agglomération. À plus long terme, envisager l’intermodalité vélo/transport en commun pour des déplacements domicile-travail longs au sein de l’agglomération, au premier rang desquels figurent les déplacements entre ville-centre et zone rurale des villes moyennes.
• Recommandation 12 : Renforcer les capacités et les moyens des équipes en charge des politiques cyclables, afin de mettre en œuvre les recommandations précitées, d’assurer une bonne articulation des différentes composantes de ces politiques (aménagements, stationnement, locations, formations…) et d’assurer une bonne concertation avec les principales parties prenantes de l’écosystème vélo.

Ces recommandations sont autant de « leviers d’action à adapter en fonction de la trajectoire que se fixent les villes moyennes », précisent les auteurs de l’étude. Au-delà du constat d’un certain décrochage de la pratique du vélo dans les villes moyennes par rapport aux grandes agglomérations, il ressort de l’étude « un constat réellement optimiste. Le vélo a un avenir dans les villes moyennes, sous réserve que des politiques cyclables volontaristes y soient mises en place », sont-ils convaincus.