Terra Nova anticipe sur l’évolution des modes d’habiter dans vingt ans

Publié le 3 mai 2019 à 10h20 - par

Plutôt que sous l’angle de la construction et du bâti, Terra Nova a étudié l’avenir du logement en fonction de nos « manières d’habiter ». Le think tank propose quatre scénarios qui aideront les collectivités à définir des politiques d’aménagement et de construction. L’un d’eux, « le réseau des métropoles », permet à chaque territoire de jouer sur ses atouts locaux.

Terra Nova anticipe sur l'évolution des modes d'habiter dans vingt ans

Transformation de la vie familiale (séparations, monoparentalité…), vieillissement de la population, nouveaux modes de travail, développement de la mobilité, économie du partage, utilisation du numérique dans le logement, colocation… De nombreux facteurs contribuent à faire évoluer nos manières « d’habiter un lieu ». Une étude du think tank Terra Nova, présentée le 19 avril par La Fabrique de la Cité chez Leonard-Paris, tente d’évaluer leur impact sur la façon dont nous habiterons dans vingt ans, que les politiques (aménagement, logement, transport…) devront prendre en compte. L’idée : comprendre comment ces tendances s’inscrivent dans le  territoire et concentrent ou dispersent l’habitat, créant de ce fait des situations d’accès au logement localement tendues ou non. Car « on construit pour durer et ce que l’on construit organise l’espace à long terme ».

Nous sommes aujourd’hui face à une contradiction. Devant le coût trop élevé du logement en centre-ville, les métropoles risquent de ne plus être accessibles à une part croissante de la population. Mais l’étalement urbain, qui permet de loger les citadins aux alentours des métropoles, entraîne des coûts d’infrastructures particulièrement lourds et a des impacts néfastes sur l’environnement. En pondérant les différentes variables, Terra Nova projette quatre scénarios à un horizon de vingt ans : concentration métropolitaine, saturation urbaine, révolution du partage, réseau des métropoles. Seul ce dernier semblerait apte à corriger les déséquilibres de notre rapport au territoire national. Il permettrait d’harmoniser les aspirations de logement majoritaires des ménages avec un équilibre des territoires et un usage responsable des ressources naturelles. Cet équilibre ne s’imposera pas spontanément : « il convient de bien comprendre les tendances à l’œuvre et de repérer les actions publiques prioritaires à mener pour nous engager sur une trajectoire favorable », explique Terra Nova.

Dans ce schéma, le dynamisme métropolitain se diffuse, irriguant une vaste partie du territoire. Les zones rurales éloignées profitent de leurs avantages (tranquillité, coût de la vie, paysages…) mais accueillent d’abord une population « en transit » : vacances, année sabbatique, début de retraite… Le télétravail prend de l’ampleur, réduisant les déplacements professionnels contraints et certains espaces du logement sont dédiés, au moins en partie, à l’activité professionnelle. L’activité économique ne se concentre pas exclusivement dans quelques pôles métropolitains. À la recherche d’espace et de main-d’œuvre, des petites industries, s’appuyant sur des savoir-faire locaux, des micromarchés et des nouvelles technologies industrielles (comme l’impression en 3D), s’installent en dehors des métropoles. Les villes moyennes et intermédiaires se développent, en prenant le relais des métropoles. Même dans les territoires plus isolés, le dynamisme tire parti des atouts locaux, facteurs d’attractivité : traditions industrielles ou économiques, espace (par rapport à la région parisienne, notamment, presque saturée). Les petites communes voient leur population augmenter et ont les moyens de revaloriser et de réhabiliter leur centre-ville, par opposition à la propagation des extensions urbaines.

Martine Courgnaud – Del Ry


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