En Seine-Saint-Denis, les JO-2024 dopent la transformation urbaine

Publié le 25 juillet 2022 à 8h46 - par

Nouveaux quartiers sortant de terre en quelques mois, réalisation d’infrastructures au pas de charge : en Seine-Saint-Denis, l’échéance des JO-2024 intensifie la transformation urbaine de ce département populaire en pleine mutation.

En Seine-Saint-Denis, les JO-2024 dopent la transformation urbaine

En bords de Seine, des dizaines de grues zèbrent le ciel lourd de juillet. Étalé sur une cinquantaine d’hectares à cheval sur les villes de l’Île-Saint-Denis, Saint-Ouen et Saint-Denis, le chantier du futur village des athlètes bat son plein, à deux ans de la cérémonie d’ouverture des prochains Jeux.

Dans le fracas de marteaux-piqueurs et le crissement des scies sauteuses, les structures de bâtiments commencent déjà à s’élever. Une fois les sportifs du monde entier repartis et les clameurs retombées, le tout nouveau quartier accueillera 6 000 habitants.

Quelques centaines de mètres plus loin, une avenue est coupée pour la construction d’un échangeur autoroutier controversé, destiné à faciliter le transport des délégations et améliorer la desserte du secteur.

Trois pas de plus et le promeneur arrive au pied des travaux de la tour Pleyel, édifice emblématique du « 93 ». À moitié désossée à l’heure actuelle, cette ancienne tour de bureau doit achever sa mue en hôtel de luxe pile à l’heure pour les Jeux olympiques.

À travers la Seine-Saint-Denis, ces norias d’ouvriers et de pelleteuses sont devenues familières, au point que le département donne parfois l’impression d’être un vaste chantier à ciel ouvert.

« Opportunité exceptionnelle »

« Les JO sont une opportunité exceptionnelle qui ne se représente pas deux fois dans une vie », déclare Adrien Delacroix, maire-adjoint de Saint-Denis. « Accueillir les JO, c’est des investissements qu’on n’aurait pas eus autrement, cela permet d’accompagner plus rapidement la transformation du territoire ».

Avec les chantiers olympiques eux-mêmes ou les projets afférents, l’octroi de la compétition à la France a donné un coup d’accélérateur à la revitalisation urbaine que connaît actuellement la Seine-Saint-Denis.

« Dans la décennie qui vient, il va y avoir plusieurs milliards d’investissements publics et privés en Seine-Saint-Denis. Les JO sont un peu le catalyseur de tout cela », analyse pour l’AFP Stéphane Troussel, le président du conseil départemental.

La dynamique portée par les Jeux et le vote en 2018 d’une loi olympique, qui facilite pour l’occasion les chantiers d’aménagement en simplifiant certaines procédures d’urbanisme, ont permis la mise en œuvre de projets qui, pour certains, patientaient depuis des années dans les cartons.

Ainsi du village des médias, qui émerge actuellement dans un parc de la ville de Dugny. Jugé par ses opposants comme d’une utilité très relative dans l’organisation des Jeux, son sort a été longtemps incertain.

Lifting

S’il n’hébergera que 1 500 journalistes et techniciens sur les 25 000 annoncés, son chantier permet incidemment la création d’un nouveau quartier de 1 400 logements dans cette petite commune de 10 000 habitants, et répond ainsi à une demande de longue date du département.

À Saint-Denis, les Jeux se manifestent aussi à travers le lifting des berges de Seine ou la construction de passerelles autour du Stade de France. Eux aussi réclamés depuis des années, ces ponts piétons vont relier entre eux des quartiers aujourd’hui séparés par des obstacles rendus infranchissables par un développement urbain chaotique.

« Il s’agit de recoudre un territoire qui a été fracturé par des infrastructures de transports, l’autoroute, le faisceau ferroviaire… », explique Adrien Delacroix, en charge de l’urbanisme et de l’aménagement durable pour la ville.

Ajoutés aux importants programmes de rénovation urbaine, au Grand Paris Express et à l’installation croissante d’entreprises et organismes publics à la recherche de locaux plus abordables, les JO s’inscrivent dans un mouvement plus large de redécollage d’un département sinistré par la désindustrialisation et l’échec de la politique des grands ensembles.

Cette renaissance urbaine, dont beaucoup reste à faire, les acteurs locaux en datent généralement le début symbolique à une autre compétition sportive : la Coupe du monde de football 1998 et la décision d’installer le Stade de France à Saint-Denis.

« Au-delà des trente jours de compétition, c’est surtout trente ans d’héritage que les Jeux vont laisser à la Seine-Saint-Denis », souligne Stéphane Troussel.

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