#TousMobiles, un enjeu d’égalité, un défi économique pour Agen

Publié le 10 avril 2019 à 3h00 - par

Accès à l’emploi, à l’éducation, à la santé… Bon nombre de Français sont assignés à résidence faute de moyens de se déplacer. Une problématique du quotidien dont les élus agenais se sont emparés à travers le projet « Agen 2030 ».

#TousMobiles, un enjeu d'égalité, un défi économique pour Agen

Agen 2030, c’est déjà parti ! Comment les Agenais se déplaceront-ils lors de la prochaine décennie ? Avec quelle énergie les automobiles rouleront-elles ? Et le vélo, la marche, quelles seront leurs places au quotidien ? « Autant de questions qui sont déjà à l’ordre du jour », lance fièrement Pascal De Sermet, vice-président en charge des Transports pour l’agglomération d’Agen (47). Mais dans d’autres villes aussi. « Partout en France, les enjeux économiques et sociaux ont fait émerger l’accès à la mobilité dans les débats publics », analyse Sandrine De-Boras, docteure en économie et actuellement responsable de l’innovation (France) à la direction Stratégie et innovation de Transdev. Un défi que promet de relever le projet de loi d’orientation des mobilités (LOM) qu’Élisabeth Borne, la ministre chargée des Transports a rendu public, le 27 novembre dernier, et qui a été adopté, à une très large majorité, par le Sénat le 2 avril 2019.

À juste titre. Se rendre le matin au travail ou chez son médecin, faire ses courses, rejoindre son école ou son université, retrouver sa famille ou ses amis tous ces déplacements simples de la vie quotidienne ne sont pas accessibles à tous. « Force est de constater que non seulement les offres de mobilité sont inégalement distribuées, mais que le potentiel à se mouvoir, qu’il s’agisse d’accéder à l’emploi ou à l’organisation de la vie quotidienne, n’est pas le même pour tous les citoyens », s’insurge Valérie Dreyfuss, présidente du Laboratoire de la mobilité inclusive (LMI). En effet, d’après l’enquête « La mobilité et l’accès des Français aux services de la vie quotidienne » menée par l’institut Elabe pour le LMI, un Français sur trois estime être contraint dans ses déplacements. « Et 37 % des Français renoncent à rendre visite à leur famille par manque de moyens de transport. Dans une société vieillissante, où le lien familial constitue une ressource essentielle pour les plus fragiles, il est temps de se poser la question vers quelle société souhaitons aller », poursuit Valérie Dreyfuss.

«  À Agen, avec 10 % de la population de plus de 70 ans, le papy-boom, on connaît déjà, riposte Pascal De Sermet. Et pour bon nombre d’habitants des 24 communes éloignées du cœur de l’agglomération, la ville est une épreuve. » Il n’y a pas qu’à Agen que se mouvoir relève bien souvent du parcours du combattant. Dans les grandes métropoles également. Toujours selon le sondage, 29 % des personnes interrogées ont déjà renoncé à des déplacements par crainte de se perdre et 22 % par incapacité à construire son itinéraire. « La mobilité n’est pas uniquement une affaire d’offre de transports », explique Florence Gilbert, directrice générale de Wimoov, c’est aussi la capacité à pouvoir comprendre le système de transports en place.

« Si la mobilité est un enjeu d’égalité, elle est aussi pour les collectivités un défi économique à relever. Faute de moyens de mobilité, bon nombre de zones périurbaines et rurales ont vu des pans entiers d’activités disparaître, et leur taux de chômage explosé », avertit Sandrine De-Boras. Et les jeunes sont les plus touchés : selon une autre enquête menée, en décembre 2016, par l’institut Elabe pour le LMI, un jeune sur deux déclare avoir déjà renoncé à un travail ou à une formation faute de moyen de déplacement. « On comprend comment les différents potentiels de mobilité créent et creusent les inégalités », réagit Valérie Dreyfuss.

Prendre en compte les contraintes, la clé des solutions efficaces

«  À Agen, les moyens doivent être adaptés à la structure de la population, et aux nouveaux modes de vie et de travail désynchronisés. Dans l’agglomération agenaise, la population est vieillissante, ce qui sous-entend fragile, une réalité qu’il faut prendre en compte », préconise Éric Chareyron, directeur de la prospective, modes de vie et mobilité dans les territoires du groupe Keolis. « Pour l’heure, le cahier des charges a été défini en tenant compte de tous ces bouleversements démographiques, économiques et sociaux », riposte Pascal De Sernet.

Et à l’échelle de tous les territoires ? « La mobilité demande une reterritorialisation de la question pour y apporter des réponses adaptées à chaque territoire. La considérer comme un enjeu de responsabilité sociale de l’entreprise, c’est un premier pas essentiel », préconise Cynthia Fleury, philosophe politique et professeure associée à l’École nationale supérieure des mines de Paris et à la tête de la chaire de philosophie à l’hôpital Sainte-Anne. « Même si les grandes agglomérations continuent de capter l’essentiel du développement urbain, sur le terrain, des solutions innovantes émergent grâce à l’investissement des élus, à la multiplication des bonnes pratiques, à l’engagement des associations, constate Éric Le Breton, sociologue à l’université Rennes 2. Et à ce titre, la loi sur la mobilité tombe à pic parce qu’elle va donner une structure et du confort aux actions isolées ».

Danièle Licata

Source : RCL


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