L’évolution de la fonction achat

Publié le 15 avril 2011 à 0h00 - par

Alain Mourier est responsable des enseignements en achat hospitalier à l’Institut du Management de l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP). Cet expert chevronné nous explique en quoi la fonction achat évolue à l’hôpital et détaille les impacts qu’elle produit sur la formation des cadres supérieurs hospitaliers (directeurs-adjoints, pharmaciens, ingénieurs, attachés d’administration).

Qui sont les acheteurs dans les hôpitaux publics ?

Les acheteurs ont des profils professionnels différents en raison de la variété, de la complexité et de la grande technicité des activités d’un établissement hospitalier. Ce sont encore le plus souvent les professionnels de chaque métier qui réalisent les achats de leur domaine : des pharmaciens, des ingénieurs et techniciens hospitaliers de diverses spécialités, des cadres administratifs et directeurs-adjoints.

Quelles sont les évolutions de la fonction achat dans les hôpitaux ?

Les achats représentent entre 25 et 30 % des dépenses d’un hôpital. Le montant annuel des achats de l’ensemble des établissements de santé publics et non lucratifs, est de l’ordre de 24 milliards d’euros.
Face aux exigences actuelles de maîtrise de la dépense publique, la fonction achat est mise à contribution et doit évoluer rapidement. Elle doit d’abord s’adapter à la nouvelle gouvernance interne des hôpitaux qui implique plus directement le corps médical et tous les professionnels soignants. Elle doit également développer son efficience et favoriser une amélioration permanente des résultats : gains économiques et qualité, mais aussi recherche d’innovation.
À cette fin, la plupart des établissements hospitaliers mettent en place de véritables directions transversales des achats ou confient clairement à un directeur-adjoint la responsabilité de la politique globale des achats et des approvisionnements de l’établissement.

Par ailleurs, les hôpitaux s’organisent afin de mutualiser leurs achats pour peser davantage sur les fournisseurs, augmenter leurs expertises communes, réduire les coûts de procédures, obtenir des gains. À côté des groupements de commandes, dont la taille s’est élargie, de nouvelles organisations dédiées aux achats et bâties autour de réseaux d’établissements, ont été créées.

Enfin, des enjeux territoriaux liés aux coopérations hospitalières impliqueront de plus en plus souvent la prise en compte de la dimension logistique pour la maîtrise des approvisionnements.

Le paysage de l’achat hospitalier, s’il s’est déjà modifié, va donc encore connaître de rapides changements.

Quelle est l’incidence de ces évolutions sur le métier d’acheteur ?

Outre l’apparition de directeurs des achats, qui portent une vision stratégique de la fonction achat, un important mouvement de professionnalisation de l’achat se dessine.
Si la connaissance des règles et procédures de la commande publique reste indispensable, d’autres compétences sont également nécessaires :

  • des compétences relationnelles pour gérer les échanges avec les utilisateurs internes et pour contribuer aux actions d’achat collectives ;
  • de nouvelles capacités d’analyse des marchés fournisseurs associées à des pratiques d’achat toujours plus pertinentes (négociation, mesure de la performance…).

Dans quelques établissements apparaissent déjà des fonctions d’acheteurs à part entière, les professionnels métiers se recentrant sur leur domaine et n’étant que contributeurs du processus d’achat.

Quel que soit le contexte, ces évolutions génèrent un besoin important de formation et de développement des compétences des acheteurs hospitaliers.

Pour en savoir plus :

Achats, logistique et fonctions support à l’hôpital, coordonné par Dominique Legouge, directeur du GIP RESAH-IDF et président de l’Association Française des Acheteurs Hospitaliers (AsFAH), publié aux éditions Weka.


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