Fréquence de vidange des piscines municipales : un équilibre entre la santé et l’écologie

Publié le 13 janvier 2025 à 13h30 - par

Le gouvernement envisage de limiter le nombre de vidanges des piscines publiques. Si une vidange trop fréquente s’accorde mal avec la rareté de la ressource en eau, il ne faut pas pour autant créer des risques pour la santé des baigneurs. L’Anses devrait rendre un avis dans les mois qui viennent sur une intervention au cas par cas.

Fréquence de vidange des piscines municipales : un équilibre entre la santé et l'écologie
© Par New Africa - stock.adobe.com

Actuellement, les piscines publiques doivent opérer une vidange complète des bassins au moins une fois par an, pour respecter les normes de qualité de l’eau figurant au Code de la santé publique. Or, ces opérations qui coûtent extrêmement cher aux collectivités sont peu écologiques. Certaines communes souhaiteraient donc supprimer totalement cette obligation, comme c’est le cas en Allemagne ou en Suisse, précise la députée du Morbihan, Nicole Le Peih, dans une question écrite adressée à la ministre de la Santé et de l’accès aux soins en novembre dernier. Présidant le huitième comité interministériel de la transformation publique (CITP), le 23 avril 2024, l’ex-Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé que cette obligation de vidange annuelle, « en décalage avec la gestion contrainte de la ressource en eau, peu pertinente au regard des contrôles quotidiens déjà réalisés par les exploitants et les services des agences régionales de santé », serait supprimée. Quelque 30 millions d’euros seraient en jeu pour les collectivités territoriales.

Toutefois, la sénatrice de Paris Catherine Dumas, qui a également interrogé la ministre sur ce point en octobre 2024, s’inquiète de la qualité des eaux de baignade en piscine et de la sécurité sanitaire des baigneurs. Car, non seulement le nombre de vidanges obligatoires avait déjà été baissé de quatre par an à une seule en 2016, mais les contrôles sanitaires des agences régionales de santé ont également été espacés en 2021, passant d’une fois par mois à une par trimestre. Or, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) note, dans un avis du 12 novembre 2019, que la qualité de l’eau et de l’air s’est dégradée dans les piscines recevant du public, « avec des répercussions néfastes sur les professionnels et les usagers ». Et, sollicité par des parlementaires favorables à la suppression de la vidange annuelle, le ministère de la Santé justifiait « il y a encore peu de temps », précise la sénatrice, la vidange annuelle alors en vigueur par des motifs de santé publique. Le ministère précisait que cette opération « vise à assurer la sécurité sanitaire des baigneurs en les protégeant des pathologies pouvant être associées à la baignade en piscine » et qu’elle « permet le nettoyage complet et la désinfection des bassins ainsi que le renouvellement de l’eau de la piscine dont la qualité ne peut plus être assurée par le traitement habituel ».

Catherine Dumas ajoute que le ministère de la Santé affirmait aussi que passer à une vidange annuelle avait augmenté les risques de sur-concentration en chlorures dans les bassins, des dépassements des normes réglementaires de qualité d’eau ayant été régulièrement détectés dans plusieurs piscines du territoire.

Au cas par cas

Relayant l’inquiétude des professionnels chargés d’entretenir et de surveiller les piscines, la sénatrice de Paris suggère de s’orienter davantage vers une meilleure utilisation du recyclage des eaux de piscines, plutôt que de supprimer la vidange annuelle, « gage d’un meilleur niveau de santé publique ». La députée du Morbihan estime pour sa part qu’il conviendrait de modifier « enfin » l’arrêté de 1981 pour assouplir la conduite et la périodicité des opérations de vidange des piscines publiques. Car, pour le moment, aucun texte n’est venu appuyer les déclarations de Gabriel Attal. Dans sa réponse, le ministère de la Santé précise qu’avant d’engager « les travaux réglementaires requis par la décision du comité interministériel de la transformation publique », il attend l’avis de l’Anses. En effet, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, saisie le 9 juin 2023 sur l’opportunité d’envisager une vidange au cas par cas, au lieu d’une vidange périodique minimale obligatoire, devrait rendre son rapport au premier trimestre 2025. Un « prérequis nécessaire », précise le ministère.

En attendant un nouveau texte, réutiliser les eaux de lavage des filtres des bassins (sauf premières eaux et en appliquant un traitement de microfiltration a minima) est autorisé pour laver les filtres et alimenter les bassins, pédiluves et rampes d’aspersion pour pieds, depuis le 1er janvier 2022. Par ailleurs, depuis le 1er septembre 2024, les eaux issues notamment des vidanges, partielles ou complètes, des piscines peuvent servir à divers usages domestiques : lavage des surfaces extérieures, arrosage des toitures et des murs végétalisés à l’échelle du bâtiment…

Marie Gasnier


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