L’ANDES s’inquiète déjà de l’héritage des JO de Paris 2024

Publié le 22 juillet 2024 à 10h40 - par

Selon l’association des élus chargés du sport, le gouvernement sacrifie l’héritage des Jeux olympiques.

L’ANDES s’inquiète déjà de l’héritage des JO de Paris 2024
© Par genielutz - Pixabay.com

À quelques jours de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Paris 2024, l’Association nationale des élus en charge du sport (ANDES) se dit très inquiète des coupes budgétaires affectant les équipements sportifs. En décembre 2023, avec le soutien des acteurs du sport français, la ministre des Sports, des jeux Olympiques et Paralympiques avait obtenu 300 millions d’euros dans la loi de finances pour 2024 en faveur du plan 5 000 équipements – Génération 2024, soit 100 millions d’euros par an sur la période 2024-2026. Dès le printemps, cet engagement s’est vu amputé de 50 millions d’euros, concentrés sur les crédits de réserve et les projets de cours actives et sportives, éléments innovants du Design Actif pour promouvoir la pratique sportive au cœur des établissements scolaires, précise l’ANDES. Porté par l’Agence nationale du sport (AnS), ce dispositif a été réduit de 10 à 2,5 millions d’euros.

À la veille de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, les élus du réseau ANDES constatent, « avec consternation », que la moitié des crédits dédiés aux équipements structurants locaux (gymnases, piscines, terrains synthétiques…) a été gelée. L’enveloppe initiale de 50 millions d’euros a fondu à 25 millions d’euros. « Ce gel imposé par Bercy, conduit en catimini, est une réelle provocation pour les acteurs du sport et, en particulier, les collectivités locales, qui sont mobilisées, depuis plusieurs années, pour faire de la France une nation plus sportive, grâce à l’accélérateur de Paris 2024 », dénonce l’association.

Pour son président Patrick Appéré, adjoint au maire de Brest, « Bercy sacrifie l’héritage des Jeux. Cette décision est inacceptable. Comment réussir l’héritage et l’accueil de dizaines de milliers de nouveaux licenciés avec la dynamique de Paris et de la Grande Cause nationale en amputant de 50 % les crédits en faveur des équipements sportifs structurants locaux ? » « C’est un incompréhensible sabotage des politiques sportives territoriales, ajoute le secrétaire général de l’ANDES, Vincent Saulnier, maire délégué de Château-Gontier. Et le gel simultané de 50 % des crédits des 1 000 emplois socio-sportifs prévus dans les quartiers prioritaires de la ville, promis après les émeutes de l’été 2023, une autre provocation auprès des bénévoles des clubs sportifs et des élus en charge du sport. »

L’ANDES va donc mobiliser son réseau de 8 000 collectivités et sa centaine de référents départementaux et régionaux pour interpeller les nouveaux députés, « après cette inique décision de Bercy, afin de débloquer le gel de ces 30 millions d’euros de crédits avant le 15 septembre prochain ».

Quelques jours auparavant, les économistes du Groupe BPCE ont publié le prolongement de l’analyse approfondie de la filière sport en France, qu’ils mènent depuis 4 ans. La filière sport constitue un écosystème très diversifié réunissant à la fois le secteur public, des petites communes au ministère des Sports, le secteur associatif avec ses 15 millions de licenciés, les 144 000 entreprises du sport, du coach indépendant aux entreprises de taille intermédiaire (ETI) internationales et, surtout, 74 % des Français qui déclarent « faire du sport » (occasionnellement ou régulièrement), rappellent-ils.

À partir des travaux menés sur tous les agents économiques de la filière, BPCE L’Observatoire évalue le poids du sport dans le PIB à 2,6 % en 2022, soit 68 milliards d’euros. Selon cette étude, les collectivités territoriales sont « le premier financeur public du sport en France. » Leur contribution est estimée par BPCE L’Observatoire à 14 milliards d’euros en 2022, soit près du double du budget de l’État dans le sport, y compris l’Éducation nationale. « Malgré la crise sanitaire et la pression sur les finances locales, les dépenses sportives des collectivités territoriales ont nettement progressé », soulignent les auteurs de l’étude.

Avec 12,3 milliards d’euros, la majeure partie de cette contribution est portée par le bloc communal : 8,7 milliards d’euros pour les communes, 3,6 milliards d’euros pour les intercommunalités. Le rôle des départements et des régions s’avère plus limité à l’échelle nationale, même s’il est important dans certains territoires (Mayenne, Nièvre, Seine-Saint-Denis, Corse et Outre-mer).

Les collectivités locales détiennent ainsi plus de 80 % des 332 000 équipements sportifs recensés en France et ont investi environ 5,8 milliards d’euros en 2022, poursuit l’étude. Toutefois, malgré cet effort récurrent, 22 % des équipements ont été construits avant 1985 et n’ont jamais été rénovés, complètent ses auteurs. Certains territoires, comme l’Île-de-France, la Bretagne, l’Alsace et Rhône-Alpes ont un parc d’équipements anciens non rénovés important, qui pourrait conduire les élus à privilégier une politique de rénovation du parc existant et à limiter la construction de nouveaux équipements.

Cette situation est plus fréquente dans les grandes villes, où l’essor du sport a été plus précoce et qui doivent composer aujourd’hui avec une raréfaction du foncier. « Le défi de la rénovation est aussi énergétique puisque près de deux équipements “indoor” sur trois sont chauffés au fioul ou au gaz, avec un enjeu non seulement climatique, mais aussi de coût de fonctionnement futur, donc de préservation d’un service public du sport de qualité », insiste BPCE L’Observatoire.


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