Les inégalités d’accès aux services publics ont de multiples causes, selon le collectif Nos services publics

Publié aujourd'hui à 15h10 - par

Selon un rapport du collectif Nos services publics, les inégalités face aux services publics dépassent la fracture territoriale. Avec, pour conséquence, un accès aux services publics qui « se fragmente, se complexifie, et ne permet pas de garantir des droits universels ».

Les inégalités d'accès aux services publics ont de multiples causes, selon le collectif Nos services publics
© Par Esta Webster - stock.adobe.com

Les inégalités face à l’offre de services publics ne sont pas uniquement dues à des raisons territoriales, explique le collectif Nos services publics dans un rapport 2025 sur l’état des services publics. Au-delà des oppositions classiques entre zones urbaines et rurales, quartiers de politique de la ville et de gentrification urbaine, métropole et Outre-mer, les inégalités d’accès aux services publics de base relèvent également d’autres facteurs, tenant aux difficultés d’accès réel ou à la moindre qualité des services fournis. La dimension territoriale se cumule alors avec la question sociale.

Le recul des services publics accentue de multiples inégalités sociales et territoriales. Ainsi, ces quarante dernières années, l’implantation des services publics historiques a diminué sur l’ensemble du territoire, ce qui évoque un abandon de la France rurale au détriment de la France urbaine. Mais, par rapport à l’évolution des besoins, on constate aussi un décalage croissant entre les services publics et la population ; en creusant les inégalités, il accentue des fissures sociales et territoriales qui dépassent la notion de densité de population.

Ainsi, en matière de soins, les évolutions importantes de l’offre de ville tendent à accentuer une polarisation entre le nord et le sud du pays, avec une concentration des médecins spécialistes sur certaines portions du littoral et dans les grandes villes. Une partie de la population doit renoncer à se faire soigner ou différer la consultation médicale. De même, les filières d’enseignement longues et prestigieuses sont concentrées dans quelques grandes villes, au sein desquelles l’allocation des moyens accentue elle-même la polarisation sociale et territoriale de l’accès aux études. Quant au logement social, il est surtout implanté dans les quartiers les plus pauvres et le décalage avec les besoins s’accentue, notamment dans les métropoles.

Une demande de logement déposée au guichet a davantage de chances d’aboutir

La recomposition des guichets de services publics présents sur le territoire s’inscrit dans un contexte de fortes contraintes budgétaires, où la fermeture de points d’accueil traditionnels et la dématérialisation se confrontent à un besoin d’accompagnement humain dans l’accès aux droits. Alors que le réseau de guichets spécifiques (trésorerie, centre des impôts, pôle emploi, mutualité sociale agricole, caisses d’allocations familiales…) se réduit, les maisons France services sont censées prendre le relais. Mais, malgré un déploiement géographique important, la qualité de l’offre proposée est inégale, en raison notamment des relations entre France services et les opérateurs qui lui sous-traitent leur guichet, précise le collectif Nos services publics.

Ce qui importe, ce n’est pas uniquement la présence d’un guichet mais sa capacité réelle à offrir un service complet, de qualité et adapté aux besoins. Sans compter que la numérisation de la relation administrative, en dehors de toute médiation, transfère à l’usager la charge de comprendre et d’exécuter les démarches. Et, donc, lui transfère la responsabilité d’éventuelles erreurs. En outre, de nombreux citoyens renoncent à leurs droits ou subissent des inégalités. Deux exemples : seuls 57 % des allocataires du RSA se déclarent satisfaits du service dématérialisé et les demandes de logement social ont 27 % de chances de plus d’aboutir à une attribution lorsqu’elles sont déposées à un guichet que si elles sont faites en ligne.

Le rapport étudie les succès et les limites du modèle actuel de services publics dans six secteurs clefs, à l’aune de données statistiques, d’analyses juridiques et historiques et de la réalité telle que la vivent les citoyens : guichets administratifs, santé, éducation, enseignement supérieur, logement et eau.

Marie Gasnier


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