Le Gouvernement annonce de nouvelles mesures pour améliorer le tri des déchets

Publié le 23 juin 2023 à 11h10 - par

En matière de réemploi et de recyclage des déchets municipaux, la France n’est pas sûre d’atteindre ses objectifs pour 2025, prévient la Commission européenne.

Le Gouvernement annonce de nouvelles mesures pour améliorer le tri des déchets
© Image par Rosy de Pixabay

Selon le rapport d’alerte publié le 8 juin 2023 par la Commission européenne, la France risque de ne pas atteindre l’objectif de 55 % fixé pour 2025 concernant le réemploi et le recyclage de ses déchets municipaux. Si la France est sur la bonne voie s’agissant de l’objectif de recyclage de 65 % de l’ensemble des déchets d’emballages d’ici à 2025, cela est loin d’être le cas pour l’objectif de 50 % d’ici 2025 s’appliquant spécifiquement aux emballages en plastique.

En France, le taux de recyclage des déchets municipaux a régulièrement augmenté, passant de 42,9 % en 2016 à 45,1 % en 2018. Mais, depuis, il diminue. En 2020, celui-ci est ainsi retombé à 42,7 %. Parallèlement, le taux de mise en décharge est passé de 22,4 % en 2016 à 18,1 % en 2020, se rapprochant ainsi de l’objectif européen fixé pour 2035. À savoir : ne pas mettre plus de 10 % des déchets municipaux en décharge. Par ailleurs, la France présente déjà des taux de recyclage des déchets d’emballages supérieurs aux objectifs de recyclage (65,6 % en 2019). Notre pays a également atteint les objectifs pour la plupart des types de déchets d’emballages (papier et carton, métal, bois et verre). Néanmoins, le taux de recyclage des déchets d’emballages en plastique demeure très éloigné de l’objectif de 50 % (26,9 % en 2019), s’inquiète la Commission européenne dans son rapport.

Au-delà de ces chiffres bruts, la Commission européenne a listé certaines des principales difficultés auxquelles notre pays se heurte dans le domaine de la gestion des déchets. Au menu :

  • La collecte et le traitement des biodéchets municipaux sont insuffisants. La collecte séparée des biodéchets n’est pas courante en France. Seule une petite partie de la population est couverte par un système de collecte séparée ;
  • Le captage des emballages en plastique dans les systèmes de collecte séparée est insuffisant. L’introduction de systèmes de consigne pour les emballages en plastique peut augmenter ces taux de captage, indique le rapport ;
  • Les régimes de responsabilité élargie des producteurs ne couvrent pas les déchets d’emballages en plastique commerciaux. En outre, dans certaines régions du pays, ces régimes ne couvrent pas tous les types d’emballages en plastique.

« La France a introduit de nombreuses mesures nouvelles qui devraient permettre d’améliorer les résultats dans les années à venir. Toutefois, comme il faut généralement du temps pour observer pleinement les effets de ces mesures, il convient d’intensifier considérablement les efforts pour que tous les objectifs fixés pour 2025 soient atteints », préconise la Commission européenne. Elle formule donc quatre recommandations principales pour soutenir les efforts de la France. Au programme :

  1. Soutenir la préparation en vue du réemploi des déchets municipaux et les systèmes de réemploi des emballages ;
  2. Améliorer le tri et la collecte des biodéchets à la source et veiller à ce que les capacités consacrées à leur traitement soient suffisantes ;
  3. Mettre en œuvre un système de paiement aux déchets qui couvre l’ensemble de la population et incite davantage le public à trier les déchets à la source ;
  4. Améliorer et étendre les systèmes de collecte séparée, en particulier pour les déchets plastiques, et garantir que tous les types de déchets d’emballages en plastique sont collectés.

En réponse aux observations critiques de la Commission européenne, le Gouvernement a annoncé, le 22 juin 2023, une série de mesures pour tenter d’améliorer le tri et le recyclage des déchets ménagers et des emballages. Première mesure concrète : le retour d’ici à 2 ans de la consigne sur les emballages alimentaires en verre. Des expérimentations vont démarrer l’an prochain dans des enseignes d’hypermarchés volontaires, qui vont reprendre des emballages vides réutilisables, a indiqué la secrétaire d’État chargée de l’Écologie, Bérangère Couillard. Parallèlement, un fonds de 50 millions d’euros est destiné à inciter les producteurs de pâtes à tartiner, de sauces ou de sodas, à adopter des contenants en verre standard et réutilisables au lieu du plastique jetable.

La Commission européenne a surtout épinglé la France pour ses piètres performances en matière de gestion des déchets ménagers, surtout sur les emballages plastiques. Environ 23 % seulement de ces derniers sont collectés et recyclés en France, avec un taux de collecte des bouteilles qui plafonne à 60 % en 2021 et 2022, alors que la consommation des bouteilles plastiques est repartie à la hausse de 4 % en 2022, reconnaît la secrétaire d’État. « Si nous restons sur cette trajectoire, à ce rythme, en 2029 nous n’arriverons même pas aux objectifs fixés pour 2025 », déplore Bérangère Couillard.

La « mère des batailles, c’est de baisser la production de plastique », insiste-t-elle. La secrétaire d’État chargée de l’Écologie se dit prête à « interdire les plastiques non recyclables d’ici 2025 », citant notamment « les barquettes alimentaires noir de carbone type sushi » et le « polystyrène expansé et ses billes blanches. » Côté plastique, Bérangère Couillard a aussi confirmé que la décision attendue sur la création d’une consigne pour recyclage sur les bouteilles en plastique usagées était « reportée » à « fin septembre. »

Autre mesure annoncée par la secrétaire d’État : la mise en place progressive de poubelles jaunes de tri des emballages recyclables dans les rues, les zones touristiques, les entreprises et les lieux recevant du public. « Dans les poubelles de rue, nous avons du mal à trier et donc in fine à recycler les plastiques », pointe-t-elle.

Enfin, du côté des ménages, la secrétaire d’État chargée de l’Écologie souhaite encourager la « tarification incitative » pour les déchets, afin de faire payer ceux qui trient mal, ou des bonus-malus. « Plus les Français trient, moins ils paient », résume-t-elle. La tarification incitative couvre déjà 7 millions de Français, dans certaines villes comme la Roche-sur-Yon, ou Besançon.


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