« Vivre bien, bio et local » : une coopérative rurale relève le défi en Lozère

Publié le 13 août 2019 à 6h00 - par

Faire revivre un village en mettant en œuvre des solutions pour consommer bio et local : c’est le pari que s’est fixé la coopérative d’habitants qui dynamise depuis 2012 Pied-de-Borne (Lozère) à travers une épicerie participative, en attendant des jardins partagés et une auberge.

"Vivre bien, bio et local" : une coopérative rurale relève le défi en Lozère

« Je conseillais de grosses collectivités dans le domaine du développement durable, il y avait beaucoup de recommandations dans les documents mais rien n’en sortait dans la réalité. Ici, j’ai voulu appliquer concrètement une sorte de développement local durable à l’échelle d’un village », explique à l’AFP Cyrille Souche, 49 ans, l’un des coopérateurs à l’origine de « Ma Coop – La Vie au Vert », lancée en 2012.

« L’idée est que les gens se réapproprient localement des enjeux forts comme l’alimentation, le fait de consommer local, d’être solidaires les uns des autres, de recréer du lien social… », résume ce chef d’entreprise originaire d’Avignon.

Avec un petit noyau d’une dizaine de personnes, Cyrille, tombé sous le charme de cette partie des Cévennes située aux confins de l’Ardèche et du Gard, dans les gorges étroites du Chassezac, cherche alors à reprendre l’épicerie « moribonde » de Pied-de-Borne. « Personne ne voulait en entendre parler, ni la mairie, ni la banque, ni les fournisseurs qui avaient essuyé trois plantages successifs avant nous », raconte-t-il.

Mais le petit groupe s’obstine en « remettant l’humain au cœur du projet », souligne David Naulin, 44 ans, autre pilier de la coopérative. « L’idée c’était de garder un espace ouvert à la population 7 jours sur 7 qui soit une épicerie mais surtout un lieu convivial, où les gens puissent se rencontrer, construire des projets en commun ».

« Vie de famille »

Sept ans après le début de l’aventure, « La Vie au Vert » compte 60 coopérateurs sur quelque 180 habitants. La clientèle est essentiellement composée de néo-ruraux, de retraités, d’habitants de résidences secondaires et de touristes, notamment belges et allemands.

L’épicerie/boulangerie coopérative fait un chiffre d’affaires de quelque 300 000 euros par an, a crée six emplois au Smic, dispose de 2 000 produits référencés, dont plus de 60 % sont bio tandis que les produits locaux représentent 30 % des ventes. La mairie est désormais partie prenante de l’aventure et l’épicerie fournit aussi la cantine de la petite école voisine, passée au bio depuis deux ans.

« L’épicerie c’est le cœur du village, on y fait la papote, on rigole mais surtout on partage une éthique de vie – une consommation saine et locale – et cette volonté de faire vivre le village, les vallées d’une façon correcte, respectueuse de l’environnement », souligne Valérie, une autre coopératrice. « Cela a du sens de ne pas faire des kilomètres inutiles dans un village dont l’habitat est dispersé sur 20 hameaux isolés avec des routes étroites et sinueuses », relève cette ancienne altiste de l’Orchestre national de Lyon installée à plein temps dans un hameau voisin depuis qu’elle a pris sa retraite, il y a un an.

Comme Valérie, venue avec son petit-fils de 7 ans, de nombreux coopérateurs affluent vers l’épicerie autour de 10h00 une fois par semaine et forment une chaîne pour décharger dans une ambiance chaleureuse le camion vert et blanc aveyronnais contenant 50 % des références du magasin, pour l’essentiel du bio.

« L’épicerie d’avant, c’était un peu un mouroir alors qu’aujourd’hui la coopérative c’est une sorte de vie de famille, on a plein d’autres projets fantastiques qui se mettent en place en commun », s’enthousiasme Alexandre, retraité et ex-directeur de l’école.

La coopérative rurale lance actuellement des jardins participatifs, toujours dans l’idée de « créer un circuit le plus court possible entre la production et la consommation », explique Cyrille. À l’automne, un atelier de transformation de produits alimentaires devrait également voir le jour. Et en mars 2020 l’ouverture d’une auberge – chambres et restaurant – devrait permettre de créer trois nouveaux emplois et d’élargir le nombre des coopérateurs pour donner un nouveau souffle à cette dynamique locale.

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