Cités éducatives : une démarche à consolider

Publié le 19 octobre 2021 à 9h17 - par

Un rapport pointe les fragilités et les vertus des cités éducatives implantées dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.

Cités éducatives : une démarche à consolider

Lancé en septembre 2019, le programme des cités éducatives vise à dynamiser les quartiers prioritaires de la ville (QPV) via une mobilisation autour de l’enjeu éducatif coordonnée par la préfecture, les services académiques et les collectivités territoriales. Le gouvernement a affecté à cette démarche un budget de 100 millions d’euros sur la période 2019-2022. Les 80 premières cités éducatives ont été labellisées dès 2019. Depuis janvier 2021, elles sont 126 et le Premier ministre a annoncé une extension du dispositif à 200 cités éducatives d’ici fin 2022. La mission d’appui et d’accompagnement des cités éducatives conduite par l’Inspection générale de l’administration (IGA) et l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) a rendu son rapport au mois de juin, avant sa publication fin septembre. « Au-delà de toute velléité de contrôle et d’évaluation, le rapport pointe les fragilités et les vertus de cette démarche », expliquent ses trois auteurs.

Originale dans sa conception transversale entre deux ministères et entre les acteurs locaux, la démarche des cités éducatives « apparaît bien acceptée », observe le rapport IGÉSR-IGA. Considérée comme particulièrement novatrice, celle-ci « n’est pas vécue comme un énième avatar de la politique de la ville et est porteuse d’espoir quant à son potentiel de transformation de l’action publique », commentent ses auteurs. Toutefois, la gouvernance du dispositif sur le terrain est parfois contrariée par des velléités de leadership entre les services des préfectures (« celui qui paye décide ») et les services académiques, qui considèrent l’éducation comme « leur » domaine. La collectivité territoriale peut également être tentée de privilégier ses choix politiques locaux au détriment d’une démarche nationale partagée. Pour surmonter ces obstacles, la mission insiste, s’agissant de l’organisation des cités éducatives, sur la place centrale des deux fonctions opérationnelles : celle du principal de collège, chef de file de la cité éducative, et celle du chef de projet opérationnel de la cité éducative.

Le rapport souligne également la nécessité de l’approfondissement d’un cadre pour l’action locale de chaque cité éducative, qui passe par l’élaboration d’une stratégie et par un projet éducatif global touchant l’ensemble des enfants et des jeunes de 0 à 25 ans et associant l’ensemble des acteurs de l’éducation, dans l’acception la plus large. Au final, si elle apparaît bien engagée, la démarche « requiert une consolidation », préviennent les inspecteurs.

Par ailleurs, la mission considère qu’il est trop tôt pour mesurer des effets sur les résultats scolaires et sur l’évolution des pratiques pédagogiques des enseignants, « mais que toutes les conditions sont réunies pour que de tels effets soient observables à court terme ». Ses membres font donc des préconisations pour éviter l’écueil d’un énième dispositif de la politique de la ville et de l’éducation prioritaire, comme le craignent de nombreux interlocuteurs qu’ils ont rencontrés.

La question de la pérennisation et notamment du financement, au-delà de 2022, est posée et mérite une réponse, tout comme la dotation de moyens humains adaptés pour tenir la charge d’une coordination nationale de 200 cités éducatives, ne manque pas de rappeler le rapport IGÉSR-IGA. Aussi, « au-delà de l’indispensable portage politique fort et permanent », la mission suggère qu’une délégation interministérielle soit créée pour porter et accompagner dans les territoires les spécificités de la démarche des cités éducatives.


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