La « classe inversée », une pédagogie qui séduit de plus en plus de professeurs

Publié le 4 décembre 2017 à 11h48 - par

La méthode de la « classe inversée », qui consiste à faire découvrir les leçons à la maison pour se concentrer en classe sur les exercices, séduit de plus en plus de profs, qui apprécient de pouvoir consacrer davantage de temps à leurs élèves.

La "classe inversée", une pédagogie qui séduit de plus en plus de professeurs

Dans cette classe du lycée privé Sainte-Ursule à Paris (XVIIe), des élèves de seconde participent à un cours de physique un peu particulier. Ici, pas de cours magistral. Le professeur, Damien Scimeca, entame la session avec une correction d’exercices. Puis les élèves sont regroupés par petits groupes autour d’un ordinateur pour comprendre les ressorts mécaniques de la « chute libre ».

Il les fait participer, répond à leurs questions et passe derrière chacun pour vérifier que ses explications sont bien comprises. À la fin de la session, il leur donne un lien renvoyant vers la vidéo du prochain cours, qu’ils visionneront chez eux, sur un ordinateur ou un smartphone.

Comme Damien Scimeca, quelque 20 000 professeurs en France sont aujourd’hui adeptes de la « classe inversée », selon la principale association qui promeut cet enseignement, « Inversons la classe ».

Cette méthode, née aux États-Unis au milieu des années 2000, consiste à inverser la nature des activités pédagogiques en classe et à la maison : les élèves se concentrent chez eux sur la partie magistrale du cours, au moyen le plus souvent de vidéos, et le temps de classe est dévolu aux exercices et activités.

« Avant on perdait du temps à prendre tout le cours en note, alors qu’avec cette méthode on approfondit vraiment le cours en classe et on l’assimile beaucoup mieux », estime Sacha, l’un des élèves de Damien Scimeca. « Comme on fait les exercices en classe, on peut poser directement les questions au professeur si on ne comprend pas », approuve Gaspard.

De son côté, l’enseignant se réjouit de « pouvoir libérer du temps en classe » et être en mesure d’accompagner ceux qui ont le plus de difficultés.

Classe renversée

Parmi les établissements qui appliquent cette méthode, la « classe inversée » est pratiquée majoritairement au collège (45 %), moins au lycée (35 %) et plus rarement au primaire (10 %) et dans le supérieur (10 %).

Quand l’association « Inversons la classe » s’est créée en 2013, seulement quelques dizaines d’enseignants la pratiquaient. Depuis, le nombre d’adeptes a grossi, séduits par ses avantages : « On constate notamment une amélioration de la motivation des élèves et une réduction des inégalités », assure sa présidente, Héloïse Dufour.

Ses détracteurs avancent que tous les élèves ne regardent pas les vidéos, que la méthode n’est pas adaptée à tous les profils ou qu’elle surestime l’autonomie de certains.

« Ce n’est pas la méthode miracle mais c’est un plus », juge Sandrine Descombes, professeure en CM2 en Saône-et-Loire. Elle s’appuie sur des capsules vidéo d’environ 5 minutes, qui se visionnent comme un diaporama. « Les élèves qui n’ont pas pu les regarder chez eux le font en début de cours et lorsque celui-ci commence, c’est assez sécurisant car ils savent de quoi on va parler ».

Elle affirme pouvoir passer du temps avec tous, y compris « les très bons, qu’on a parfois tendance à laisser un peu de côté ». Et « je n’ai plus besoin de faire la police en classe pour capter l’attention des enfants ».

Certains enseignants vont encore plus loin. Professeur de biologie à l’université catholique de Lille, Jean-Charles Cailliez milite pour la classe « renversée » : « Ce sont les élèves qui construisent le cours, en utilisant des ressources sur internet ou dans des bibliothèques numériques. Ils le testent ensuite sur le prof, qui devient l’élève ».

Ce ne sont plus seulement les connaissances qui entrent en jeu mais aussi d’autres compétences, comme la capacité à s’entraider, puisque la méthode s’appuie sur du travail collaboratif et le partage de documents.

Autre bénéfice, selon M. Cailliez : « Si on considère qu’en moyenne les élèves retiennent 50 à 60 % du contenu d’un cours, grâce à cette méthode, ils le retiennent de manière durable puisqu’ils l’ont construit eux-mêmes ».

 

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2017


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Éducation »

Voir toutes les ressources numériques Éducation