Rentrée des classes : pas de masque mais inquiétude sur la pénurie de professeurs

Publié le 31 août 2022 à 9h25 - par

Quelque douze millions d’élèves retournent à l’école jeudi 1er septembre, sans masque et avec un protocole sanitaire allégé. Cette année, l’inquiétude porte sur la crise de recrutement des enseignants, malgré les promesses du ministre de l’Éducation Pap Ndiaye d’avoir « un professeur devant chaque classe ».

Rentrée des classes : pas de masque mais inquiétude sur la pénurie de professeurs

Contrairement aux deux rentrées précédentes, enseignants et élèves ne porteront pas le masque, en raison de l’accalmie sur le front du Covid-19. Il y a deux ans, les collégiens et lycéens avaient dû le mettre, l’an dernier, c’était le cas de tous les élèves à partir du CP.

Le protocole applicable à la rentrée sera cette fois au niveau « socle », le plus bas du nouveau cadre sanitaire. Il prévoit, outre l’absence de masque, que les élèves soient accueillis en présentiel, sans restriction pour les activités physiques et sans limitation de brassage entre eux.

Mais la rentrée 2022 se déroulera sous tension en raison d’une crise du recrutement des enseignants – un phénomène qui n’est pas nouveau mais qui s’est encore aggravé cette année – avec plus de 4 000 postes non pourvus aux concours dans le pays, sur 27 300 postes ouverts dans le public et le privé (et 850 000 enseignants au total).

« Nous avons des difficultés de recrutement qui sont liées à la perte d’attractivité » mais « nous faisons au mieux, dans des conditions qui ne sont pas optimales », a dit mardi 30 août sur RTL le ministre Pap Ndiaye, affirmant que « la rentrée se fera dans des conditions très convenables ».

Pour pallier cette pénurie, l’Éducation nationale a recruté des enseignants contractuels – 3 000 selon Pap Ndiaye – formés en quelques jours avant de se retrouver face à une classe.

Sur la question des rémunérations des professeurs, inférieures à la moyenne de l’OCDE et levier pour recruter davantage, le ministre a précisé mardi qu’« il est clair qu’un débutant ne peut pas gagner plus qu’un professeur qui a une dizaine d’années d’expérience ». « Il faut donc aussi toucher au milieu de carrière de manière à ce qu’il y ait une revalorisation attractive », a-t-il poursuivi.

« Tension inédite »

Il a reconnu que cette rentrée, sa première en tant que ministre, se ferait dans « un contexte de tension inédite pour le recrutement des professeurs », mais s’est voulu rassurant, promettant à plusieurs reprises qu’il y aurait « un professeur devant chaque classe dans toutes les écoles de France ».

Les syndicats, eux, tirent le signal d’alarme. « La promesse d’un professeur devant chaque élève semble plus ressembler à un slogan politique qu’à la réalité », a déclaré lundi 29 août 2022 Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

« La difficulté, c’est qu’on a un manque criant d’enseignants, et un manque criant de remplaçants », a abondé Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire. Le syndicat SE-Unsa a de son côté alerté sur la « fragilité » du système éducatif, déjà éprouvé par la crise sanitaire et les réformes successives.

Cantine et fournitures

Animateurs et chauffeurs de cars scolaires pourraient aussi venir à manquer car ces professions sont également touchées par une pénurie de personnels.

Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a souligné la semaine dernière qu’il y avait « encore des risques » que le ramassage scolaire ne puisse pas être entièrement assuré, même si le problème devrait être « d’ampleur limitée ».

Pour les familles, la rentrée se fera aussi sous le signe de l’inflation, qui n’épargne pas l’école. Dans sa 38e enquête annuelle sur le coût de la rentrée en classe de sixième, la fédération nationale Familles de France a constaté une « forte hausse de 4,25 % du coût des fournitures scolaires ».

La hausse des prix alimentaires et de l’énergie devrait aussi se répercuter sur le coût des repas dans les cantines, qui pèsera sur les budgets des collectivités locales ou des parents d’élèves.

Le ministère de l’Éducation s’est « engagé pour un soutien accru aux familles en difficulté afin que les élèves puissent suivre leur scolarité dans de bonnes conditions », via notamment la possible hausse de 50 % des fonds sociaux dès cette rentrée, a indiqué Pap Ndiaye.

Des collectivités ont opté pour la distribution de kits gratuits de fournitures, à l’instar d’Aubervilliers et de Bobigny en Seine-Saint-Denis pour l’élémentaire, ou du département des Bouches-du-Rhône pour les collèges.

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