Un rapport pointe l’échec de l’école à réduire les inégalités sociales

Publié le 8 septembre 2023 à 9h00 - par

L’origine sociale, le genre et le statut migratoire pèsent sur les trajectoires scolaires des élèves en France et l’école échoue à réduire les inégalités, qui se creusent de la petite enfance aux études supérieures, selon un rapport de France Stratégie publié mercredi 6 septembre 2023.

Un rapport pointe l'échec de l'école à réduire les inégalités sociales

« L’école en France peine à déjouer le rôle exercé par l’origine sociale, le sexe et l’ascendance migratoire sur les performances et les parcours des élèves », souligne ce rapport du service de prospective de Matignon.

« C’est l’origine sociale qui, dans notre pays, pèse le plus sur les trajectoires des élèves », poursuit-il, tirant ainsi un diagnostic semblable aux études internationales PISA menées depuis une vingtaine d’années par l’OCDE. En revanche, « les inégalités nettes liées à l’ascendance migratoire et au genre sont plutôt moins prononcées en France qu’ailleurs ».

Cette étude analyse la manière dont se fabriquent les inégalités aux différentes étapes (crèche, école primaire, collège et lycée), en fonction de trois variables (sociale, migratoire et de genre), à partir des statistiques du ministère de l’Éducation, de l’OCDE, etc.

Le poids de l’origine sociale est « massif », et ce dès l’âge de 2 ans, où « les enfants issus d’un milieu socialement ou culturellement favorisé maîtrisent davantage de compétences utiles pour l’acquisition ultérieure des savoirs scolaires » (vocabulaire notamment), constatent les autrices du rapport. Or les enfants défavorisés sont peu accueillis en crèche, alors qu’ils « ont le plus à gagner des modes d’accueil formés ».

Les enfants issus de milieux favorisés « maintiennent cet avantage à l’école », et l’école primaire (maternelle et élémentaire) « constitue une étape importante de la cristallisation » des trajectoires, poursuivent-elles.

Les élèves arrivent ensuite « diversement préparés » au collège, et la ségrégation sociale et scolaire entre établissements « contribue à la divergence des parcours ». Après le collège, « accélérateur des inégalités scolaires », les « inégalités dans les chances de réussite perdurent, voire se creusent au lycée ».

« Des inégalités horizontales », liées notamment aux spécialités choisies au lycée général, viennent « se superposer aux inégalités verticales d’accès et de niveau de diplôme », et « l’accès à l’enseignement supérieur prolonge les inégalités de parcours scolaires », selon le rapport.

Ce panorama « conduit à interroger la question du ciblage des politiques éducatives », conclut-il.

« Comment articuler à la fois la priorité au primaire, qu’il paraît nécessaire de continuer à alimenter, et l’investissement des autres étapes de la scolarité ? », a souligné l’une des autrices, Johanna Barasz, lors d’une conférence de presse mercredi 6 septembre 2023.

Pour elle, « la question doit dépasser » aussi « celle des seuls Réseaux d’éducation prioritaire » (REP) : les enfants défavorisés ne sont pas tous scolarisés dans ces REP et une partie échappe donc aux politiques d’aide.

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