Avec le changement climatique, les communes doivent intervenir sur les cours d’école, pour les rendre plus agréables à vivre en été et mieux gérer les eaux pluviales en favorisant l’infiltration. En effet, avec leurs surfaces importantes, elles peuvent répondre à la fois au besoin d’intégrer la nature en ville et de lutter contre les îlots de chaleur urbains. « Il s’agit de repenser ces espaces qui ont été standardisés dans les années 90, lorsqu’ont été retirés de nombreux éléments qui présentaient des risques pour les élèves », a expliqué Loena Trouvé, chef de projet aménagement et transition du Cerema, lors d’un atelier sur la végétalisation des cours d’école, le 21 novembre 2023 au Salon des Maires de France. Depuis quelques années, le Cerema a ainsi accompagné plusieurs collectivités qui souhaitaient réaménager des cours d’école.
Au-delà du diagnostic sur les changements à apporter aux cours , il convient d’organiser une concertation impliquant les riverains, les parents, le personnel. Ainsi, la ville de Libourne (Gironde, 25 000 habitants) souhaitait intégrer davantage de nature et de biodiversité dans les cours de ses écoles en remplacement des traditionnels enrobés. Dans une école primaire dont la cour était presque totalement imperméabilisée, les eaux pluviales étaient évacuées par le réseau d’assainissement pluvial et des phénomènes d’eaux stagnantes se produisaient après les gros orages. En période de forte chaleur, cette cour était très inconfortable. Les surfaces perméables ont été augmentées pour limiter le ruissellement des eaux pluviales et introduire de nouveaux milieux vivants et ombragés, afin d’abaisser les températures estivales. De nombreuses réalisations y ont contribué : désimperméabilisation de plus de 40 % de la cour, bosquet pédagogique avec des bacs potagers, salon de lecture à l’ombre, nouveau sol perméable avec semis de prairie fleurie pour les arbres existants, création d’une fresque ludique et colorée au sol conçue avec les enfants et leurs enseignants pour éclaircir l’enrobé restant et diminuer la chaleur du sol, plantation de quatre-vingt-dix arbres dont les essences ont été choisies avec l’aide des agents d’entretien des espaces verts en fonction des périodes de présence des enfants… Les matériaux utilisés sont locaux, biodégradables et renouvelables. La conception, menée avec l’appui d’un cabinet d’architecte-paysagiste, a laissé part à la concertation autour notamment d’une maquette de la cour.
À Saint-Cloud (Hauts-de-Seine, 30 000 habitants), dans une cour d’école maternelle de plus de 1 000 m2 aux deux tiers imperméabilisée, les températures étaient très élevées, en particulier lors des fortes chaleurs caniculaires. Dans le cadre d’une stratégie de lutte contre les îlots de chaleur, la ville a décidé de créer des sols perméables en copeaux de bois et de végétaliser une partie de la cour. Parmi les travaux réalisés, il faut noter la mise en place d’enrobé clair, la création de tranchées drainantes et l’aménagement d’un « jardin de pluie » de 40 m2, grâce auquel la gestion des pluies courantes se fait désormais à ciel ouvert, avec un bassin de gestion des eaux pluviales. Une partie du réseau de collecte enterré a été conservée pour absorber les pluies exceptionnelles. Les pentes ont été réaménagées et le talus remodelé, en intégrant notamment un toboggan. Le projet, entièrement conduit en interne, a permis d’augmenter les surfaces perméables d’une partie de la cour, tout en exploitant la topographie existante pour agrandir l’espace. Une fontaine d’eau potable et un banc circulaire placé sous l’arbre principal au milieu de la cour complètent l’aménagement.
En Ardèche, le village de Limans (300 habitants) a réalisé une désimperméabilisation partielle de sa petite cour d’école, avec une implication importante de la population, des enseignants, de la mairie et des enfants. Au programme : gravillons, copeaux de bois, compost, plantation d’arbres, préau en amphithéâtre, mobilier ludique, potager… Une petite yourte a été construite avec la participation des parents. Aujourd’hui, tous ces éléments cohabitent avec l’asphalte (la cour avait été refaite en 2011), où les enfants peuvent toujours faire du vélo.
Marie Gasnier
