Énergies renouvelables en France : gare au décrochage entre objectifs et réalité

Publié le 12 janvier 2021 à 11h22 - par

Les énergies renouvelables électriques ont continué à se développer en France en 2020, photovoltaïque et éolien en tête, mais à un rythme insuffisant pour tenir les objectifs du pays, selon un bilan annuel.

Renouvelables en France : gare au décrochage entre objectifs et réalité

« La crise sanitaire n’explique pas à elle seule ces ralentissements », souligne le baromètre 2020 produit par l’observatoire spécialisé indépendant Observ’ER avec la Fédération des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
 
L’an passé (octobre 2019-septembre 2020), la production renouvelable a couvert plus de 27 % de la consommation électrique, en phase avec les objectifs nationaux (grâce aussi à une moindre demande liée au ralentissement industriel et à des températures clémentes). Ce fut même plus de 35 % en Auvergne Rhône-Alpes, Occitanie, Grand Est et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
 
À fin septembre, la puissance renouvelable raccordée était de 56,5 gigawatts (GW), dont une petite moitié issue de l’hydro-électricité (2,8 GW installés en un an, après 2,7 GW l’année précédente). Quelque 89 % de cette puissance nouvellement installée vient de l’éolien terrestre et du photovoltaïque.
 
Par rapport à la feuille de route énergétique de la France à horizon 2028, le baromètre relève toutefois « un risque de décrochage pour la filière éolienne » (avec une projection à 31 GW, au rythme actuel, au lieu de 33-34 prévus).
 
Et c’est « un décrochage déjà réel pour la filière photovoltaïque » (18 GW anticipés au lieu d’une fourchette de 35-44 GW) : il faudrait que le secteur multiplie par plus de trois sa dynamique et raccorde 3 GW par an, « une gageure au vu des performances passées ».
 
« Le rythme n’est pas suffisant pour atteindre les objectifs, et c’est un retard difficile à rattraper », souligne Frédéric Tuillé, responsable des études chez Observ’ER.
 
Les projets portés par des acteurs locaux (professionnels, collectivités, syndicats d’énergie…) se développent, et les régions disposent pratiquement toutes d’orientations via leur schéma d’aménagement du territoire. « Mais se pose la question des moyens dont elles disposent pour l’atteindre », ajoute le rapport.
 
Les auteurs soulignent l’enjeu de l’acceptation locale des projets. À cette fin, l’Ademe a annoncé le déploiement de conseillers territoriaux.
 
Vincent Jacques Le Seigneur, président d’Observ’ER, a notamment déploré que « les pouvoirs publics soufflent en permanence le chaud et le froid, au niveau de l’État comme de collectivités », sur l’éolien, disant ses craintes de voir les contestations s’étendre au photovoltaïque « s’il n’y a pas plus de concertation ».

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