Moins plébiscitée, la « colo » veut séduire davantage les parents

Publié le 24 juillet 2017 à 12h31 - par

Que reste-t-il des « jolies colonies de vacances » chantées par Pierre Perret ? Plus moderne, plus thématique, mais aussi plus chère, la colo est chaque année moins plébiscitée par les parents, alors qu’elle reste synonyme de « liberté » pour les enfants.

Moins plébiscité la colo veut séduire les parents

Dans un studio de musique flambant neuf situé au cœur de Paris, des adolescents répètent le titre de Bob Marley « No woman no cry ».

Venus de Bourgogne, des Charentes ou de Rhône-Alpes, ces 15-17 ans participent depuis une semaine au séjour « Musique et découverte de Paris » proposé par les Activités sociales de l’énergie, une caisse où cotise l’entreprise d’un de leurs parents.

« Ce que j’aime, c’est qu’on apprend des choses et on fait des nouvelles rencontres », dit à  l’AFP Tom, 15 ans, qui s’essaye aux percussions.

Ce dijonnais, qui va entrer en seconde, a choisi ce séjour pour son thème, mais aussi pour découvrir la capitale. Défilé du 14 Juillet, feu d’artifice, sorties : « la colo, c’est la liberté sans les parents », sourit-il.

La colonie de vacances, immortalisée par le tube de l’été 1966 de Pierre Perret, a changé. Thématiques plus variées, du sport, de la culture, des séjours à l’étranger, les catalogues sont montés en gamme.

La fréquentation, en revanche, baisse régulièrement depuis 20 ans, en raison notamment du coût des séjours (en moyenne 500 euros par enfant pour une semaine) et des inquiétudes des parents concernant la sécurité.

Sylvie, mère de trois enfants, a vite fait le compte : « à 600 euros pour chacun, ça fait cher la semaine de tranquillité ».

Aux colos, citoyens

En 2016, 1,2 million d’enfants ont été accueillis dans 39 000 colonies contre 1,5 million en 2008 pour 47 000 séjours.

Chaque année, près de trois millions d’enfants et adolescents, soit 25 % de cette classe d’âge, ne partent jamais en vacances, relève l’Insee.

« La dégradation du pouvoir d’achat des familles a rendu l’accès aux colonies de vacances plus difficile, notamment pour les enfants des familles à revenus moyens », analyse la Jeunesse au Plein air (JPA), organisme qui soutient financièrement les départs, constatant que « les inégalités se creusent ».

Conséquence, « l’un des derniers espaces de mixité sociale et du vivre-ensemble est délaissé », regrette sa directrice Anne Carayon.

Selon un sondage Ifop commandé par cet organisme qui fédère 40 associations, 64 % des parents n’ont jamais proposé à leur enfant d’aller en colo. Ils sont seulement 35 % à ne jamais leur avoir proposé le centre de loisirs.

Principales raisons invoquées : en premier lieu la disponibilité des parents pour garder l’enfant, puis le prix jugé « trop onéreux », et la « confiance dans le personnel et l’organisation ».

Pour permettre à davantage d’enfants d’accéder aux colos, près de neuf parents sur dix interrogés (88 %) seraient favorables à une présentation annuelle des actions des centres d’accueil collectifs, notamment dans les écoles, et huit sur dix souhaiteraient l’ouverture d’un « compte épargne colo » qui ne serait pas soumis à l’impôt, selon ce sondage.

« On remarque que les colonies pâtissent d’un manque d’information sur leur projet éducatif alors que la majorité convient que c’est un endroit essentiel dans le parcours d’un enfant et qu’on y apprend la vie en collectivité », décrypte Anne Carayon.

L’association vient de lancer la campagne « Aux colos, citoyens ! », espérant sensibiliser les parents mais aussi pousser les élus, notamment les nouveaux députés, à visiter les séjours organisés sur leur territoire.

Lucas, 15 ans, est l’apprenti-chanteur de la colo musicale. Habitué aux séjours collectifs depuis ses sept ans, il n’a pas manqué une année et choisit désormais lui-même ses vacances. « Le premier jour, je suis toujours un peu timide mais au bout de deux jours on est déjà tous amis », raconte-t-il à l’AFP.

Fin juillet, lors d’un grand concert marquant la fin la colo, il sera la voix principale du titre « Envole-moi » de Jean-Jacques Goldman. De quoi « ramener des souvenirs pour toute l’année », confie-t-il.

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