Une commune sur quatre prévoit de renouveler ses réseaux d’eau potable dans les douze prochains mois, selon un sondage exclusif* réalisé en janvier par Odoxa pour Sade (filiale de NGE, spécialiste de la conception, la construction, la réhabilitation et l’entretien des réseaux), dévoilé à l’occasion du « Carrefour de l’eau » fin janvier à Rennes. Cités à 25 %, ces travaux de renouvellement des réseaux d’eau constituent la troisième priorité d’investissement des maires en matière d’infrastructures et d’aménagements urbains pour l’année en cours. Loin, toutefois, de la voirie (64 %) et des bâtiments publics (62 %) mais devant le logement, les énergies renouvelables, la végétalisation, les réseaux d’énergie et les transports (3 %).
Sans grande surprise, les élus et décideurs municipaux du quart sud-est sont les plus conscients de la nécessité d’investir dans les réseaux d’eau : 40 % les placent en tête de leurs priorités, contre 25 % en moyenne nationale. C’est également une priorité pour 40 % des élus des communes de 2 000 à 20 000 habitants.
L’enquête montre également un déficit d’information des communes sur l’état de leurs infrastructures : 46 % sous-estiment la perte réelle due aux fuites de leurs réseaux de distribution d’eau potable. En effet, plus de quatre maires sur dix l’évaluent à moins de 10 %, alors qu’elle atteindrait 20 % à l’échelon national, selon l’Office français de la biodiversité – soit 937 millions de m3 par an. La plus forte part d’erreur (49 %) provient des maires de communes rurales tandis qu’elle est moins élevée chez les maires de petites villes (39 %) ou de villes moyennes et grandes (33 %). En outre, plus de la moitié des sondés (56 %) déclarent mal connaître les mesures du Plan eau de 2023 dont l’un des objectifs est précisément de réduire les fuites pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable. Dans le sud-est, davantage exposé aux risques de sécheresse, 50 % des élus affirment être informés de ces mesures.
Urgence ?
Les communes ne ressentent pas d’urgence pour renouveler leurs réseaux. Six élus sur dix estiment être dans les temps, tandis qu’un sur quatre considère être en retard ; 17 % se pensent toutefois en avance (21 % dans les grandes villes, 17 % dans les communes rurales et 10 % dans les villes moyennes).
Le Plan eau prévoyait une enveloppe de 180 millions chaque année pour accompagner ces lourds travaux de rénovation des réseaux. Pour les financer, 42 % des élus sont prêts à recourir aux partenariats publics privés (PPP) mais 21 % y seraient opposés. Les élus des communes rurales de moins de 2 000 habitants accepteraient ce type de financement à 44 % et les maires des villes de plus de 20 000 habitants à 41 %, tandis que ceux des petites villes seraient plus frileux (33 %).
Dans sa déclaration de politique générale du 14 janvier 2025, François Bayrou a notamment évoqué l’ambition de tenir une « grande conférence nationale sur l’eau déclinée dans les régions ».
Martine Courgnaud – Del Ry
* Enquête par internet du 10 au 16 janvier 2025 auprès d’un échantillon représentatif de 532 maires et décideurs municipaux.