Le quatorzième panorama de l’emploi territorial, publié par la Fédération nationale des centres de gestion (FNCDG) et l’Association nationale des directeurs et directeurs adjoints des centres de gestion (ANDCDG), fournit une nouvelle radiographie de l’emploi territorial. En 2023, le nombre d’agents contractuels de la fonction publique territoriale (FPT) a augmenté de 6,1 % : la hausse la plus importante depuis 2015. En parallèle, le nombre de fonctionnaires diminue. Ainsi, au 31 décembre 2023, la FPT comptait 1 424 400 fonctionnaires (soit 17 200 agents de moins) et 523 100 contractuels.
L’analyse des offres d’emploi publiées par les collectivités sur emploi–territorial.fr montre une croissance soutenue des offres, face à un déséquilibre des candidatures. En 2024, les centres de gestion ont diffusé 261 787 annonces. La très grande majorité provient des communes (53,7 %) et des intercos (17,8 %) et concerne plutôt des postes techniques (38,5 %) et administratifs (28,8 %). Toutefois, le nombre d’offres a diminué dans les filières administrative (- 1 %) et sportive (- 7 %). Entre 2023 et 2024, les annonces ont augmenté respectivement de 8 % et 20 % pour les catégories B et C, et de 2 % pour les catégories A et A+.
La difficulté à recruter des candidats qualifiés et expérimentés se poursuit : 19 % des offres n’ont pas été pourvues l’an dernier. En effet, sur l’ensemble des 250 métiers de la FPT, près de 8 000 postes n’ont pas trouvé preneur en 2024, en particulier dans les métropoles qui ont connu 4,3 % de recrutements infructueux contre 1,8 % en moyenne pour les autres collectivités. De nombreux métiers sont toujours en tension : médecins, policiers municipaux, chargés d’études et de conception en voirie et réseaux divers, chargés de réalisation de travaux, voirie et réseaux divers, éducateurs de jeunes enfants… On identifie les métiers dans lesquels on peine le plus à recruter en combinant deux critères : au moins mille postes ont été ouverts en 2024 et la durée moyenne de publication des offres est plus importante que ce qui est légalement requis (un mois minimum sur le portail Choisir le service public).
Le métier de secrétaire général de mairie n’apparaît pas dans le « top 10 » des métiers en tension. Le panorama constate que les délais de recrutement sont passés de 46 jours à 40 jours, « une évolution modeste, qui constitue un signe encourageant ». Il semble que les dispositifs spécifiques, notamment les actions de professionnalisation et d’accompagnement mises en œuvre par les centres de gestion commencent à être efficaces. Ces initiatives contribuent à mieux préparer les candidats potentiels, renforcer la visibilité et l’attractivité du métier et rendre les processus de recrutement plus fluides. Mais les difficultés persistent dans certains territoires ruraux ou faiblement peuplés.
Parmi les solutions, les centres de gestion mettent en avant les missions temporaires, comme porte d’accès à la FPT. L’intérim, souvent perçu comme un recours ponctuel, devient une opportunité professionnelle à part entière. En 2024, 65 % des demandeurs d’emploi ont accepté une mission temporaire (+ 2 points par rapport à 2023). Ils identifient mieux les avantages de ces missions, notamment « dans un objectif de mise en réseau ou de pré-recrutement ». Les 25-54 ans sont les plus favorables à l’intérim, qui attire des profils divers, notamment les niveaux bac et bac+2, mais moins les diplômes de niveau très élevé (bac+5 et au-delà).
Un agent sur dix est parti pour invalidité
L’âge moyen de départ à la retraite dans la FPT se situe autour de 62,8 ans, tandis que les départs pour invalidité interviennent en moyenne à 57,8 ans. Le dispositif de retraite anticipé pour carrière longue demeure très utilisé – un tiers des nouveaux retraités territoriaux en 2023. Les départs pour invalidité ont concerné environ un agent sur dix, soit une augmentation de 11 % en un an. De nombreux agents territoriaux ayant eu des métiers pénibles arrivent en fin de carrière. Ils ne remplissent pas forcément les conditions pour une retraite anticipée active, mais leur état de santé dégradé justifie la mise à la retraite anticipée pour invalidité. Par ailleurs, les démarches de reconnaissance d’invalidité et les politiques de prévention en collectivité ont évolué, ce qui peut conduire à davantage de départs anticipés, sécurisés pour raisons médicales. Parmi les 5 170 agents partis pour invalidité, la part des femmes est surreprésentée (62 %), ainsi que vraisemblablement une proportion importante d’agents de catégorie C où les contraintes physiques sont élevées.
Marie Gasnier
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38 868 employeurs territoriaux font travailler 2,034 millions d’agents publics, dont 51 % dans les communes, 15 % dans les intercos, 14 % dans les départements, 5 % dans les régions… |
