Urbanistes territoriaux : un métier en évolution

Publié le 12 juin 2013 à 0h00 - par

Les contours de la profession d’urbaniste sont mal délimités. Il s’agit d’un « métier flou » qui varie selon la fonction et le statut occupés, les compétences exercées, la formation initiale poursuivie et le type de structure où le professionnel exerce son savoir-faire.

Cette réalité du métier souligne l’importance de réaliser un état des lieux sur les activités et les compétences des urbanistes au sein des collectivités territoriales et des EPCI. Il est important de connaître la formation initiale, les savoir-faire, les apprentissages, les compétences acquises et développées par les urbanistes de la fonction publique territoriale. Cela permet notamment de faire ressortir différents profils d’urbanistes par rapport aux besoins ressentis sur le terrain. Un référentiel statuts-métiers-compétences propre à la fonction publique territoriale peut ainsi être établi.

Compétences et savoir-faire des urbanistes

La grande diversité des profils des agents et le caractère pluridisciplinaire des équipes dans les pôles urbanisme doivent être relevés. Un tiers sont des directeurs des services, un tiers occupent des postes de direction de service ou de chef de projet et enfin un tiers n’ont pas de responsabilité de management. Toutefois, le critère du management n’est pas totalement exhaustif. Il ne dit rien sur l’expérience et les savoirs des agents en tant qu’urbanistes.

Les urbanistes en fonction ont suivi un cursus équivalent à un bac+5 ou supérieur. L’architecture est historiquement la discipline la plus liée à l’urbanisme. Les architectes de formation mettent en avant un savoir-faire particulier d’urbaniste à la fois technique et conceptuel. Ils le traduisent très souvent par une capacité à « spatialiser » les projets urbains et à les inscrire dans le territoire.

Leurs parcours professionnels sont variés. Même s’ils n’ont pas toujours exercé la profession d’urbaniste, ils ont toujours évolué dans le champ de l’urbain, du logement et du développement local. Leur carrière au sein de la fonction publique territoriale nécessite de changer régulièrement de collectivité, soit pour rentrer dans des collectivités de plus grande taille, soit parce que leur seule possibilité d’évoluer professionnellement est de changer de ville.

Le statut d’ingénieur et la réforme du concours

Le statut le plus courant des urbanistes est celui d’ingénieur. Le métier d’urbaniste nécessite un ensemble de compétences techniques qui légitiment leur statut d’ingénieur. Ces compétences ne se réduisent toutefois pas à celles acquises dans les écoles d’ingénieur. La restriction de l’accès au statut d’ingénieur aux seules écoles d’ingénieurs et d’architectes est perçue comme allant à l’encontre de la nécessaire pluridisciplinarité des équipes. Cela explique l’opposition des urbanistes à la réforme du concours d’accès au statut d’ingénieur.

Le basculement vers la filière administrative n’est pas souhaité par les urbanistes. Les raisons sont les suivantes : le statut d’attaché est moins bien rémunéré que le statut d’ingénieur, les formations d’urbaniste se prêtent plus au concours d’ingénieur qu’au concours d’attaché jugé trop « administrativo-juridique » et enfin les services d’urbanisme ont toujours construit leur politique de ressources humaines des cadres sur le statut d’ingénieur.

Les jeunes générations manifestent néanmoins moins de réserve pour se qualifier en tant qu’urbanistes puisque dans leur grande majorité, ils ont suivi un cursus d’urbanisme et ont acquis une culture de la « pluridisciplinarité ». En outre, ils travaillent au sein de services d’urbanisme dont les compétences concernent maintenant toutes les différentes étapes du projet urbain.

Intrinsèquement lié aux vagues de décentralisation, l’environnement de travail des urbanistes dans les collectivités territoriales évolue constamment. Leur cœur de métier est désormais de créer des passerelles entre le génie urbain et environnemental, les sciences humaines et sociales et la maîtrise des projets.