Conférence : les personnes handicapées et l’emploi dans la fonction publique

Publié le 7 juillet 2011 à 0h00 - par

Les administrations comblent leur retard en termes d’intégration des personnes handicapées depuis 2005 et la création du FIPHFP, d’après les intervenants présents le 17 juin au Salon de l’emploi public.

« La situation n’est pas la même aujourd’hui qu’avant 2005 », est convaincue Anne Baltazar, vice-présidente du FIPHFP. « Le taux d’emploi augmente lentement, mais de façon constante depuis six ans. Si bien qu’en 2008, on comptait 194 000 agents handicapés ». Comment s’explique ces progrès ? C’est simple : avant 2005, les administrations avaient obligation d’employer 6 % de personnes handicapées, mais aucune sanction dans le cas contraire. Depuis 2005, les mauvais élèves financent avec ce qu’il ne faut pas appeler des amendes le FIPHFP, dont la mission est de faciliter l’insertion, la reconnaissance, l’accessibilité pour les handicapés à la fonction publique.

« Le FIPHFP a pour mission le recrutement, le maintien et l’évolution des handicapés dans l’administration. Mais c’est à l’administration recruteuse de s’adresser à nous, pas au candidat. Nous proposons aussi des actions de sensibilisation, des études, diagnostics, aides à la formation ». De nombreux outils pour permettre aux administrations de rattraper leur retard, et donc d’éviter les sanctions financières. D’où les efforts poussifs, mais bien réels, des employeurs publics, pour atteindre ce taux de 6 %.

Pour recruter des personnes en situation de handicap, deux solutions : les concours, les mêmes que pour les personnes valides, bien que certains aménagements des épreuves soient possibles, et la voie contractuelle qui, selon Anne Baltazar, représente 90 % des recrutements de personnes handicapées. Celles-ci bénéficient de priorités sur les mutations, départs en retraite, etc.

Aujourd’hui, d’après les chiffres du FIPHFP, l’État emploie 3,99 % d’handicapés, un chiffre assez bas car l’Éducation nationale, à 1,23 %, rencontre des difficultés à atteindre ses objectifs, et a été sortie de son obligation. Pour optimiser les chiffres, le FIPHFP signe donc des conventions avec les administrations, afin d’aider celles-ci à atteindre leurs objectifs. Tous les ministères en ont signé une, ainsi qu’un certain nombre de collectivités, soit 200 conventions en tout. Dont la communauté urbaine de Lille (LMCU), dont l’élu délégué aux RH, Jean-Louis Frémaux, a présenté la politique d’intégration des personnes handicapées au sein des effectifs de son EPCI (LCMU revendique 4,85 % de personnes handicapées parmi ses agents, un taux quasi-exemplaire en comparaison avec la moyenne, de 4 %) et la campagne de sensibilisation interne menée par LMCU pour valoriser l’emploi des handicapés auprès de ses agents.

Car l’objectif n’est pas uniquement d’embaucher plus d’handicapés, mais aussi d’inciter les agents de la fonction publique souffrant d’un handicap, mais ne le faisant pas reconnaître, à demander le statut de travailleur handicapé, s’ouvrant ainsi de nouveaux droits, et gonflant ainsi les chiffres de l’employeur. D’où la journée nationale du handicap, au printemps dernier. D’où aussi les partenariats entre centres de gestion, cap emploi et Service d’appui et de maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés (Sameth), offrant « information et sensibilisation aussi bien aux personnels des centres de gestion qu’aux élus, avec pour objectif d’insérer 20 % des personnes handicapées en recherche d’emploi dans la fonction publique », selon Pascal Michel, directeur général de l’Unith.

En 2013, le taux de 6 % devra être atteint dans tous les ministères, selon une circulaire de 2007. Chacun a ses objectifs annuels, et risque de voir sa masse salariale gelée s’il ne les atteint pas. Huit ont déjà atteint ce taux, quatre l’ont dépassé. L’Éducation nationale et la Justice, notamment l’administration pénitentiaire, tirant l’ensemble vers le bas.

Pourtant, dans les faits, les employeurs publics ne sont pas toujours enclins à embaucher des handicapés. Ainsi des handicaps psychiques. « Pour la mairie de Paris, je suis forcément inapte, dois-je vraiment me déclarer comme handicapé ? » demande un agent en fin de conférence. « Les employeurs ne savent pas encore y faire concernant ce type de handicaps. La ville de Paris a pourtant fait beaucoup d’efforts pour les handicapés. C’est une mauvaise réponse assurément, mais il faut se rappeler que s’il n’y a pas d’incompatibilité de principe entre le handicap et la fonction publique, il peut y en avoir entre le handicap et un poste donné » répond Anne Baltazar. « Pour une candidature spontanée, mieux vaut ne pas dire qu’on est handicapé ». Le FIPHFP a encore de beaux jours devant lui…