Tout savoir sur la laïcité dans la fonction publique en 10 questions

Publié le 8 décembre 2025 à 8h45 - par

À la veille de la journée nationale de la laïcité ce 9 décembre, cet article vise à rappeler les droits, devoirs et bonnes pratiques attendues de chaque agent dans le cadre professionnel. Il s’agit d’éclairer les situations concrètes rencontrées dans les services territoriaux afin d’assurer un service public impartial, neutre et respectueux de chacun.

Tout savoir sur la laïcité dans la fonction publique en 10 questions
© Par Melkan Bassil - stock.adobe.com

La laïcité, inscrite au cœur de l’organisation républicaine, est fondée sur la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État. Ce principe garantit la liberté de conscience et impose la neutralité des services publics. Dans la fonction publique, la laïcité guide l’action quotidienne des agents et irrigue l’ensemble des relations professionnelles avec les usagers.

Les principes fondamentaux de la laïcité

1. Que signifie la neutralité religieuse pour un agent public ?

La neutralité religieuse impose à l’agent de ne manifester aucune conviction religieuse dans l’exercice de ses fonctions, ni par des paroles, ni par des tenues, ni par des comportements. Cette obligation découle directement de l’exigence d’impartialité du service public : l’usager doit pouvoir être assuré que seul l’intérêt général guide l’action du service. Toute manifestation religieuse visible pourrait être interprétée comme un parti pris et porter atteinte à l’égalité de traitement.

2. Pourquoi la séparation des Églises et de l’État concerne-t-elle directement les agents publics ?

Parce que cette séparation fonde le devoir de neutralité : les agents ne doivent ni promouvoir une religion, ni laisser transparaître leurs croyances personnelles dans l’exercice de leurs missions. Leur rôle est de garantir que le service public reste indépendant de toute influence religieuse. Ce principe protège l’usager, qui doit être accueilli sans distinction de croyance, et l’État, qui doit demeurer impartial.

3. Un agent public peut-il porter un signe religieux visible pendant son service ?

Non. Les agents publics, quel que soit leur poste, ne peuvent porter aucun signe religieux visible lorsqu’ils exercent leur mission. Cette interdiction n’est ni une restriction de la liberté personnelle, ni une remise en cause de la liberté de conscience : elle vise uniquement à préserver la neutralité du service public. En dehors du service, chaque agent retrouve bien entendu la pleine liberté de manifester ses convictions.

4. Quelles sanctions un agent risque-t-il en cas de non-respect du principe de laïcité ?

Le non-respect du principe de laïcité constitue une faute disciplinaire. L’administration doit alors engager une procédure permettant d’établir les faits et déterminer la sanction appropriée, qui peut aller du simple rappel à l’ordre jusqu’à la révocation dans les cas les plus graves. Cette démarche vise autant à protéger l’agent (respect du contradictoire) qu’à garantir la continuité d’un service strictement impartial.

5. Dans quelles situations la laïcité ne s’applique-t-elle pas à un agent public ?

La laïcité cesse de s’appliquer uniquement lorsque l’agent retrouve sa vie privée, en dehors du service et sans lien avec l’exercice de ses missions. Il peut alors pratiquer sa religion librement, participer à des cérémonies ou porter des signes religieux. Ces libertés ne peuvent toutefois jamais interférer avec son devoir de neutralité lorsqu’il exerce ses fonctions ou lorsqu’il représente son employeur public.

Application pratique de la laïcité au quotidien

6. Un agent peut-il exprimer son opinion religieuse à un usager ou à un collègue dans un cadre professionnel ?

Non. L’agent ne doit jamais exprimer ses convictions religieuses dans le cadre professionnel, même de manière discrète ou non prosélyte. Une simple allusion peut être perçue comme un jugement, une pression ou une prise de position contraire à l’obligation de neutralité. Le lieu de travail n’est pas un espace de débat religieux : il est un espace de service public.

7. Comment l’administration doit-elle agir si un agent adopte un comportement contraire à la laïcité ?

Elle doit d’abord constater les faits, puis engager une procédure disciplinaire conforme aux garanties statutaires. Ce traitement n’a pas pour objectif de juger les convictions de l’agent, mais d’assurer que son comportement reste compatible avec le principe de neutralité. La collectivité peut également proposer un accompagnement pédagogique (formation, rappel au cadre juridique) lorsque la situation le permet.

8. Un agent peut-il porter un signe religieux dans un service sans contact avec le public ?

Non. La neutralité s’impose dans toutes les situations, indépendamment du fait d’être en contact avec le public. Ce principe protège non seulement les usagers, mais aussi les collègues et la collectivité. Le devoir de neutralité s’attache à la fonction d’agent public elle-même, et non au niveau d’exposition ou à la nature du service.

9. Lors de cérémonies officielles (commémorations, hommages), un agent public peut-il afficher son appartenance religieuse ?

Non. Lorsqu’il participe à une cérémonie officielle au titre de ses fonctions, l’agent public incarne l’institution. À ce titre, il doit respecter la stricte neutralité religieuse et s’abstenir de tout signe ostentatoire ou comportement manifestant une croyance. La symbolique républicaine de ces événements impose une posture d’impartialité absolue.

10. Quelle est la finalité essentielle de la laïcité dans la fonction publique ?

La finalité première de la laïcité est d’assurer que la religion ne puisse influencer ni les décisions, ni le fonctionnement du service public. Elle garantit ainsi l’égalité des citoyens, protège la liberté de conscience de chacun et sécurise le caractère impartial de l’action publique. La laïcité n’est pas une option philosophique : elle constitue le socle du lien entre la République et ses usagers.

La laïcité repose sur un équilibre exigeant : liberté de conscience pour chacun, neutralité absolue de l’administration et de ses agents. Dans la fonction publique, elle irrigue chaque geste professionnel, chaque relation avec le public et chaque décision administrative. En la respectant, les agents contribuent au maintien d’un service public juste, égalitaire et fidèle aux valeurs républicaines. La journée du 9 décembre rappelle qu’elle n’est pas un principe abstrait, mais un cadre vivant, indispensable au bon fonctionnement de nos services publics.


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