L’illectronisme frappe 15 % de la population française

Publié le 25 juillet 2023 à 10h00 - par

Selon l’Insee, l’illectronisme s’accroît nettement avec l’âge et s’avère plus répandu parmi les personnes les plus modestes.

L’illectronisme frappe 15% de la population française
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En 2021, 15,4 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France (hors Mayotte) se trouvaient en situation d’illectronisme, selon une récente étude de l’Insee (Insee Première n° 1953 – Juin 2023). En effet, 13,9 % n’avaient pas utilisé Internet au cours des trois derniers mois et 1,5 % l’avaient utilisé sans toutefois posséder les compétences numériques de base.

Les personnes âgées et les plus modestes principales victimes de l’illectronisme

Sans surprise, les personnes les plus âgées sont les plus touchées par l’illectronisme, montre l’étude : 62 % des 75 ans ou plus, contre seulement 2 % des 15-24 ans. C’est aussi le cas de plus d’une personne de 60 ans ou plus sur trois. Au-delà de cet effet prépondérant de l’âge, l’illectronisme s’avère, là encore sans surprise, fortement lié au diplôme, au niveau de vie et à la profession. Ainsi, 9 % des ouvriers sont concernés, contre seulement 2 % des cadres. Et si un peu plus d’un tiers (36 %) des retraités sont touchés par l’illectronisme, leur population n’est pas homogène : plus de la moitié des anciens agriculteurs, commerçants et artisans (51 %) et des anciens ouvriers (53 %) sont en situation d’illectronisme, contre à peine un quart (23 %) des retraités ayant occupé une profession intermédiaire et un ancien cadre sur dix. Enfin, les habitants des départements d’Outre-mer (DOM) sont un peu plus concernés que ceux de France métropolitaine (20 % contre 15 %).

Les personnes sans diplôme présentent un risque 7 fois plus élevé d’être en situation d’illectronisme que les personnes ayant au moins un bac+3. Par ailleurs, les personnes vivant dans un ménage faisant partie des 20 % les plus modestes ont 6,6 fois plus de risques d’être en situation d’illectronisme que les 20 % les plus aisés. Autre enseignement de l’étude : les personnes vivant seules présentent un risque 3,2 fois plus élevé que les couples avec enfants. « Vivre avec des enfants favoriserait ainsi l’équipement et les compétences numériques », commentent ses deux auteures.

L’illectronisme a reculé pendant la crise sanitaire

La définition européenne de l’illectronisme a changé entre 2019 et 2021. Mais, en construisant un indicateur reposant sur quatre domaines de compétences – recherche d’information, communication, résolution de problèmes informatiques et utilisation de logiciels – mesurés en 2019 et 2021, il est possible de comparer la situation en 2021 à celle de l’année 2019. Mesuré selon cet indicateur, l’illectronisme a nettement baissé en 2 ans, passant de 17 % de personnes de 15 ans ou plus en situation d’illectronisme en 2019 à 14 % en 2021. Cette baisse n’est pas portée par un changement de structure de la population, la répartition par tranche d’âge ayant peu varié en 2 ans, mais par un changement dans les comportements liés aux technologies de l’information et de la communication, expliquent les auteures de l’étude. En effet, l’enquête, collectée au printemps 2021 durant le troisième confinement, inclut les modifications de comportements engendrées par la crise sanitaire. Le recul de l’illectronisme est donc l’un des rares effets collatéraux positifs de la crise liée au Covid-19 !

La fracture numérique s’est légèrement résorbée entre les générations. De fait, en 2 ans, l’illectronisme a davantage diminué pour les personnes les plus âgées (de l’ordre de 8 points pour les personnes de 75 ans ou plus et de 6 points pour les 60-74 ans, contre moins de 1 point pour les 15-24 ans). Toutefois, l’illectronisme ayant moins diminué pour les personnes les plus modestes, les inégalités se sont accentuées, sur cette même période, entre les plus et les moins aisés. Résultat : toutes choses égales par ailleurs, en 2021, les personnes les plus modestes présentent une probabilité d’illectronisme 6,5 fois plus grande que les personnes les plus aisées (contre 4,2 fois en 2019).

Point positif relevé par l’étude : la pratique de toutes les activités en ligne a augmenté entre 2019 et 2021 et le nombre de personnes sans aucune compétence a reculé dans chacun des quatre domaines. Ainsi, en matière de communication, le fait de téléphoner par Internet a bondi en 2 ans : la fréquence de cette pratique est passée de 44 % à 59 %. Et l’augmentation concerne toutes les classes d’âge, y compris les plus âgés. Dans le même temps, avec l’essor du télétravail et de l’enseignement à distance, pendant et après les périodes de confinement, les pratiques comme la modification de logiciel et la création de diaporamas se sont répandues chez les personnes en emploi, tandis que la proportion d’étudiants ayant suivi des cours en ligne a presque doublé. Enfin, une fois encore sans surprise, le nombre de personnes ayant fait des recherches sur Internet liées à la santé a augmenté, surtout parmi les 45-59 ans !


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