Hospitalisation à domicile : vers 30 000 patients par jour en 2018

Publié le 14 janvier 2013 à 0h00 - par

Olivier Paul, délégué national de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNHEAD), dresse un bilan de cette activité en France et présente les projets du secteur.

Weka.fr : La FNEHAD [regroupe plus de 90 % de l’activité d’hospitalisation à domicile en France] a organisé, le 6 décembre dernier, la 16e journée nationale de l’hospitalisation à domicile (HAD), avec pour thèmes les territoires et les inégalités de santé. Quel bilan en tirez-vous ?

Olivier Paul : Le bilan est positif. Il y a eu une vraie prise de recul par rapport au sujet : que sont les inégalités territoriales de santé ? Quel est le regard d’un géographe, d’un élu local et d’un régulateur sur ces inégalités ? Cette journée a donc permis de préciser ce qu’était une inégalité de santé et comment elle s’exprimait à l’échelle d’un pays comme la France.

Dans un second temps, des professionnels de terrains de tous horizons, travaillant de près ou de loin en HAD, ont donné leur point de vue sur la situation. On sait tous qu’on va aller vers plus de collaboration et de coopération, et pour y arriver au mieux, il faut en discuter, et l’HAD est un point de rencontre pour tous ces professionnels. C’est un modèle à part entière de coordination et de soins intégrés.

Weka.fr : Pouvez-vous préciser ?

Olivier Paul : L’HAD a plusieurs particularités. Tout d’abord, elle est un établissement de santé à part entière : les patients qu’elle prend en charge, à défaut d’HAD, auraient été hospitalisés dans un établissement de santé conventionnel. L’HAD a par ailleurs une responsabilité territoriale clairement définie : nos établissements sont autorisés par les Agences régionales de santé (ARS) pour un territoire donné, et sont certifiés par la Haute autorité de santé (HAS). Depuis l’an dernier, tous les départements français ont au moins un établissement d’hospitalisation à domicile. Maintenant, il y a toujours des zones difficiles d’accès, et la coopération avec les professionnels libéraux implantés localement est un bon moyen à la fois de couvrir plus facilement le territoire, et d’autre part de maintenir une patientèle à son domicile là où l’hôpital est le seul recours possible. Pour les infirmières, les médecins et les kinésithérapeutes libéraux par exemple, ce sont des patients qu’ils n’auraient pas eus sans le concours de l’HAD. Enfin, elle apporte des produits et des protocoles hospitaliers à domicile : de fait, l’HAD fait beaucoup de formation au profit des professionnels libéraux.

Weka.fr : Justement, en quoi l’HAD pourrait-elle permettre de désengorger les établissements de santé ?

Olivier Paul : Quand on parle de l’engorgement des hôpitaux, on parle plutôt de l’engorgement des urgences, particulièrement en ce qui concerne les personnes âgées qui n’ont bien souvent rien à y faire du point de vue médical. Nous avons un travail à mener avec les médecins traitants pour qu’ils acquièrent le « réflexe HAD », à nous ensuite d’organiser une admission rapide en HAD. Ça, on pourra le faire, et on pourra le faire de plus en plus vite.

Après, il y a tout ce qui concerne les missions et les responsabilités de l’hôpital. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, l’a bien rappelé dans le cadre de son « Pacte de confiance ». La vraie question est : qu’attend-on de l’hôpital ? Sa valeur ajoutée est indéniablement son plateau technique et sa capacité à établir vite et bien un bon diagnostic, une bonne stratégie thérapeutique et éventuellement, s’il y a besoin, de bénéficier d’un accès à l’imagerie et à toute une panoplie d’examens via les laboratoires. En revanche, le séjour, qui à un moment devient plus une hôtellerie plus ou moins médicalisée, devrait pouvoir se faire à domicile. On dit que dans 5 à 10 ans, 80 % de la chirurgie sera faite en ambulatoire. Il faudra se préparer à accompagner l’hôpital dans ce changement.

Weka.fr : À ce sujet, le docteur Elisabeth Hubert, présidente de la FNEHAD, a estimé que le nombre de patients hospitalisés par jour à domicile passerait de 13 000 à 30 000 d’ici 2018. Quelle organisation et quels moyens seraient nécessaires pour y parvenir ?

Olivier Paul : Petite précision : notre présidente n’a fait que reprendre un engagement pris par le ministère de la Santé, même si nous y adhérons complètement.

L’HAD est une activité prescrite par le médecin ou par l’hôpital. Aujourd’hui, il faut être clair : le développement de cette activité est freiné par la méconnaissance du secteur. Nous en sommes en partie responsables puisque, jusqu’à ce que nous couvrions tout le territoire, nous ne communiquions pas beaucoup.

Désormais c’est le cas, et nous avons besoin que les Agences régionales de santé (ARS) incitent les établissements hospitaliers à prescrire de l’HAD. Tous les hôpitaux signent un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) avec les ARS, on leur demande de l’efficience, pourquoi ne pas leur assigner un objectif ambitieux de recours à l’HAD ? Ce serait le meilleur moyen de les aider ! Et on pourrait tout à fait retrouver un objectif du même type pour les médecins traitants et pour les futurs pôles et maisons de santé.


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