Mieux prévenir les chutes des personnes âgées

Publié le 4 mars 2022 à 9h00 - par

La ministre déléguée chargée de l’Autonomie vient d’annoncer le lancement d’un plan national triennal antichute des personnes âgées.

Mieux prévenir les chutes des personnes âgées

Chaque année, on dénombre 2 millions de chutes chez les plus de 65 ans. Ces chutes sont responsables de plus de 100 000 hospitalisations et plus de 10 000 décès ! Au-delà de leurs conséquences physiques, psychologiques et sociales pour les personnes âgées, les chutes ont un coût pour la collectivité, estimé par le gouvernement à 2 milliards d’euros, dont 1,5 milliard pour la seule Assurance maladie.

À l’occasion d’un déplacement au CHU et au Gérontopôle de Toulouse, le 21 février 2022, la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, accompagnée de son homologue chargée des Sports, a donc présenté un plan d’action national pour lutter contre les chutes des personnes âgées. Objectif : réduire de 20 % les chutes mortelles ou invalidantes des personnes de 65 ans et plus d’ici 2024. La ministre ambitionne ainsi la réduction, sous 3 ans, du nombre annuel de séjours hospitaliers pour chute de 27 000 et du nombre annuel de chutes mortelles de personnes âgées de 2 000. « C’est la première fois qu’un gouvernement prend à bras le corps cet enjeu de santé publique majeur, se félicite Brigitte Bourguignon. Comme j’ai pu le voir sur le terrain, de trop nombreuses personnes âgées ne mesurent pas le risque de chute ou vivent dans des logements inadaptés. Il m’était donc indispensable de travailler sur un plan d’action national ambitieux et à la hauteur de l’enjeu, pour agir sur tous les leviers qui favorisent le bien vieillir chez soi et retardent la perte d’autonomie. Ce plan marque une nouvelle étape déterminante de mon combat pour le bien vieillir chez soi, qui redonnera pleinement aux personnes âgées le pouvoir de choisir leur lieu de vie. »

Le plan antichute porté par la ministre déléguée chargée de l’Autonomie organise une mobilisation générale autour de cinq axes prioritaires.

Axe 1 : Savoir repérer les risques de chutes et alerter

L’information et la sensibilisation des professionnels de santé et des personnes âgées, de leurs aidants, des élus et de la société civile sur le risque de chutes sont une des priorités du plan. Ainsi, plusieurs actions de sensibilisation seront menées, comme la diffusion à tous les acteurs des politiques de l’autonomie de fiches pratiques sur les profils types de chuteurs et les cinq signes « avant-chuteurs » et d’outils de repérage des fragilités.

Ce premier axe comprend quatre actions :

  • Informer les bénéficiaires et professionnels sur les risques de chute ;
  • Faire connaître les outils et développer les bilans de prévention auprès des personnes à risque ;
  • Promouvoir et informer les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), notamment en lien avec les protocoles de coopération ;
  • Contribuer au suivi et à l’évaluation du plan relatif aux objectifs nationaux et régionaux de réduction des chutes.

Axe 2 : Aménager son logement pour éviter les risques de chute

Le virage domiciliaire impulsé par le gouvernement soulève la question de l’adaptation du logement des personnes âgées pour une sécurité renforcée face aux risques de chutes à domicile. Des outils de repérage de baisse de l’autonomie et des risques logement, ainsi que l’intervention d’équipes mobiles dédiées au repérage des risques du logement, permettront d’identifier précisément les risques. Des aides techniques spécifiques à la prévention des chutes seront proposées pour adapter le domicile des personnes âgées. Ces dernières pourront obtenir de l’aide pour l’évaluation des risques et l’aménagement de leur logement en consultant le guichet unique : « Ma Prime Adapt’ ».

Ce deuxième axe comprend trois actions :

  • Promouvoir les outils d’évaluation des risques de chutes liés au logement ;
  • Former et faire intervenir à domicile des équipes mobiles au repérage des risques liés au logement
  • Soutenir le développement et relayer le dispositif Ma Prime Adapt’.

Axe 3 : Des aides techniques à la mobilité faites pour tous

Retrouver ou prolonger sa mobilité par l’emploi d’aides techniques est un enjeu essentiel de la prévention des chutes. Un accompagnement au bon choix et au bon usage d’aides techniques à la mobilité les plus pertinentes, 100 % remboursées, sera proposé pour favoriser au maximum le recours à ces aides. De plus, les personnes ayant déjà chuté seront prises en charge dans le cadre de modules spécifiques de rééducation post-hospitalisation.

Ce troisième axe comprend trois actions :

  • Favoriser la réduction du reste à charge des aides techniques les plus pertinentes ;
  • Promouvoir des modules de rééducation post-chute après une hospitalisation ;
  • Informer et former les professionnels sur les aides techniques.

Axe 4 : L’activité physique, meilleure arme antichute

Brigitte Bourguignon, en lien avec Roxana Maracineanu, souhaite renforcer le recours à l’activité physique adaptée (APA), en développant l’offre disponible. Les personnes de plus de 65 ans seront ainsi davantage orientées vers des programmes adaptés à leurs besoins, par exemple au sein des Maisons sport santé ou dans les CCAS, afin de davantage prévenir leur perte d’autonomie. De même, un « panier de soins » prévention des chutes sera expérimenté, dès 2022, avec l’intervention coordonnée de trois professionnels : un intervenant en activité physique adaptée, un diététicien et un ergothérapeute.

Ce quatrième axe comprend six actions :

  • Développer l’offre d’activité physique et d’activité physique adaptée (APA) ;
  • Dépister les besoins des personnes âgées en activité physique ;
  • Orienter les personnes vers des programmes d’activité physique adaptés à leurs capacités ;
  • Diffuser massivement le guide « Vie-eux » ;
  • Faire aboutir à la création d’un référentiel consacré à l’activité physique adaptée des séniors ;
  • Expérimenter un « panier de soins » prévention des chutes.

Axe 5 : La téléassistance pour tous

Pour faciliter le bien vieillir chez soi en toute sécurité, l’accès aux services de téléassistance sera favorisé, en réduisant le reste à charge pour les utilisateurs. Une étude sera engagée pour établir l’état des lieux et les perspectives de la téléassistance au regard de la prévention des chutes des personnes âgées et, en lien avec les gérontopôles, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) construira un Centre de preuves qui mettra en lumière les aides techniques les plus efficaces.

Ce cinquième axe comprend trois actions :

  • Généraliser le recours à la téléassistance comme un outil de prévention et de réduction de la morbidité associée aux chutes graves ;
  • Développer l’accès à la téléassistance en réduisant le reste à charge ;
  • Piloter des études sur l’usage de la téléassistance et sur un volet du centre de ressources/preuves de la CNSA, en lien avec les gérontopôles.

Ce plan national connaîtra des déclinaisons régionales et départementales. À cet effet, la ministre déléguée et la directrice générale de la CNSA ont adressé une circulaire aux directeurs généraux des ARS. Ces derniers sont ainsi chargés d’élaborer, d’ici septembre 2022, un plan régional antichute des personnes âgées séquencé sur 3 ans.