Vieillissement et accès aux soins : de grandes disparités entre territoires

Publié le 25 mai 2022 à 8h00 - par

Une étude de la Caisse des Dépôts analyse les disparités territoriales en matière de vieillissement et d’accès aux soins.

La répartition territoriale des personnes âgées n’est pas sans conséquences sur la prise en charge de la dépendance, laquelle suppose de mobiliser toute une palette d’intervenants des secteurs sanitaire et médico-social, selon notamment que les personnes concernées vivent à domicile ou en établissement. « La prise en charge du bien vieillir représente un enjeu complexe pour les politiques publiques, en partie du fait de grandes disparités entre territoires, tant en ce qui concerne les besoins des populations vieillissantes que l’offre de services, notamment de santé, mobilisable localement », expliquent les deux auteurs d’une étude publiée par le groupe Caisse des Dépôts (Questions Politiques Sociales – Les études, n° 37, mai 2022).

Dans un premier temps, ceux-ci mettent en évidence les contrastes géographiques selon les situations démographiques, mais aussi de fragilités économiques, sociales et de dépendance. Dans un second temps, leur étude analyse les différences locales d’accessibilité à travers trois professions de santé. À savoir : l’accessibilité aux médecins généralistes, aux infirmiers libéraux et aux masseurs-kinésithérapeutes, trois types d’intervenants jouant un rôle majeur pour le maintien à domicile des personnes âgées, aussi bien en termes de prévention de la dépendance que de prise en charge à domicile des personnes dépendantes dans des conditions satisfaisantes. Pour mener à bien leur travail, les auteurs ont mobilisé un ensemble de données
démo-économiques au niveau communal.

Les disparités territoriales en matière de vieillissement

Bien qu’un peu surreprésentées dans les zones rurales, les personnes âgées résident majoritairement dans les agglomérations et sur les littoraux, observe l’étude. L’analyse des disparités territoriales en matière de vieillissement met en évidence des contrastes importants entre les zones densément peuplées et les autres, mais aussi entre l’intérieur des terres et les littoraux atlantique et méditerranéen. Au sein des zones situées à l’intérieur des terres, on constate notamment, dans la sous-population des 60-74 ans, une fracture entre, d’une part, le nord et l’est, et d’autre part, le sud et l’ouest. Les situations de perte d’autonomie sont plus répandues au nord et à l’est, régions où, en outre, la vulnérabilité économique des populations vieillissantes est plus prégnante.

Globalement, que l’on considère les 60-74 ans ou les 75 ans et plus, les situations de faible autonomie sont particulièrement fréquentes dans les Hauts-de-France, en Haute-Corse et en région Grand Est, tandis que l’Île-de-France, mais aussi la Bretagne et les Pays-de-la-Loire, présentent une situation plus favorable. Les auteurs de l’étude constatent toutefois des situations parfois contrastées selon que l’on considère les deux tranches d’âge. Comme dans les départements de l’ouest du Massif central : alors  que la fréquence des situations de perte d’autonomie y est proche de la moyenne pour les 60-74 ans, ces départements se distinguent par une fréquence élevée des situations de faible autonomie parmi les 75 ans et plus. Par ailleurs, les personnes âgées vivent, en revanche, moins souvent seules dans le nord et l’est de la France, note l’étude.

L’accessibilité des soins de santé

Quant à l’analyse de l’accessibilité des soins de santé, « cruciale pour la prévention de la perte d’autonomie comme pour sa prise en charge », insiste l’étude, celle-ci met également en évidence de fortes disparités en fonction de la densité de peuplement. Ainsi, l’accessibilité se révèle globalement bien meilleure dans les zones denses ou de densité intermédiaire. En outre, cette hétérogénéité s’avère beaucoup plus marquée encore pour les soins d’infirmiers libéraux ou de masseurs-kinésithérapeutes que pour ceux de généralistes libéraux. Autre élément à noter, dans les communes relativement denses, l’accessibilité des soins d’infirmiers libéraux est meilleure dans les communes où le revenu médian est faible que dans celles rassemblant des populations plus aisées.

Enfin, l’accessibilité des soins présente des spécificités géographiques que n’expliquent ni la densité de peuplement, ni le revenu médian. En particulier, à densité de population et revenu communal médian donnés, l’accessibilité des soins d’infirmiers libéraux et des masseurs-kinésithérapeutes est bien meilleure sur les façades atlantique et méditerranéenne, ainsi qu’aux frontières nord du pays, ont constaté les auteurs de l’étude.


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