DMP, entre guerre des chiffres et réalité du terrain

Publié le 16 mars 2012 à 0h00 - par

HOSPIMEDIA – Le Dossier médical personnel (DMP) s’est imposé comme le sujet principal de la conférence annuelle de l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (ASIP Santé). Un témoignage de l’importance de ce projet dont la réussite est conditionnée à une mobilisation sur le long terme et une implication de l’ensemble des acteurs et dont il faut maintenant développer les usages.

HOSPIMEDIA – L’ASIP Santé a organisé jeudi 15 mars sa conférence annuelle. Principalement orientée autour du DMP, qui entrera pleinement dans sa phase de déploiement en 2012, cette conférence a aussi été l’occasion de rappeler les ambitions stratégiques à la fois des pouvoirs publics et de l’agence dans ce domaine.

Nouvelle législature

Représentant la secrétaire d’État en charge de la Santé, le directeur de cabinet de Nora Berra, François-Xavier Selleret, a rassuré les participants à la conférence sur la volonté de la politique publique de poursuivre le développement du DMP et, plus largement, de la e-santé. Ce projet construit « brique par brique » doit se prolonger mais aussi s’étendre, a-t-il indiqué. Une façon également pour lui de se positionner d’ores et déjà sur ce dossier en amont des fonctions de directeur général de l’offre de soins (DGOS) qu’il prendra le 22 mars prochain. Car l’ensemble des évolutions réalisées en 2011 sur le DMP ne doivent pas s’essouffler. Dans son discours, Michel Gagneux, président de l’ASIP Santé, a indiqué que l’actuelle législature aura vu se lancer de multiples projets en e-santé sans que les citoyens ou les professionnels de santé n’en voient les conséquences directes sur leur vie quotidienne. Les délais requis pour mettre en œuvre sur le terrain les volontés politiques sont frappants, a-t-il ajouté, et sa gestion constitue un défi à relever. Car les projets de e-santé demandent de la constance, de la persévérance mais aussi une gestion sur le long terme. L’enjeu pour la nouvelle législature sera par conséquent d’inscrire dans les faits ces projets, a insisté Michel Gagneux. Le DMP pourra alors franchir un nouveau cap grâce à une vision commune de la politique publique perceptible par les acteurs à tous les échelons.

Doucement, mais sûrement

Tout retour en arrière n’est pas envisageable, a insisté Jean-Yves Robin, directeur général de l’ASIP Santé, et de ne pas succomber à la tentation de vivre un nouveau 2007 en dépit du contexte particulier actuel. Effectivement, a-t-il reconnu, le nombre de DMP créés est loin des 500.000 à 1 million annoncés début 2011 puisqu’au 14 mars 94.042 dossiers ont été créés. Et de justifier ce chiffre par un décalage de la DMP compatibilité ou par le fait que les hôpitaux ont tendance a déployé le DMP par service. Mais pour Jean-Yves Robin ce sujet des chiffres n’est pas le sujet. Le DMP a tenu son planning, les coûts ont été maîtrisés et la France fait désormais partie du peloton de tête des pays en avance sur ce sujet, a-t-il détaillé. Par ailleurs, en réponse au député Gérard Bapt qui a dénoncé les coûts importants liés au développement du DMP, le DG de l’ASIP Santé a indiqué que 94 millions d’euros ont été consacrés de 2005 à 2009 et que depuis 2010 62 millions d’euros ont été mobilisés. La réalité du terrain quant à elle témoigne des avancées avec la mise en place, par exemple, de logiciels compatibles avec des cartes à puce sécurisées.

Perspectives

Deux domaines peuvent faire l’objet de propositions de la part de l’ASIP Santé, a estimé Michel Gagneux : celui de l’information ainsi que celui de la collecte et de l’exploitation des données à des fins de recherche pour lequel la France a pris du retard. L’agence mènera sur 2012, dans des régions tests, des campagnes d’information à destination des usagers afin de les sensibiliser au DMP et constater si cela accélère sa mise en œuvre. Des convergences sont prévues avec le dossier communiquant de cancérologie, le dossier des réseaux et le dossier pharmaceutique. Des démarches seront aussi entreprises auprès des professionnels de santé libéraux qui, s’ils en ont une bonne opinion, se sentent encore mal informés. Et l’intervention de certains représentants de la profession l’a illustré avec l’évocation, entre autres des problèmes techniques encore rencontrés ou l’impact de la mise en place du DMP sur le temps médical. La réussite du DMP, ont rappelé les différents intervenants, reste conditionnée à la mobilisation de l’ensemble des acteurs.

Pour aller plus loin :

84% des Français ont une opinion positive du DMP

L’ASIP Santé a présenté les résultats d’une étude menée au second semestre 2011 par IPSOS auprès de médecins et du grand public sur le DMP. Une étude qui confirme l’intérêt mais aussi la curiosité pour ce dossier. 90% des médecins interrogés ont ainsi déjà entendu parler du DMP et 79% admettent se sentir mal informés sur ce sujet. Pourtant, 77% se déclarent favorables à sa mise en place. Du côté du grand public, 42% des Français indiquent avoir entendu parler du DMP et 84% en ont une opinion positive, dont 12% une très bonne. En outre, ils identifient « clairement » ses bénéfices : 92% estiment que le DMP va faciliter le partage d’informations entre les médecins et 89% qu’il va améliorer le suivi du patient entre l’hôpital et les médecins.

Géraldine Tribault
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