La relance des investissements hospitaliers publics s’est confirmée en 2022, mais son intensité doit être nuancée, révèle une étude publiée en ce mois de septembre 2024 par la Fédération hospitalière de France (FHF) et la Direction des études de La Banque Postale. Cette embellie « devra être prolongée et amplifiée dans les années à venir », insistent les deux partenaires dans leur regard financier porté sur les hôpitaux publics.
En 2022, les investissements hospitaliers ont ainsi atteint 5,1 milliards d’euros. C’est leur plus haut niveau depuis 2014. Cela confirme la relance amorcée en 2021, avec une hausse d’environ 15 % pour ces deux dernières années, même si les investissements demeurent sensiblement plus faibles qu’entre 2009 et 2012, souligne l’étude. Autre bonne nouvelle : par rapport à la période pré-Covid-19, la situation d’endettement s’est améliorée, malgré la dégradation de la situation financière. Même si les emprunts nouveaux sont, chaque année, la principale source de financement des investissements, l’encours de dette des hôpitaux publics est relativement stable sur la période, compris entre un peu moins de 30 milliards d’euros en 2020 et 30,5 milliards d’euros, montant notamment observé à fin 2022, indique l’étude.
La FHF et La Banque Postale relativisent toutefois ce constat positif par plusieurs éléments. Toute l’année 2022 a été marquée par une importante inflation, qui a participé à l’augmentation du montant investi pour une opération donnée, au travers, notamment, de la hausse des coûts de construction. Ensuite, les investissements 2022 s’avèrent « largement » inférieurs à ceux observés sur la période 2009-2012, qui tournaient en moyenne annuelle autour de 6,5 milliards d’euros. Cette performance s’inscrivait au terme d’une décennie, de 2003 à 2012, d’importantes aides aux investissements hospitaliers, initiées dans le cadre des Plans Hôpital 2007 et Hôpital 2012, pour un montant d’aides d’environ 8 milliards d’euros. Ainsi, les investissements annuels moyens analysés dans l’étude (sur les huit dernières années de comptes disponibles, c’est-à-dire de 2015 à 2022) s’établissent à 4,3 milliards d’euros, soit environ 30 % de moins que sur les 6 années précédentes (2009 à 2014).
Autre bémol : malgré la relance des investissements, le taux de vétusté global du patrimoine a continué d’augmenter en 2022. « La problématique de renouvellement de l’outil de travail hospitalier public reste donc centrale au terme de l’année 2022 et, pour parvenir à la résoudre, la rupture de tendance dessinée par les années 2021 et 2022 devra être confirmée par une nécessaire amplification dans les années à venir de la relance des investissements », répètent la FHF et La Banque Poste.
En 2022, l’étude a porté sur 808 hôpitaux publics. Ces établissements publics de santé (EPS) sont segmentés en six catégories, qui s’inspirent largement des logiques retenues par la majorité des études proposant une analyse financière de ces structures. Ces six catégories croisent, schématiquement, la taille et les missions des établissements :
- les centres hospitaliers régionaux ou universitaires (CHR/U) ;
- les centres hospitaliers spécialisés (CHS), dont la spécialisation est psychiatrique sauf exception ;
- les hôpitaux de proximité ;
- les autres hôpitaux, nommés centres hospitaliers (CH), classés en trois catégories au regard de leurs produits consolidés 2022 (inférieurs à 70 millions d’euros, supérieurs à 160 millions d’euros ou compris entre ces deux montants).
En nombre d’établissements, la catégorie comprenant le plus d’hôpitaux en 2022 est celle des 270 CH dont les produits consolidés sont les plus faibles (inférieurs à 70 millions d’euros), qui représente un tiers du total des EPS.
Selon les résultats de l’étude, c’est la catégorie des CHR/U qui a le plus contribué à la relance des investissements observée en 2022. Cependant, sur la période 2015-2022, le taux d’investissement moyen est d’un niveau relativement homogène selon les catégories, compris entre 4,8 % et 5,4 %, hormis pour les CH de taille intermédiaire, pour lesquels il plafonne à 4,2 %. « Ceci illustre la plus importante difficulté de cette catégorie d’hôpitaux à réaliser des investissements du fait de leur situation financière moyenne plus dégradée », commentent la FHF et La Banque Postale.