Un rapport préconise d’améliorer la carrière des conservateurs de bibliothèques

Publié le 30 janvier 2018 à 9h40 - par

La mesure phare du rapport de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche et de l’Inspection générale des bibliothèques serait de fusionner les deux corps du personnel scientifique des bibliothèques.

Un rapport préconise d'améliorer la carrière des conservateurs de bibliothèques

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Fusion en un corps unique des conservateurs généraux et des conservateurs de bibliothèques, concours de recrutement commun à l’État et aux collectivités, octroi du grade de master, recours à la Bourse interministérielle de l’emploi public (BIEP) prioritairement pour les postes de direction… Remis en décembre 2017, un rapport* conjoint Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) – Inspection générale des bibliothèques (IGB) émet de nombreuses recommandations pour améliorer la carrière des 1 472 conservateurs de bibliothèques.

Personnel scientifique des bibliothèques d’État, les 174 conservateurs généraux et les 1 190 conservateurs exercent un métier au carrefour de l’éducation, de la formation, de la recherche et du développement culturel et social. Ils sont actuellement divisés en deux corps interministériels déséquilibrés. La fusion permettrait de les regrouper en un corps unique à trois grades. Pour cela, la mission recommande d’aligner les conservateurs des bibliothèques sur les conservateurs du patrimoine et de fusionner les deux corps dans un corps unique.

Les conservateurs travaillent également dans les cinquante-quatre bibliothèques municipales classées (BMC) – où ils sont mis à disposition par l’État sans remboursement – ou par détachement dans les bibliothèques des autres collectivités territoriales. Deux mouvements sont organisés chaque année. Les conservateurs mis à disposition sont passés de 144 fin 2007 à 92 fin 2016 (coût annuel pour le ministère de la Culture : 10,9 millions d’euros).

Ces mises à disposition concernent la mise en œuvre de la politique de sauvegarde, de signalement et de valorisation du patrimoine, la conduite de projets numériques (dans le cadre de la politique numérique de l’État et du programme national des bibliothèques numériques de référence), l’organisation des actions de coopération régionales et nationales en matière de livre et de lecture, et la participation à des projets de construction ou de rénovation d’équipements.

Ces conservateurs peuvent y exercer des fonctions de direction, comme actuellement dans 36 des 54 BMC. La convention de mise à disposition est conclue pour une durée de trois ans renouvelables. Les agents sont évalués par la collectivité, et la convention elle-même fait l’objet d’une évaluation en fonction des objectifs et des indicateurs établis lors de sa signature.

Le rapport soulève diverses questions. Malgré un recentrage en 2007 sur des fonctions accompagnant les politiques nationales, ces mises à disposition ne reflètent pas toujours l’importance relative des missions pour lesquelles elles sont prévues : ainsi, deux BMC comparables peuvent employer deux ou trois conservateurs d’État. Les postes de direction des BMC n’attirent plus les conservateurs, ce qui est préoccupant pour l’avenir. Par ailleurs, bien que renouvelables, les trois ans de mise à disposition sont trop courts pour certains projets et fragilisent la position du conservateur. La mission considère qu’une durée de cinq ans « serait plus judicieuse ». En outre, il arrive que la collectivité dénonce la mise à disposition avant le terme prévu par la convention (et parfois moins d’un an après son renouvellement). Ce qui pose la question de la prévention et de la gestion d’éventuels conflits entre le conservateur d’État et la collectivité.

Quant aux promotions, elles sont gérées par le ministère de la Culture et de la Communication, au sein d’une enveloppe qui regroupe les directeurs de BMC avec les effectifs en poste dans les directions générales du ministère, à la Bibliothèque publique d’information (BPI) et dans d’autres établissements publics hors Bibliothèque nationale de France (BNF). D’où, selon la mission, « un goulet d’étranglement » « particulièrement handicapant pour les directeurs ».

La durée des renouvellements étant sans limite, certains directeurs de BMC sont en poste depuis plus de vingt ans.

Marie Gasnier

* Source : Le parcours et la carrière des conservateurs de bibliothèques, rapport n° 2017-A04, ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation, 2017