Le basculement de la réforme des rythmes éducatifs de 2013 a ouvert une nouvelle ère de l’éducation, où État et collectivités territoriales partagent désormais la responsabilité d’un bien commun : l’émancipation de chaque enfant. Les territoires acquièrent un rôle indispensable, opérationnel et stratégique, transformant profondément le paysage éducatif, et révélant ainsi une capacité d’innovation dans l’animation des alliances éducatives.
Besoin de reconnaissance
La responsabilité éducative est désormais partagée… mais dans quelles conditions ? Derrière cette ambition, il y a une réalité de terrain : les collectivités assument des missions éducatives renforcées, sans les moyens pérennes correspondants, avec des financements possiblement encore réduits pour la prochaine rentrée scolaire.
Et pourtant, les collectivités territoriales répondent présentes, mobilisant intelligence collective, ingénierie publique et énergies humaines, parfois au-delà de leurs capacités réelles. Elles font preuve d’agilité, d’ambition, alors même que les services publics de proximité souffrent.
Cette force discrète et décisive mérite reconnaissance. Il est alors plus que jamais nécessaire de considérer l’action locale comme un pilier, une pierre angulaire du parcours éducatif de l’enfant, un levier central de l’égalité des chances et de la justice sociale.
PEDT, des réponses partagées et adaptées
La Convention citoyenne sur les temps de l’enfant, portée par le CESE, sera lancée en juin 2025 selon les annonces de l’Élysée : l’occasion de contribuer au recensement des avancées liées à la réforme des rythmes éducatifs de 2013, d’en valoriser les réussites et les perspectives d’amélioration. L’ANDEV souhaite que cette convention réunisse un maximum d’acteurs et actrices éducatives, dont les collectivités, principal employeur du secteur de l’animation, pour capitaliser sur les actions engagées et partager les enjeux pour l’avenir.
En effet, les adhérent.es de notre association animent le maillage territorial éducatif et représentent la diversité des organisations de la continuité éducative. En ce sens, l’ANDEV constitue un partenaire indispensable pour les travaux de cette convention, en valorisant les démarches de collaboration locale, à travers les PEDT (projets éducatifs territoriaux) notamment.
L’ANDEV promeut le PEDT comme outil de cohésion sociale, d’égalité, de citoyenneté, d’amélioration de la coordination stratégique des politiques éducatives au service d’un parcours de réussite pour toutes et tous. La force de nos territoires puise au sein des acteurs éducatifs une source inépuisable de dialogue et de réflexion pour co-construire des réponses partagées et adaptées.
Une logique de coéducation territoriale
Le projet éducatif territorial instaure un cadre pour expérimenter et soutenir des innovations sociales et éducatives de qualité. Il donne une colonne vertébrale aux ambitions éducatives locales, en articulant vision politique, action de terrain et participation citoyenne. Les collectivités territoriales favorisent ainsi une offre éducative qui contribue à réduire les inégalités d’accès aux loisirs, aux sports, à la culture, droit fondamental pour l’épanouissement, la santé, l’insertion sociale de chaque enfant.
Le PEDT s’appuie également sur un tissu associatif riche d’initiatives au service d’un lien social fort. Les associations locales deviennent des alliées essentielles dans la fabrique du commun. Ce lien est fondamental dans la dynamique de solidarité territoriale et contribue à la cohésion sociale, reliant École, familles, associations et institutions.
L’éducation devient alors pleinement partagée, dans une logique de coéducation territoriale où chacun a sa place, sa légitimité, sa responsabilité.
La proximité, clé de la réussite
Seuls les acteurs locaux disposent d’une connaissance fine des territoires et des publics accompagnés et animent ces synergies autour d’une ambition éducative commune. Le PEDT développe des démarches structurantes, quel que soit le territoire concerné et ses spécificités : milieu urbain ou rural, cité éducative ou territoire éducatif rural. Cette alliance structurante permet de répondre durablement aux besoins des enfants et des familles, en particulier dans les territoires les plus fragiles.
Complémentarités, transitions et ruptures font la complexité d’un territoire. Le PEDT créé des liens et ouvre des espaces de gouvernance partagée de proximité, anime la collaboration et la continuité éducative en réunissant des cultures professionnelles différentes, en fédérant autour d’un enjeu : la réussite éducative des enfants et des jeunes. Chaque acteur est reconnu dans ses compétences, chaque enfant soutenu dans son parcours.
Un service public de l’éducation plus juste
Il est essentiel, dans un contexte socio-éducatif bousculé, marqué par des inégalités croissantes, de garantir et soigner la qualité des collaborations entre acteurs : faire vivre un projet éducatif de territoire, c’est créer les conditions d’une éducation réellement inclusive, solidaire, engagée auprès des enfants, des jeunes et de leurs familles.
L’ANDEV appelle de ses vœux la pleine reconnaissance des collectivités comme partenaires éducatifs, co-responsables de la réussite des enfants et des jeunes en disposant des moyens nécessaires pour répondre à l’ambition éducative partagée.
Reconnaître leur rôle, c’est reconnaître que l’éducation se joue dans l’ensemble des temps et des espaces de vie de l’enfant. C’est faire le choix d’un service public de l’éducation plus juste, plus proche, plus inclusif.
Florine Le Guellec, Secrétaire nationale de l’ANDEV (Association nationale des directeurs·trices et des cadres de l’éducation des villes et des collectivités territoriales) et Directrice de l’animation éducative et de la jeunesse de Saint-Sébastien-sur-Loire