Concevoir la ville pour les piétons

Publié le 14 février 2023 à 11h20 - par

Avec la crise sanitaire, la marche a repris une grande place dans les modes de déplacement. L’Ademe propose aux collectivités un guide pour les aider à lancer une politique d’aménagement favorable aux piétons.

Concevoir la ville pour les piétons
© Par scusi - stock.adobe.com

« Jusqu’à présent, la place de la marche était très peu appréhendée dans la manière de penser et de concevoir l’espace public », constate l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) dans un guide destiné aux élus et aux techniciens des collectivités : À pied d’œuvre. Mais le Covid a changé les choses. Après la crise, le débat a souligné le manque de place pour les piétons, au détriment d’autres priorités comme le vélo et la place de la nature en ville. Or, la marche présente de nombreuses vertus. Mode de déplacement le plus souple, le plus économique, le plus sain, elle est durable, sobre, silencieuse, non polluante et respectueuse de l’environnement. Selon l’Ademe, « la garantie du confort des piétons, de leur sécurité, de la continuité et de l’accessibilité de leurs cheminements devrait constituer un droit inaliénable et universel ».

Afin de prendre en compte les piétons et la marche, l’aménagement de l’espace public ne doit plus être strictement orienté par l’infrastructure de la voirie et sa fonction principale d’écoulement des flux. Il convient de concevoir des espaces publics « vivants, centrés sur le partage de l’espace, l’accessibilité, les relations sociales, la convivialité, l’écologie, la diversité et la complémentarité des usages ». Il ne faut pas oublier que la marche est utilisée en complément de tous les trajets, qu’ils soient effectués en transports collectifs ou en voiture. De plus, la politique d’aménagement doit intégrer la diversité des piétons : enfants, personnes âgées…

Le guide propose de nombreuses fiches pratiques qui expliquent comment conduire le projet, mettre sur pied le plan d’action et intégrer les principes opérationnels qui sous-tendent la conception d’espaces publics dédiés aux piétons : garantir la fluidité du cheminement, mailler les circuits, désencombrer les trottoirs, proposer des repères, sécuriser les intersections, laisser des espaces vides… Le guide présente également de nombreux retours d’expériences menées en France et à l’étranger. Ainsi, le second plan piéton de Strasbourg – première ville cyclable – s’applique jusqu’en 2030. Parmi les initiatives du plan figure la création d’un « réseau piétonnier magistral ». L’idée consiste à relier directement les centres de quartier distants de moins de deux kilomètres. Interdite aux voitures et aux vélos, la « magistrale » comporte des pistes séparées offrant un itinéraire alternatif aux cyclistes. Certaines rues sont interdites aux vélos, qui disposent de pistes cyclables parallèles aux axes piétons et d’une rocade cyclable contournant le centre-ville. Plus qu’une interdiction formelle d’accès, il s’agit de susciter chez les cyclistes le réflexe de contourner le centre-ville s’ils ne prévoient pas de s’y arrêter.

À Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais, 6 900 habitants), une ceinture verte, réseau piétonnier et cyclable de quinze kilomètres autour de la ville, vise à « recoudre » et revaloriser le territoire dans une commune morcelée aux pôles multiples. Sans voitures, reliée aux chemins, la ceinture verte dessert plusieurs bâtiments publics : mairie, écoles, collège, salle de sport… Plantée d’espèces locales, conçue avec des espaces naturels différenciés et des corridors biologiques qui favorisent la biodiversité, elle est utilisée aujourd’hui aussi bien pour les déplacements quotidiens que pour les loisirs.

Marie Gasnier


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